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10 août 2018 16 h 11

La comptable devenue serveuse

GRANDE-VALLÉE, août 2018 – Ginette Éloquin, copropriétaire de l’Hôtel motel Grande-Vallée des Monts, s’est mise au service il y a 15 ans, quand elle a acheté l’entreprise avec son conjoint. « Au début, ça me stressait. Mais je ne m’en passerais plus. Maintenant, quand je fais de la comptabilité, je suis malheureuse ! »

Mme Éloquin était une Montréalaise aux origines madeliniennes. Elle travaillait comme commis comptable dans la métropole. Son conjoint, Bernard Beaudoin, est originaire de Grande-Vallée. Formé en cuisine, il occupait un emploi en gestion hôtelière. « On travaillait fort. On s’est dits : « tant qu’à travailler pour les autres, on va travailler pour nous ». »

Ils ont acheté leur hôtel-restaurant à Grande-Vallée en 2003. « Je suis tombée dedans. Je n’avais aucune expérience en service. Il y avait deux serveuses d’expérience. C’est elles qui m’ont appris. Quand c’est ton entreprise, tu as intérêt à apprendre vite ! »

Mme Éloquin y a pris goût. « En restauration, les clients sont heureux, ils sont en vacances, ils viennent prendre une bonne bouffe. J’aime ce contact, on fait de belles rencontres. […] Tout le monde me connaît : on me dit « bonjour Ginette! » On n’est pas habitués, à Montréal, d’être reconnu. »

Pour offrir un bon service en restauration, « l’approche est importante, il faut savoir accueillir, être souriant même quand on est débordé, connaître ton produit, savoir le recommander », énumère Mme Éloquin. Mais par-dessus tout, « je sers les gens comme j’aimerais être servie », dit-elle.

La réputation d’un restaurant est « très fragile », « Ça prend de la rigueur. Il faut être à l’écoute. Si un client n’a pas aimé, il faut corriger », insiste Mme Éloquin.

La copropriétaire arrive à la salle à manger dès 6 h, pour superviser le petit déjeuner. Jusqu’à l’été dernier, elle faisait aussi le service du soir, parfois jusqu’à 23 h. « Entre les deux, je fais de la comptabilité et je prends une pause d’une heure ou deux. »

Cet été, l’embauche d’étudiants lui laissera « un petit répit » jusqu’en août, à la rentrée du cégep. « Je ne travaillerai pas le soir, sauf quand ça va déborder. »

En hiver, les horaires sont aussi exigeants. Les groupes de motoneigistes se couchent tard et se lèvent tôt, remarque Mme Éloquin. « On dort quatre ou cinq heures par nuit. »

Son rôle de copropriétaire, plus que de serveuse, lui impose une présence en tout temps, précise-t-elle. « C’est notre façon de contrôler la qualité »

Le couple prend une pause d’un mois en novembre et d’un mois en avril. « J’ai aussi beaucoup de clients locaux et des clients de Gaspé. Quand je pars en vacances, ils me disent : repose-toi bien, tu le mérites ! »

GRAFFICI a demandé à Mme Éloquin où elle souhaite en être dans dix ans. « J’ai 61 ans, j’espère être à la retraite! Mais on a encore la passion. »

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