Haute-Gaspésie : des militants conservateurs déchantent
Depuis l'entrée en vigueur de la réforme de l'assurance-emploi, des militants conservateurs de la Haute-Gaspésie dénoncent non seulement cette nouvelle mesure, mais vont jusqu'à renier leur formation politique.
C’est le cas de Charles-Eugène Marin, qui a été député conservateur de l’ancienne circonscription fédérale de Gaspé de 1984 à 1993. Celui-ci renonce à son parti depuis l’élection de Stephen Harper, soit depuis bientôt sept ans. «Je connaissais Harper comme employé d’un de mes amis, quand j’étais député, se rappelle le Dr Marin. Je n’avais pas trouvé que c’était un type qui pouvait aider la population, à plus forte raison lorsqu’il s’est présenté comme conservateur, alors qu’il n’a jamais été conservateur de sa vie. C’est un réformiste!»
L’ancien parlementaire avoue même avoir voté pour le Nouveau Parti démocratique lors des dernières élections.
La réforme de l’assurance-emploi, qui est entrée en vigueur au début janvier, n’a rien pour atténuer son rejet envers son ancienne formation politique. «L’assurance-emploi ne coûte rien au gouvernement, soutient-il. Mais Harper s’en sert pour faire les politiques qu’il veut.»
Son ancien attaché politique a la même opinion. Lors de la manifestation du 26 janvier où quelque 700 personnes ont fait connaître leur opposition à la réforme, Égide Trépanier a publiquement dénoncé les nouvelles règles.
Un ancien candidat désillusionné
Le son de cloche est le même du côté d’Allen Cormier, le préfet de la Haute-Gaspésie, qui s’est présenté comme candidat conservateur lors des dernières élections du 2 mai 2011. Lui qui a pris part à la manifestation du 26 janvier et qui a dénoncé publiquement la réforme de l’assurance-emploi, claque aussi la porte du Parti conservateur.
«C’est un désaveu complet, laisse-t-il tomber. À moins qu’il y aurait de très gros changements, je ne briguerai pas un siège de député du Parti conservateur aux prochaines élections. Ce n’est pas parce que j’étais candidat conservateur que j’ai les yeux fermés!»
Un militant plus nuancé
Du côté de l’agent officiel du Parti conservateur pour la circonscription depuis près de 30 ans, les opinions sont moins acerbes, même s’il admet ne plus être aussi à l’aise qu’il l’a déjà été au sein de la formation. Il se range du côté progressiste. «Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous, les conservateurs, si on ne s’étaient pas remariés avec l’Alliance, qui était la partie dure, un peu comme les caribous au PQ, ce serait bien différent, estime Jean-Pierre Pigeon. Dans le temps de Mulroney, c’était le Québec et une partie de l’Ontario qui menaient. Là, c’est l’Ouest qui mène.»
Il s’en prend à la réforme de l’assurance-emploi, mais demeure fidèle à son parti. «Je ne désavoue pas le Parti conservateur parce qu’il y a des mesures qui sont correctes, tempère Jean-Pierre Pigeon. Je ne participe à aucune manif. Je ne fais jamais d’esclandres. J’écris des lettres et je parle à des gens pour dire que ça n’a pas de bons sens, qu’on n’est pas heureux de ça. Je demande si c’est possible d’apporter des nuances, comme sur la règle des 100 km. C’est difficile de pêcher et de travailler en forêt au mois de janvier! Il y a certains organismes dont les emplois sont seulement saisonniers.»