LA PÉDIATRIE SOCIALE EXPLIQUÉE
Le centre de pédiatrie sociale en communauté (CPSC) Accroche-coeur est le troisième à voir le jour en Gaspésie. GRAFFICI profite de l’ouverture de ce centre qui s’adresse aux enfants en situation de vulnérabilité du côté sud de la région pour faire un survol de ce qu’est la pédiatrie sociale et présenter Accroche-coeur plus en détail.
Les débuts du centre Accroche-coeur
CHANDLER | Situé sur la rue Rodolphe-Lemieux à Chandler, le centre de pédiatrie sociale en communauté (CPSC) Accroche-coeur, qui a débuté ses opérations le 15 juillet dernier, a été officiellement lancé au début du mois de septembre. En s’appuyant sur les méthodes proposées par la Fondation Dr Julien, l’équipe du centre vise à procurer un appui médical, psychologique, social et légal aux communautés qu’elle dessert.
L ’objectif des centres de pédiatrie sociale en communauté est de venir en aide aux enfants âgés de 0 à 18 ans qui vivent des difficultés en offrant des soins et des services visant l’amélioration de leur développement. Les interventions sont ciblées et personnalisées de manière à répondre aux besoins de jeunes en situation de vulnérabilité.
L’emplacement stratégique d’Accroche-coeur a été choisi par la Fondation Dr Julien en raison du haut taux de défavorisation du milieu. Ainsi, le lieu physique et principal est situé à proximité d’une majeure partie de sa clientèle cible.
Un discours du Dr Julien a permis à la pédiatre Élise Martin (sur la photo) d’établir la différence entre « soigner » et « aider » un enfant. De là est né son désir de fonder un centre de pédiatrie sociale pour les communautés gaspésiennes non desservies. Photo : Élise Fiola
Les bases d’un service adapté
Les enfants sont accompagnés tout au long de leur cheminement. « L’angle d’approche plus particulier est de dépister, de réduire ou d’éliminer les stress toxiques qui nuisent à leur développement et tout ça, considérant que l’on doit respecter leurs droits fondamentaux », résume Élise Cabanac, chargée de projet en accompagnement des nouvelles initiatives en pédiatrie sociale en communauté (PSC) pour la Fondation Dr Julien. « Et tout ça se matérialise, en fait, en redonnant à leur famille et aux enfants eux-mêmes du pouvoir, de l’espoir et des outils pour pouvoir aller de l’avant dans la vie. »
En effet, le fondement de l’approche du Dr Gilles Julien veut que l’enfant soit un acteur dans sa propre vie. Adjointe clinique à Accroche-coeur, Myriam Johnson cite en exemple la principale différence entre l’approche traditionnelle et celle préconisée en PSC : « quand on va à l’hôpital pour une rencontre avec un enfant, c’est beaucoup le parent qui va être questionné. Ici, c’est vraiment l’enfant qui est au centre, c’est lui qui nous guide ».
Le premier contact avec l’enfant et ses parents est déterminant : il est fondamental qu’ils se sentent comme chez eux. C’est pourquoi un centre de pédiatrie sociale en communauté ressemble presque en tous points à une maison familiale. À Accroche-coeur, la coordonnatrice, Nadine Cyr (sur notre photo), est chargée de l’accueil. Photo : Élise Fiola
Une plus-value à un système débordé
La collègue de Mme Johnson, Béatrice Barabé, a récemment complété sa formation universitaire en travail social. « Moi, j’ai l’impression qu’ici, on met de l’avant ce que l’université enseigne comme “bonnes pratiques”. » Selon elle, dans le système actuel, les professionnels n’auraient pas les ressources nécessaires pour répondre aux différents besoins en intervention. L’adjointe clinique mentionne, entre autres, le contexte de pénurie de main-d’oeuvre comme un frein à l’application et à la rapidité d’accès aux services.
C’est en ce sens que l’initiatrice d’Accroche-coeur, la pédiatre Élise Martin, conçoit la mission du centre : « le but de notre existence, c’est d’amener des services ». Elle a remarqué au cours de ses années de pratique qu’il était difficile de recevoir des services adaptés et que les délais pouvaient aller de deux à trois ans. « C’est inadéquat, inacceptable », dénonce la professionnelle de la santé.
Elle note d’ailleurs trois champs d’expertise dans lesquels elle a remarqué un manquement au niveau des suivis : l’orthophonie, l’ergothérapie et la psychoéducation. Dre Martin aurait aimé que la collaboration avec ces professionnels soit facilitée au cours de sa carrière.
Photo : snazzymaps.com
Une pratique centrée sur la communication
L’équipe permanente d’Accroche-coeur est constituée de deux médecins de famille, d’une pédiatre et de deux adjointes cliniques, toutes assignées aux secteurs Rocher-Percé et Baie-des-Chaleurs. En fonction des besoins de chaque enfant, des spécialistes d’ailleurs seront appelés à intervenir auprès des familles.
La coordonnatrice d’Accroche-coeur, Nadine Cyr, valorise « la liberté, la créativité, la liberté d’expression » tant chez les enfants qu’au sein de son équipe de professionnels. « […] Chaque enfant est unique, ce qui veut dire que pour chacun, l’approche est différente », remarque Mme Cyr, qui a longtemps travaillé en centre de la petite enfance.
Le rôle d’un CPSC est alors de coordonner le travail de tous ces professionnels pour s’assurer que le même discours soit partagé en mettant l’enfant au centre des interventions. Pour ce faire, l’organisme sans but lucratif s’engage à apporter l’appui de son équipe de professionnels qui s’inscrit, comme le souligne Béatrice Barabé, « en complémentarité et en collaboration » avec les services déjà offerts au sein des communautés.
« On va améliorer l’efficacité. Est-ce qu’elle va être parfaite? Non, ça, c’est sûr. Il n’y a rien de parfait, mais je pense que c’est un pas en avant. J’y crois », estime la Dre Martin. Ainsi, afin de faciliter l’accès aux ressources pour les familles, Accroche-coeur prévoit orchestrer des rencontres virtuelles afin de faire des thérapies et des suivis à distance avec les professionnels qui ne résident pas dans la région.
On aperçoit ici, de gauche à droite, Myriam Johnson et Nadine Cyr près du Mobilicoeur. Cet autobus a été pensé pour pallier l’étendue du territoire couvert. Accroche-coeur est le seul centre en Gaspésie à avoir choisi de déployer une unité mobile de ce genre. Photo : Élise Fiola