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22 février 2017 9 h 39

DÉPOSER SON ARGENT DANS DU CONCRET

GASPÉ, 22 février 2017 – Les Gaspésiens de 30 à 50 ans sont préoccupés par l’épargne en vue de leur retraite. Mais plusieurs sont méfiants face aux moyens qu’on leur propose, comme les REER. Au point où certains préfèrent miser sur leur maison, des terres, ou placer eux-mêmes leur argent.

La saison des REER se pointe, avec son lot de calculs et de casse-tête pour décider combien et où cotiser. Michel Marin, 49 ans, de Sainte-Anne-des-Monts, a préféré investir dans des propriétés forestières.

« J’ai pris un peu de REER il y a quelques années, mais le rendement n’était pas à mon goût. J’appelle ça de l’argent de Polichinelle. Je ne dis pas que ce n’est rien de bon, mais il y a des fonds qui ne tiennent pas à grand-chose. Je crois plus aux biens tangibles », dit M. Marin, directeur du Groupement forestier coopératif Shick Shock.

« Je crois beaucoup aux terres, poursuit-il. Pas juste pour l’investissement financier : c’est dans mes valeurs. Ça regroupe plusieurs ressources : le fond de terre, l’eau, la faune. Un ensemble de valeurs ajoutées qui devrait prendre de la valeur avec la pression démographique mondiale. »

Fleurdelise Dumais, designer graphique indépendante à New Richmond, professe la même méfiance face aux moyens de planification qu’on lui offre. « Je ne suis pas sûre qu’il va en rester tant que ça, au moment de récolter », dit la femme de 38 ans, mère de trois enfants. « J’ai une maison. C’en est une, épargne. Ça, au moins, c’est de l’argent qui risque de me servir. »

L’entrepreneur Sébastien LeBlanc faisait figure d’extraterrestre dans son groupe d’âge quand il a commencé à cotiser à un REER à 17 ans. Depuis, le directeur créatif du Web simple, 35 ans, a englouti son placement dans un retour aux études. Et au moment de se remettre à épargner, il a changé de méthode.

« Je posais des questions à mon conseiller financier, mais il n’y avait pas moyen de savoir dans quoi je mettais mon argent. Comme je veux avoir un certain contrôle, j’ai décidé de jouer en Bourse », rapporte M. LeBlanc. Un « jeu » sérieux, toutefois. « J’investis dans des compagnies qui vont durer longtemps », dit celui qui consacre 25 à 30 heures par an à suivre ses placements.

Séquelles de 2008

Dans la méfiance face à l’épargne-retraite, Louis Sexton de Groupe Investors voit des séquelles de la crise financière de 2008. « C’est sûr que ça fait peur quand tu vois baisser ton placement de 20 %. Mais ce qu’on oublie de dire, c’est qu’il avait retrouvé sa valeur dès 2010. »

Il y a encore moyen de faire fructifier son argent, juge M. Sexton. Il faut abandonner les placements garantis à 2 %, dit-il, et accepter de prendre des risques. « Les gens en prennent, des risques, dans la vie! » Depuis 2009, les clients de son groupe ont obtenu des rendements moyens variant de 4,5 % à 7,5 %, dit-il.

« Diversifier son épargne à travers des terres, de l’immobilier, c’est une bonne idée », convient Richard Chrétien, de Raymond Chabot Grant Thornton à Gaspé. « L’important, c’est de ne pas tout mettre dans le même panier. »

Un terrain ou un immeuble est plus difficile à transformer en argent liquide, avertit M. Chrétien. « Il peut arriver que le marché ne soit pas favorable au moment où tu tombes à la retraite. Et le REER demeure un véhicule intéressant pour économiser de l’impôt », ajoute-t-il.

Les parents gaspésiens ne devraient pas négliger les régimes d’épargne-étude (REEE), eux dont les enfants devront s’exiler pour fréquenter l’université, conseille M. Chrétien. « Des études universitaires peuvent coûter facilement 10 000 $ à 15 000 $ par an. Sans épargne-études, les parents peuvent se retrouver incapables d’épargner entre 45 et 55 ans. Ça fait mal. Ceux qui ont prévu un REEE ont moins de mal à traverser ces années-là. »

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