• jeudi 18 avril 2024 18 h 32

  • Météo

    2°C

  • Marées

Actualités

Société
11 février 2021 10 h 04

Dossier transport : La distance ne compte plus vraiment

Partager

Plusieurs mythes persistent sur les véhicules électriques : autonomie, durée de vie, pollution causée par les batteries, interminable liste d’attente chez le concessionnaire, etc. Mais de plus en plus de Gaspésiens choisissent de devenir électromobiliste pour plusieurs raisons. GRAFFICI explore ce mode de transport qui gagne en popularité.

GASPÉ | L’autonomie des véhicules électriques a cru de façon exponentielle en moins de 10 ans. Le virage amorcé par Québec en 2012 avec l’électrification des transports mènera à des changements profonds dès 2035.


Daniel Breton a été « le père » de l’électrification des transports au Québec sous le gouvernement Marois, entre 2012 et 2014. Photo : offerte par Daniel Breton

Daniel Breton est président-directeur général de Mobilité électrique Canada. À travers ses fonctions de chroniqueur automobile et cofondateur du Parti vert du Québec en 2001, il devient ministre dans le gouvernement péquiste de Pauline Marois en 2012, mais quitte rapidement le cabinet. Il fut adjoint parlementaire de la première ministre au volet électrification des transports.

« Lorsque j’étais responsable de la Stratégie gouvernementale d’électrification des Transports, en 2012, 2013 et 2014, on était arrivés avec un plan qui était bien plus avancé que ce qui se faisait dans les autres provinces. »

Les libéraux et la Coalition avenir Québec (CAQ) ont poursuivi. D’ailleurs, le gouvernement caquiste a indiqué, l’automne dernier, que la vente de véhicules à essence sera interdite dans la province dès 2035. « Dès lors, 100 % des véhicules légers neufs vendus au Québec seraient soit 100 % électriques ou hybrides rechargeables. On est actuellement à 7-8-9 % des ventes. Ils visent 1,5 million [de véhicules] zéro émission sur les routes du Québec en 2030 », souligne M. Breton, qui possède depuis 20 ans une Honda Insight qu’il utilise encore de temps à autre. La voiture a parcouru 275 000 kilomètres avec sa batterie originale. Elle n’a perdu que de 10 à 15 % de sa capacité.

Des mythes tenaces

Autonomie des batteries, prix trop élevé, l’hiver : ces questions qui étaient d’actualité il y a 20 ans sont encore posées aujourd’hui. « Et il y a des nouveaux mythes qui apparaissent, comme les véhicules électriques qui sont plus polluants que les véhicules à essence. C’est complètement faux. Les fakes news, ce n’est pas ça qui manque! » Il s’en désole : « Je suis toujours un peu déçu qu’après toutes ces années à donner de l’information crédible et appuyée par des faits scientifiques, il y a des gens qui persistent à répéter de telles faussetés. »

Aujourd’hui, la garantie minimum de la batterie est de 160 000 km ou 8 à 10 ans. « Il y a fort peu de véhicules à essence qui ont des garanties aussi généreuses », note-t-il. L’autonomie moyenne était, il y a 9 ans, de 110 kilomètres; en 2016, elle était de 150 kilomètres. En 2021, on parle de 400 kilomètres. « Et on prévoit que d’ici 2024, ça va jouer entre 600 et 1000 kilomètres. L’autonomie a augmenté exponentiellement depuis 2012. » Et le temps de recharge diminue : une recharge de 300 à 400 kilomètres peut prendre moins d’une demi-heure. « Et là aussi, ça va aller en s’accélérant. »

Une Gaspésie bien servie

Daniel Breton constate que la région est bien pourvue en bornes. « La Gaspésie ne réalise pas à quel point elle est gâtée », lance-t-il. D’ailleurs, selon le site PlugShare.com, la région compte quelque 125 bornes de toutes sortes : autant celles du Circuit électrique, que Flo [un réseau pancanadien] ou autres. « C’est beaucoup plus facile de se promener que ce l’était il y a trois, quatre ans. En 2020, quand je me suis promené en Gaspésie, j’ai découvert des sites de villégiature, des hôtels ou des restaurants où non seulement la recharge était offerte, mais elle était gratuite. J’ai fait 3000 kilomètres et ça ne m’a coûté que 17 $ ! »

La pollution, essence versus électrique

Les choses évoluent rapidement, sur tous les aspects de la production de véhicules. « Par exemple, entre 2013 et 2019, les émissions de gaz à effet de serre servant à la fabrication des batteries ont diminué de 60 % par kilowattheure (kWh). Si tu as une Nissan Leaf 2013 avec une batterie de 24 kWh, elle est plus polluante qu’une 2020, qui a une batterie deux fois plus grosse. Les modes de production se raffinent. Et on prévoit une autre diminution de 60 % d’ici 2026 et on va recycler 95 % des composantes des batteries de véhicules électriques », explique le spécialiste.

Questionné par GRAFFICI quant aux terres rares [métaux utilisés dans les produits de haute technologie], Daniel Breton a aimé : « Il y a zéro terre rare dans les batteries des véhicules électriques! Il y a, par contre, des terres rares dans tous les systèmes antipollution des véhicules à essence. »

La distance n’a plus d’importance

Avec une autonomie croissante, l’enjeu de la distance perd de son importance. Comme 9 Canadiens sur 10 parcourent moins de 60 kilomètres par jour, c’est un faux débat, selon Daniel Breton. « Le vrai calcul, c’est ça. Si tu parcours mettons 200 kilomètres par jour – ce qui est énorme – tu peux t’acheter un véhicule électrique sans aucun problème. À la limite, si les gens ont des réticences, il y a toujours les véhicules hybrides rechargeables avec lesquels tu auras 50 kilomètres à 100 % propulsion électrique et par la suite, le moteur à essence va embarquer. »


Selon le site PlugShare.com, il y a 125 bornes électriques installées tout autour de la Gaspésie, de Sainte-Flavie à Sainte-Flavie. Tesla prévoit installer des Superchargeurs cette année dans la région : Gaspé aurait la première borne au 2e trimestre, alors que Sainte-Anne-des-Monts, Paspébiac et Campbellton, au Nouveau-Brunswick, recevraient des bornes au cours de l’été. Sur la page Web de Tesla, on précise que le plan pourrait changer. Photo : PlugShare.com

 

Des véhicules plus disponibles

NEW RICHMOND | Dans un passé pas si lointain, il fallait s’inscrire sur une liste d’attente et faire preuve de patience pour devenir électromobiliste. Les délais pouvaient aller de 6 à 18 mois! Mais ce n’est plus le cas.

Chez Gaspésie Hyundai de Bonaventure, il y avait sept Kona électriques en inventaire au moment d’écrire ces lignes. « Il y a de la demande régulière », confirme la directrice adjointe de la concession, Isabelle Bélanger. Auparavant, la liste d’attente était de 12 mois. « Les gens sont quand même heureux de ce virage-là », dit-elle.

Le phénomène est constaté aussi chez Volkswagen et Kia New Richmond. Les ventes de la Golf électrique ont représenté 4,6 % du total des ventes l’an dernier. Mais ce fut plus difficile du côté de Kia, où l’attente a été de 6 à 18 mois en raison du contexte sanitaire actuel. « Je dois avoir près de 10 % des gens qui me parlent de véhicules électriques », explique le directeur général, Benoit Bujold.

La Volkswagen ID.4, un utilitaire électrique qui sera disponible l’hiver prochain, suscite beaucoup l’intérêt. « J’en ai déjà quelques unes prévendues et plusieurs personnes à rappeler. Il y a un gros engouement pour ça. »

Cliquez ici pour lire la suite du dossier : Devenir électromobiliste… et ne plus revenir en arrière