Des mots, des notes et des images; Ciné Bobine,
NEW RICHMOND | Les lettres patentes du « Ciné-club la Bobine », le plus vieux ciné-club de la Baie-des-Chaleurs et l’un des plus vieux au Québec, tiennent sur deux pages et demie aérées, soumises le 16 septembre 1974 au ministère des Institutions financières, compagnies et coopératives.
Les requérantes Nicole Cyr, Josée Giasson, Rita Doré, Nicole Motreff et Louis Gauthier avaient le sens de la formule et de la concision. L’un des trois paragraphes de la section « objets », justifiant leur demande de formation de la compagnie, se lit ainsi :
« Établir et opérer un ciné-club pour la récréation et la détente du corps et de l’esprit de ses membres et leurs invités ».
Cinquante ans plus tard, ce qui s’appelle maintenant Ciné Bobine a bien changé, évoque sa présidente Valérie Dandurand qui, de son propre aveu, est loin d’avoir vécu les premières décennies de l’organisme, puisqu’elle s’est établie en Gaspésie il y a 5 ans. Elle apprend beaucoup au contact des bénévoles, dit-elle.
« À travers les 50 ans, il y en a eu beaucoup de bénévolat, sinon, on ne serait pas là. Au début, la projection avait lieu dans un sous-sol du magasin A.A. Loubert, avec des chaises pliantes. Les films arrivaient vraiment sur des bobines. C’est un partenariat qu’on a encore avec la salle de spectacles, depuis son ouverture en 1991. C’est la salle de spectacles qui a acheté le projecteur DCP, un très bon équipement, parce que les bobines, ça ne marchait plus », raconte Mme Dandurand.
Les cinémas commerciaux, nombreux il y a 60 ans, ont graduellement fermé leurs portes, avec la démocratisation de la télé, et certains goûts changeants.
« Des cinéphiles voulaient qu’on leur présente des films d’auteurs, en 1974. Le cinéma commercial battait de l’aile. Plusieurs des fondateurs de Ciné Bobine sont encore vivants », ajoute Valérie Dandurand.
Valérie Dandurand, présidente, Simone Cousin, trésorière, Denise Porlier, administratrice, Johanne Lebrun, administratrice et Julie Arsenault, vice-présidente, composent le conseil de Ciné Bobine. Photo : Offerte par Ciné Bobine
Comment ça marche un ciné-club? Comment un film en arrive à être présenté dans la région?
« Nous sommes membres de l’ACPQ, l’Association des cinémas parallèles du Québec et de Réseau Plus, un organisme qui négocie pour les ciné-clubs les droits de diffusion avec les distributeurs. Réseau Plus envoie une liste aux membres, avec les films disponibles, les dates, les synopsis, combien ça va coûter. C’est une liste de 20 pages, et notre principal outil de travail. Avant de présenter nos films, un comité de programmation décide. Il faut s’assurer que le film soit livré à la salle, s’occuper de la publicité, des médias sociaux, des affiches », résume Valérie Dandurand.
« Le travail administratif est payé par la Ville de New Richmond. On reçoit une subvention de la SODEC [Société de développement des entreprises culturelles] pour la programmation, le transport, les droits des films, une part des frais de billetterie, et pour percevoir un pourcentage de nos billets vendus quand nous passons un certain seuil d’entrées. Quand vous vous assoyiez dans la salle, plusieurs personnes ont travaillé pour que ça se passe », dit-elle.
Ciné Bobine bénéficie de la location de la salle de spectacles de la Baie-des-Chaleurs « à un prix d’ami », et fonctionne avec un budget annuel d’un peu plus de 30 000 $. L’organisme paie le technicien de scène. La subvention annuelle de la Ville de New Richmond s’élève à 6000 $. Celle de la SODEC pourrait théoriquement atteindre 20 000 $ si Ciné Bobine était de taille supérieure.
« On a subi une grosse baisse de fréquentation pendant la pandémie. Les gens peuvent regarder le cinéma dans leur maison, mais c’est en train de remonter. On attirait 60 personnes par film en 2022 et on en a eu 115 en 2023, pour un total de 2545 personnes. On présente de 20 à 25 films par année. Les bénévoles aussi reviennent. L’événement Prise [un événement automnal organisé de 1993 à 2006] n’est pas revenu, mais on présente une fin de semaine de films les 15, 16 et 17 novembre », note Mme Dandurand.
Ciné Bobine offre une plus grande proportion de films « grand public » qu’il y a 50 ans.
« On essaie de présenter toutes sortes de choses. Il y a un engouement pour les films québécois. On présente toujours des films de répertoire plus nichés, des documentaires qui ont une valeur ajoutée sur grand écran. On a une vision pour répondre aux besoins des gens, les accompagner sur grand écran. On tient parfois une discussion après les films », conclut-elle.
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