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2 juin 2018 9 h 40

La bonne humeur « génétique » de Jean-Michel Côté

GASPÉ, juin 2018 – Jean-Michel Côté étudie en travail social, écrit des textes d’humour, s’entraîne trois à quatre fois par semaine, fait de la motoneige, du quatre roues et du bateau. Se retrouver en fauteuil roulant à 26 ans n’a pas obscurci son tempérament. « Je ne suis pas difficile à vivre, je suis de bonne humeur du matin jusqu’au soir. C’est génétique », dit-il.

Avant son accident, M. Côté, un Gaspésien diplômé en plomberie, travaillait dans les raffineries de pétrole en Alberta. Le 8 janvier 2010, il roule à motoneige dans le « chemin du camp 18 », entre Gaspé et Murdochville. Le verglas a plié un arbre et emprisonné sa cime dans la glace. La motoneige de M. Côté la libère en passant. « Le bout de l’arbre m’a empalé », rapporte-t-il. La branche a fait des dégâts, dont la compression de sa moelle épinière. Conséquence : M. Côté ne peut plus marcher.

L’homme, âgé aujourd’hui de 35 ans, a eu « des deuils à faire », dit-il. « Tu perds tes sorties, tes passe-temps, un mode de vie que tu aimes, avec 20 jours de travail et 10 jours de congé. »
« Être dépendant, c’est le plus dur. Tu te bats pour être indépendant vers 18-19 ans, tu y goûtes jusqu’à 26 ans puis après, c’est la pomme de route », le surnom qu’il donne à son accident. « Au début, le regard des autres t’affecte plus. Tu es en cr… parce que les accès [aux commerces et services] ne sont pas adaptés. Tu veux au moins être capable d’entrer et de sortir tout seul, et d’aller aux toilettes! »

Moins d’un an après l’accident, il enfourche à nouveau sa motoneige. À l’entendre, il n’y a rien là. « Je m’entraîne trois, quatre fois par semaine, j’ai le haut du corps fort. Je n’ai pas de problème en motoneige. En quatre roues, c’est encore plus facile. » Avec des membres de sa famille, il a acheté un bateau de type ponton. « On a adapté la porte. Je saute sur le banc du conducteur et c’est parti! »

M. Côté chérit son indépendance retrouvée. « J’ai mon appartement, mon camion adapté, je fais mon épicerie, mon lavage. Je fais tout, tout seul. »

L’homme affiche un mélange d’assurance et d’autodérision qui mettent ses interlocuteurs à l’aise. L’humour fait aussi partie de son arsenal. Chaque semaine, il signe une capsule humoristique pour Radio-Gaspésie. Il collabore comme auteur aux projets solo de sa sœur Ève Côté, l’une des deux humoristes des Grandes Crues. « Elle m’a incité à écrire. On a les mêmes référents, le même genre d’humour », dit M. Côté.

Quand il est retourné aux études il y a deux ans, M. Côté a choisi la technique en travail social, inspiré par une travailleuse sociale à qui il a eu affaire à Québec. « J’ai trouvé qu’elle ne faisait pas une bonne job, qu’on était traités comme des numéros. Je me suis dit que je pouvais sûrement faire mieux. »

Au campus de Gaspé du cégep, M. Côté est connu pour sa bonne humeur contagieuse. Le regard des autres, il s’y est plus qu’habitué. Quand il roule dans les corridors du cégep, il échange quelques mots ou au minimum un salut avec beaucoup des personnes qu’il croise. « Les gens, s’ils viennent me parler, ils ne seront jamais mal à l’aise. Je m’accepte à 100 %. Je ne me casse pas le bicycle avec ça. »

M. Côté n’a jamais eu de « pensées noires » après son accident et a été bien entouré par sa famille, souligne-t-il. Notamment par sa mère, une infirmière qui avait pris sa retraite une semaine avant l’accident. Lui-même a développé certaines qualités en perdant de sa mobilité : « tu apprends à remercier les gens, à être patient, indulgent, résilient », dit-il.
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