JE VOUS QUITTE
Je vous quitte pour deux raisons. D’abord parce que je dois mener des projets personnels à bon port dans un proche avenir. Par ailleurs, j’ai cette sourde impression que je commençais à me répéter. Et quand on arrive à un tel constat, mieux vaut laisser sa place. Je tiens à vous remercier pour votre fidélité. Je vous savais fidèles et c’est pour cette raison que j’ai mis tant d’énergie pour vulgariser des sujets, critiquer tel ou tel enjeu, voire notre classe politique, en mettant bien sûr les choses en contexte… enfin, du mieux que j’ai pu. Cela m’a valu des volées de bois vert de la part de certains, mais ça fait partie du métier.
J’ai un grand respect pour les politiciens que j’ai critiqués, malgré l’incompétence de certains d’entre eux. En fait, c’est en couvrant la politique sur une base quotidienne que j’ai compris, un tant soit peu, pourquoi la Gaspésie ne se porte pas aussi bien qu’elle le devrait. C’est que voilà, il y a eu, il y a et il y aura toujours des incompétents pour nous diriger, pas tous bien sûr. Le problème, c’est que ces incompétents n’en sont pas conscients et c’est toute la tragédie. J’en nommerais ici quelques-uns qu’ils en seraient surpris. Qu’importe. Il n’existe pas d’école pour devenir politicien, alors quand les gens débarquent en politique, ils improvisent et gouvernent à l’aune de leurs propres parcours, valeurs, jugement et compétences (pour ceux qui en ont). Ce n’est pas parce qu’on travaille fort qu’on est compétent en politique…
Ce qui nous propulse à l’autre bout du spectre, où il y a des politiciens qui sont compétents. Quand on parle de compétence en politique, cela renvoie à ceci : comprendre et mettre en application au bon moment des mesures et des programmes qui servent l’intérêt public. C’est aussi l’art de gouverner pour le plus grand nombre, tout en prenant en considération des cas bien précis qui ne cadrent pas dans la gouvernance à la faveur du plus grand nombre. Voici mon top 10 (j’aurais pu faire un top 15, mais bon…) des politiciens de notre région (certains d’entre eux sont malheureusement décédés) qui ont compris ce qu’était l’intérêt public. En ordre alphabétique, on y va pour Bertrand Berger (ex-président de la Conférence régionale des élus), Raynald Blais (ex-député bloquiste), Denis Henry (maire de Carleton-sur-Mer), Diane Lebouthillier (ministre libérale), Gaétan Lelièvre (député de Gaspé), Georges Mamelonet (ex-député libéral et ami personnel), Marc Minville (ex-maire de Murdochville), Micheline Pelletier (mairesse de Sainte-Anne-des-Monts), Nathalie Normandeau (oui, je sais, le Libre l’a souvent et durement critiquée… mais à titre de députée de Bonaventure, elle a fait un bon travail) et Philip Toone (ex-député du NPD). Sur le plan de la relève, le maire de Gaspé, Daniel Côté, est bien parti. Si je devais nommer un seul politicien qui n’est pas de la région et à qui j’ai souvent eu affaire, c’est Thomas Mulcair. Non seulement est-il compétent, mais quand on lui parle, on sait qu’on a affaire à quelqu’un d’intelligent.
Je tiens aussi à remercier la direction de ce journal qui m’a toujours donné carte blanche et appuyé dans des moments difficiles. C’est que voilà, certains élus qui n’appréciaient pas la critique du Libre arbitre le faisaient clairement savoir à la direction.
Nous parlions d’incompétence plus haut, une anecdote, avant de vous quitter. En couvrant une campagne électorale, voilà bien des années, j’ai rendez-vous avec un candidat qui me reçoit dans son bureau de campagne qu’il venait tout juste d’ouvrir. Il me dit : « Je n’ai pas encore reçu le programme de mon parti. » J’ouvre ma valise et lui remet un exemplaire du programme de son parti que j’avais lu pour préparer l’entrevue. Je lui dis : « Je vais aller dîner et en attendant lisez votre programme et je vous reviens avec quelques questions. » « Très bien, merci monsieur. » En revenant de dîner, il était prêt…
Merci à vous tous et bonne route.