HYDROCARBURES : SIX QUESTIONS AU MINISTRE ARCAND
GASPÉ — En pages 4 et 5 du Journal GRAFFICI de ce mois-ci, Geneviève Gélinas dévoile notamment les plans des pétrolières présentes en Gaspésie. Dans le cadre de sa recherche sur cet épineux dossier, notre journaliste s’est entretenue avec l’actuel ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, qui a accepté de répondre aux questions de GRAFFICI.
Pour remettre les choses dans leur contexte, rappelons que l’éventuelle loi sur les hydrocarbures est promise par Québec depuis l’automne 2010, alors que Nathalie Normandeau était en poste comme ministre des Ressources naturelles. Cinq ans plus tard, rien n’a encore été déposé et le gouvernement risque fort d’être pris de vitesse par les firmes pétrolières qui s’installent sur le territoire, tel qu’illustré dans le GRAFFICI distribué ces jours-ci et disponible en ligne sur GRAFFICI.CA.
VOICI DONC L’ENTRETIEN ENTRE LE MINISTRE ARCAND ET GENEVIÈVE GÉLINAS
GRAFFICI — Québec a un plan Nord pour développer les mines. A-t-on un plan du même type pour développer le pétrole de la Gaspésie?
MINISTRE — Non, il n’y a pas de plan comme tel. [Pour l’instant], les gens font des demandes de permis d’exploration et on en donne. Il y a un plan sur Anticosti pour voir si le pétrole est exploitable, auquel participe le gouvernement. Mais tous ces éléments sont au stade purement exploratoire.
GRAFFICI — Qu’est-ce que le gouvernement doit mettre en place avant de passer en mode exploitation?
MINISTRE — D’ici le début de 2016, nous déposerons une loi sur les hydrocarbures. Avant d’aller plus loin, il faudra que l’Évaluation environnementale stratégique [ÉES globale sur les hydrocarbures] soit complétée.
GRAFFICI — Pétrolia pourrait demander un bail d’exploitation dès 2015; Junex parle de la mi-2016. Qu’allez-vous faire si la loi n’est pas adoptée d’ici là?
MINISTRE — C’est une question hypothétique. Nous verrons la situation, ce qui est demandé exactement.
GRAFFICI — La nouvelle loi sur les hydrocarbures exigera-t-elle des audiences du BAPE avant l’exploitation? [La législation actuelle n’en exige pas]
MINISTRE — On recherchera une cohérence avec la Loi sur les mines [qui impose des audiences à partir de 2000 tonnes de minerai extrait par jour]. Il y aura une considération environnementale. Est-ce que ce sera un BAPE? Je ne peux pas le dire.
GRAFFICI — Les municipalités auront-elles le pouvoir d’exclure certaines parties de leur territoire au développement pétrolier et gazier?
MINISTRE — Il faut des discussions entre le MAMOT [ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire] et les municipalités, une entente de cohérence pour voir quels endroits seraient soustraits au développement. C’est clair que l’opinion des municipalités sera prise en compte.
GRAFFICI — Les municipalités et les MRC encaisseront-elles des redevances?
MINISTRE — Lors de la dernière campagne électorale, Philippe Couillard a promis un retour de 40 % aux municipalités par rapport aux redevances versées à Québec. Mais il faut noter qu’actuellement, Québec ne reçoit que des revenus très minimes pour donner les permis d’exploration.
GRAFFICI — De quel œil voyez-vous les travaux menés par Junex et Pétrolia près de Gaspé?
MINISTRE — Le rôle de mon ministère est de développer les ressources naturelles du Québec. Si c’est fait avec les normes et les règlements appropriés, ça peut être une source d’enrichissement. On suit ça avec énormément d’intérêt. On verra si [le travail d’exploration] peut être transformé en production commerciale.