Les événements gaspésiens en temps de pandémie
Les événements gaspésiens ont été frappés de plein fouet par la suspension des festivals et la fermeture de bien des attractions d’ici le 1er septembre au moins, en raison de la pandémie. Graffici a joint les dirigeants de plusieurs organismes afin de savoir comment l’avenir se présente, à court et moyen termes, puis comment les équipes de direction et les bénévoles se mobilisent pour que ces événements et attractions restent bien vivants.
Fête du bois flotté: à partir des contraintes naissent des opportunités
SAINTE-ANNE-DES-MONTS | La coordonnatrice de la Fête du bois flotté, Marilyne Lachance avoue que la crise sanitaire causée par la COVID-19 demande aux organisateurs de l’événement phare de Sainte-Anne-des-Monts un travail de réflexion colossal. « À partir des contraintes, qu’est-ce qu’on a comme opportunités qu’on n’a pas habituellement? » Tel un leitmotiv, cette question guide les organisateurs de la Fête dans les actions à entreprendre pour présenter, cet été, des activités différentes.
« On a du temps, estime Mme Lachance. Avec ce temps-là, comment on va pouvoir amener la culture à la population? C’est l’une des priorités, même si ça ne pourra pas être dans la version telle que les gens l’ont toujours connue. Qu’est-ce qui est le plus fort de la Fête? »
L’art sculptural et le patrimoine historique de la Haute-Gaspésie sont certes des piliers sur lesquels l’équipe de la Fête bâtira les activités. « On n’annule pas vraiment la Fête, précise la coordonnatrice. C’est simplement qu’elle ne sera pas présentée dans toute son intégralité et dans tout son déploiement. (…) La Fête du bois flotté, cette année, va rayonner quand même. »
Donc, la coordonnatrice garantit que des événements se tiendront, cette année, sous le thème du bois flotté. « Ce n’est pas tout à fait finalisé, mais on va être en mesure de produire quelques petits événements. La majorité sera sur le Web. Mais, on n’exclut pas l’idée de faire des événements sur place avec les contraintes, tout en respectant les normes sanitaires. »
Planifier 2021
L’avantage de la situation, selon Marilyne Lachance, est le temps accordé à pouvoir déjà planifier la programmation de 2021. « On pourrait peut-être utiliser cet espace-temps pour créer de petits laboratoires de recherche et voir avec la population comment on peut l’impliquer davantage. C’est agréable d’aller voir des concerts ou une exposition de sculpture. Mais, peut-être que tout le monde peut s’impliquer aussi en participant. Il faut essayer d’aller chercher cet angle-là dans notre réflexion. »
Même si la Fête du bois flotté ne sera pas présentée dans sa forme habituelle cet été, Marilyne Lachance n’appréhende pas une rupture avec le public. « Il n’y aura peut-être pas beaucoup d’activités un peu partout au Québec. Donc, les gens vont avoir besoin de culture et d’activités pour créer des liens. Je pense que la Fête du bois flotté va, dans ce sens-là, réussir. »
Unique au Québec, la Fête du bois flotté est un festival pendant lequel des sculpteurs réalisent leurs oeuvres à partir de bois récupéré sur le rivage, tout en s’inspirant d’une chanson ou d’un conte provenant du patrimoine folklorique de Sainte-Anne-des-Monts. Photo : Johanne Fournier
Le Festival en chanson garde le feu allumé
PETITE-VALLÉE | Après deux incendies qui, il y a deux ans, ont détruit le Théâtre de la Vieille forge et l’Auberge Lebreux, les organisateurs du Festival en chanson de Petite-Vallée sont résilients. Ce n’est pas la COVID-19 qui les empêchera de garder le feu allumé avec le public. Des spectacles et le camp en chanson en ligne ainsi que l’amélioration des installations pour la saison 2021 sauront assurément conserver le lien avec les festivaliers. C’est ce qu’en pense le grand manitou du Festival, Alan Côté.
« Je suis très optimiste. Le monde va tellement avoir hâte de lâcher les caméras et de sortir! Ça ne m’inquiète pas trop. On continue à le nourrir, notre public. » À preuve, deux spectacles ont été présentés sur Facebook.« Ce sont des spectacles gratuits, mais on paie les artistes », précise le directeur général et artistique du Festival en chanson. Parmi les auteurs-compositeurs-interprètes, nommons Michel Rivard, Daniel Boucher, Lou-Adriane Cassidy ainsi que des artistes locaux et régionaux.
L’organisation planche aussi sur un scénario qui sera dévoilé ultérieurement. « Il y a plein de trucs qu’on va faire, mais pas nécessairement des spectacles, décrit M. Côté. On va raconter notre histoire sous une forme différente. J’ai un plan pour la Saint-Jean-Baptiste. Il faut le proposer à la Direction de la santé publique pour avoir l’autorisation. » En organisant des activités visant à encourager les artistes, l’organisme pourra continuer à bénéficier de subventions et même de suppléments, assure Alan Côté.
Continuité du soutien financier
Si l’événement se tire relativement bien d’affaire, c’est grâce aux programmes de soutien financier gouvernementaux. « Les mesures du gouvernement permettent qu’on ait nos salaires, qu’on puisse garder nos employés, se réjouit Alan Côté. Ça s’annonce aussi bien pour qu’on puisse réengager nos employés saisonniers. On pense à l’après, on pense à s’améliorer pour le futur, comme de leur faire faire des coussins et toutes sortes d’affaires pour améliorer le confort de nos clients. » Pour Alan Côté, ces emplois aident le milieu. « C’est l’économie des villages! »
Un autre élément qui assurera la survie du Festival repose sur les commanditaires qui verseront leur contribution financière, même si l’événement ne sera pas présenté cet été. « Hydro-Québec, c’est l’entièreté, souligne M. Côté. On attend des confirmations de Québecor, mais c’est sûr qu’ils vont nous soutenir. Peut-être que ce ne sera pas à 100 %, mais on nous a garanti qu’on serait soutenus. »
Selon Alan Côté, le Festival en chanson survivra très bien à l’annulation de l’événement dans sa forme habituelle cet été. Photo : Johanne Fournier