Coup d’œil sur le plan de relance : forêt et pêche
Où en est la concrétisation de la stratégie de Pauline Marois pour la Gaspésie et les Îles? GRAFFICI a examiné les divers projets énumérés dans le document. L’industrie forestière a l’impression que le travail n’est simplement pas commencé, tandis qu’il reste du pain sur la planche pour les pêches et surtout, la mariculture. Deuxième de quatre textes.
Le principal obstacle à la reprise existe toujours, soit l’absence de débouché dans la région pour les résidus forestiers depuis la fermeture de la Smurfit-Stone et de la Gaspésia. « On vend notre bran de scie beaucoup moins cher que ce qu’on a déjà eu », indique Robert Belzile, du groupe GDS.
Aucun centre de valorisation des bois à des fins énergétiques n’a été implanté en Gaspésie, comme le prévoyait le plan. Le projet en lice ces dernières années, Atlantic Fiber Resources à Chandler, est mort et enterré.
La stratégie souhaite encourager l’utilisation de la biomasse pour remplacer les combustibles fossiles. Le dernier budget du Parti québécois (présenté en mars, mais non voté) prévoit un fonds d’investissement pour développer le chauffage à la biomasse forestière. Si ce fonds voit le jour, il pourrait permettre à des projets de voir le jour, croit M. Roy.
Toutefois, le chauffage à la biomasse n’est pas une panacée, ajoute l’industriel. Les usines gaspésiennes produisent 200 000 tonnes de résidus par an; les divers projets de chauffe en utiliseraient seulement 5000.
Quant à l’engagement sur l’appui à la recherche pour la transformation d’essences comme le sapin, il agace M. Roy. « Pour la valorisation, on l’a, la solution, pas besoin de faire de la recherche! », lance le directeur, qui caresse depuis dix ans un projet de fabrication de panneaux trois plis contenant du sapin.
Aménagement forestier
En matière d’aménagement forestier, Québec a maintenu à 6 M$, tel que promis, le Programme de création d’emplois en forêt. Ce sont les fonds dévolus à la stratégie d’aménagement propre à chaque région qui ont été diminués de 25 %. « Ce n’était pas une surprise. C’est à cause du changement de régime forestier », explique René Babin, directeur de la Coopérative forestière de la Gaspésie.
Les 25 % restants sont dorénavant soumis à des appels d’offres. Cette pratique n’a toutefois pas permis aux coopératives de la région de combler la différence, indique M. Babin.
Pêche et mariculture
L’engagement le plus précis de la stratégie en matière de pêche a été rempli. Il s’agissait d’investir 5 M$ pour permettre à Cap sur Mer, aux Îles-de-la-Madeleine, de fonctionner en 2013. Les activités sont garanties encore cette année, grâce au rachat des usines de Gros Cap et Grande-Entrée par la néo-brunswickoise L.A. Trading.
En mariculture, le fonds d’investissement de l’industrie n’a pas encore été regarni, même si la stratégie s’y engage. Ce fonds est vital pour les mariculteurs, indique Michel Fournier, des Moules de culture des Îles. « Toutes les institutions financières sont très frileuses par rapport à la mariculture et on n’a pas d’autre organisme dédié au financement ». Toutefois, en matière de recherche, « la marchandise a été livrée » par Merinov, ajoute M. Fournier.
Quant à la modernisation de la flotte de navires de pêche, « c’est un dossier qui est moins avancé », admet le ministre responsable de la région, Gaétan Lelièvre. La moitié de la flotte québécoise des navires de 15 tonneaux et plus est âgée de plus de 30 ans.