Forage à Ristigouche-Sud-Est : méfiance chez les citoyens
Le projet d’un puits de forage exploratoire de l’entreprise de Montréal, Gastem, visant à localiser du pétrole à Ristigouche-Sud-Est provoque l’inquiétude chez plusieurs Gaspésiens.
À la demande de la municipalité, la compagnie a tenu hier soir une réunion publique pour expliquer son projet et répondre aux préoccupations de la soixantaine de personnes qui s’étaient déplacées, dont une quinzaine de Ristigouche-Sud-Est. Tous les candidats à l’élection partielle dans Bonaventure y étaient, à l’exception du libéral Damien Arsenault.
Le projet
Gastem investit quatre millions $ pour creuser un puits d’une profondeur totale de 2 800 mètres sur un territoire privé situé à l’extrémité du chemin Kempt. L’entreprise fait l’hypothèse qu’il y a une présence significative de pétrole dans la roche poreuse qui compose le sous-sol. Elle tente d’obtenir du gouvernement les permis nécessaires.
Le président-directeur général de Gastem, Raymond Savoie a précisé qu’il s’agit d’un projet exploratoire, mais n’a pas exclu l’idée qu’il soit éventuellement exploitable. «Pour le moment, on ne mise pas sur son exploitation. Le but est de comprendre la géologie. C’est un puits conventionnel, il n’y aura pas de fracturation hydraulique», a-t-il expliqué, en laissant entendre que ce projet permettra de mieux cibler l’endroit des puits suivants.
Scepticisme
Plusieurs des citoyens présents hier avaient des inquiétudes par rapport aux intentions à long terme de l’entreprise. L’environnementaliste, Michel Goudreau a demandé à M. Savoie quels étaient ses plans considérant qu’il détient tous les permis gaziers et pétroliers de Nouvelle à L’Ascension-de-Patapédia. Le PDG a répondu qu’il n’y avait pas d’autres projets «à ce moment-ci » en rappelant que les permis qu’il détient sont des droits d’exploration et non d’exploitation. Il mentionne par ailleurs que la fracturation hydraulique est envisageable pour des projets futurs.
Préoccupations environnementales
Plusieurs citoyens ont exprimé leurs craintes de voir la nappe phréatique et les cours d’eau environnants se contaminer. Le biologiste de la firme Biofilia engagé par Gastem, Jean-Sébastien Bernier, s’est voulu rassurant. «Les cours d’eau, les milieux humides et la forêt ont tous été considérés pour choisir l’endroit le plus sécuritaire possible», a-t-il mentionné.
Afin de protéger la nappe phréatique, la compagnie prévoit doter son tuyau de forage d’une double protection de coffrage sur ses parois. «Les risques environnementaux sont peu significatifs», pense le biologiste.
Ces arguments n’ont pas convaincu Steve Bujold, visiblement agacé par ce qu’il entendait. «Dans votre discours, c’est comme s’il n’y avait aucun risque. Ils sont présents et il ne faut pas les minimiser», a-t-il dit.
Pour sa part, un des citoyens qui détient la propriété où se fera le forage, Guy Deraspe, a tenté de rassurer les gens présents à la rencontre. «Je suis le propriétaire des lieux, j’en suis responsable et jamais je ne vais laisser des choses se produire. J’ai une conscience environnementale, je vérifie ce qui se passe.»
Surveillance citoyenne
Présent à la rencontre, Bob Eichenberger, a proposé à Gastem des solutions pour permettre aux citoyens de suivre l’évolution du projet de près pour assurer une meilleure sécurité collective. «Est-ce que vous seriez ouvert à ce que des citoyens concernés par l’environnement viennent vérifier vos travaux, et même prendre des échantillonnages s’il y a des fuites, des écoulements, pour les envoyer à des laboratoires indépendants?», a-t-il demandé au directeur général de l’entreprise.
«Pendant le forage, le terrain va être ouvert. Il va y avoir des journées ouvertes. S’il y a un groupe qui veut faire des analyses, on n’a pas de problème avec ça», a répondu M. Savoie.
Si elle obtient son permis, l’entreprise pourrait débuter les travaux dès la fin décembre. Le chantier devrait s’échelonner sur une quarantaine de jours.