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10 mars 2015 19 h 48

CR!ONS… LA FORCE DE L’UNISSON

Karyne Boudreau

Rédactrice en chef

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NEW RICHMOND – À mon arrivée dans le Cabaret de la salle de spectacles, l’atmosphère est feutrée et la concentration se lit sur tous les fronts. À quelques heures de la première représentation pour laquelle presque tous les billets sont vendus, la frénésie est palpable. Une fois la répétition terminée, les membres solidaires du collectif CR!ONS m’accordent quelques minutes pour me parler de leur contribution respective au projet.

Le père de cette affaire, Philippe Garon est né à Sainte-Anne-des-Monts et habite à Bonaventure. Au départ, l’aventure a pris naissance dans la tête de ce « poète qui a voulu s’assumer », dit-il. De son propre aveu, lui qui courait les évènements de poésie depuis longtemps s’est fait gentiment traiter « d’imposteur » parce qu’il n’avait pas de recueil à lui. « Fallait rectifier le tir! » II a donc fait une résidence d’artiste à Moncton il y a deux ans pour jeter sur papier ses convictions et sa vision de notre monde en langage poétique.

De là est né un livre des éditions Perce-Neige qui sera dans les librairies à la mi-avril. Entre-temps, le poète a eu l’intuition que certains textes présentaient un potentiel pour faire de « bonnes chansons ».

Au menu de CR!ONS, illustration des menaces planant sur le français d’ici, sur la nature et sur notre vie intérieure entre autres. Il est aussi question de surconsommation, du désamour, de fourberies politiques, mais aussi de la force du « NOUS ». Philippe Garon parle de sujets universels de façon sentie, intense et très critique, quoiqu’il utilise avec aisance l’humour pour faire passer la médecine. « Le but était de transformer l’indignation collective en force constructive », résume l’auteur en parlant de son œuvre.

De la littérature à la chanson…
« Philipe est un ami, dit le compositeur Guillaume Arsenault de Bonaventure. Il m’est arrivé avec ses textes et des mélodies, en fredonnant [l’auteur ne joue d’aucun instrument]. La musique ajoute un décor, une intention au texte. C’est ce que j’ai le plus aimé de l’expérience. En mettant du relief par la musique et dans l’interprétation aussi… ça donne encore plus de force au message », explique le comparse et complice de l’auteur qui interprète plusieurs chansons dans CR!ONS dont Quand  rallumeras-tu nos draps?, un texte à la fois drôle et intense qui rapporte les états d’âme d’un nouveau papa plus ou moins à l’aise dans son rôle et surtout, dans sa vie de couple qui bat de l’aile : « Je les trouve bien belles tes bobettes, mais je ne sais plus te les enlever. J’évite de te rêver avec, quand c’est mon tour de les plier. »

Un couple d’auteurs-compositeurs interprètes des Laurentides a spontanément joint le collectif « parce que quand des chums se tiennent debout, faut suivre! », lance Myëlle et « parce c’est un projet qui me ressemble, qui est rassembleur », opine Francis Faubert.

Myëlle, originaire de Jonquière et résidente de Montebello, s’approprie les textes à saveur disons… plus féminine. Dans La coureuse de grève par exemple, une femme met un terme à une relation fortuite mais non moins intense: « moi je suis comme le plantain, je suis magique. Toute modeste et fragile, mais quand même électrique. Moi je suis comme le plantain, je peux soigner, mais je ne suis pas pour toi… »

Francis Faubert, lui, interprète entre autres Rince cochon, portrait peu flatteur d’un de ces êtres infâmes qui provoquent l’indignation: « cette nuit je me suis vu tel que je suis : menteur, voleur, prédateur, valet laid […] puissant accableur d’enfants magiciens. Petit mégalo que l’histoire détestera… »

Le guitariste Richard Dunn complète l’ensemble. Originaire de Gaspé, il réside à Bonaventure et travaille au studio Tracadièche (à Carleton-sur-Mer) ou a été enregistré l’album. « Je suis fier d’être là parce que ça donne un spectacle qui fait du bien! Malgré que c’est intense, ça fait réfléchir de la bonne manière, je pense », dit le guitariste du groupe de « doux joyeux de la révolte » de « papillons de cent mille volts » qui proposent, dans la chanson Nous sommes : « Attrapons la lumière et inventons les carrés ronds. Ouvrons un atelier, réparons la réalité. »

Le metteur en scène du spectacle, Michel Faubert, se dit également heureux de participer à cette œuvre collective. « C’est important CR!ONS, parce que je trouve que les Québécois, on n’est pas assez « crieux ». On est des « ravaleux ». On est de mauvais gestionnaires de notre colère et je crois qu’il faudrait davantage s’indigner. À un moment donné, faut que ça sorte! », dit le metteur en scène reconnu dans tout le Québec comme conteur, chanteur et ethnographe.

Ce soir-là, j’étais au Cabaret de la salle de spectacles de New Richmond. Et j’ai senti que la magie de CR!ONS a opérée. En tout cas, moi, j’ai quitté l’endroit en chantant et enchantée. Que de belles rencontres !

Ce soir là, j’y étais au Cabaret de la salle de spectacles de New Richmond. Et j’ai senti que la magie de CR!ONS a opérée. En tout cas, moi, j’ai quitté l’endroit enchantée… et en chantant « prend bien soin de ton logis mon ami, si tu veux vivre vieux ».

Que de belles rencontres!

Ce qui les fait crier…

La chanson thème,  CR!ONS, parle de cris de « naissance », « de jouissance », « de douleurs », « de libération », « de peur »,  « de révolution »… GRAFFICI a voulu savoir ce qui fait crier les membres du collectif. 

Michel Faubert –  « L’injustice me fait crier, la bêtise globale, l’ignorance et la fierté de l’être (ignorant), parce que ça existe, imaginez-vous donc! »

Guillaume Arsenault – « Un cri, c’est un débordement d’émotion qui peut être positif. Ce qui me crier, moi, c’est la force, la conviction. Ce qui me drive, c’est la puissance du NOUS qui est plus fort que chacun de nous dans notre unité.»

Philippe Garon – « Ce qui nous rejoint dans notre indignation… et la fermeture, c’est ça qui me fait crier. »  

Richard Dunn  – La mauvaise foi, la paresse intellectuelle. Le monde qui ne fait pas d’efforts alors qu’il pourrait en faire et que tout serait plus facile.»

Francis Faubert – « Tout ce qui se passe actuellement dans le contexte politique, l’ignorance, l’indifférence, l’impunité aussi. »

Myëlle – L’insignifiance ! Les gros caves qui sont fiers de dire qu’ils sont caves, pis qui n’ont rien à dire et qui parlent trop fort. Ça me dérange beaucoup pis quand ça me dérange, ben je crie. »

L’album est disponible notamment sur iTune, et une tournée de spectacles est en préparation pour mai et juin. Surveillez GRAFFICI.CA pour être avisé du moment que CR!ONS passera près de chez vous.

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