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25 mars 2013 23 h 54

Les pétrolières courtisent les chasseurs

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Trois pétrolières étaient inscrites à la programmation du congrès de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs de la région, qui s'est tenu samedi à Sainte-Anne-des-Monts. Les participants leur ont réservé un très bon accueil.

Les porte-parole de Pétrolia, Junex et Mundiregina Resources Canada confirment que leur entreprise prend un virage tendant à cibler des groupes en particulier afin de mieux informer la population sur leur présence en Gaspésie et pour expliquer leurs activités.

L’organisme hôte a donc offert une tribune à cinq représentants de l’industrie pétrolière. «L’an passé, on avait fait venir la Coalition Saint-Laurent, qui est contre les compagnies pétrolières, explique le président de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Alain Poitras. Nous, en tant qu’association, on n’est pas là pour dire qu’on est pour ou contre. Nous, on fait nos affaires et eux, ils sont là, ils sont en Gaspésie et on doit faire avec.»

Junex

Le représentant de Junex, qui possède six puits dans le secteur Galt, situé entre 30 et 40 kilomètres de Gaspé, a expliqué les travaux de forage réalisés par l’entreprise. «En prenant part à ce congrès, on voulait présenter les impacts de nos travaux sur les activités de chasse et de pêche, énonce le chargé de projet et ingénieur géologue, Jérémie Lavoie. À Galt, on travaille sur un ravage de cerfs de Virginie. On essaie le plus possible d’accommoder tout le monde, même s’il y a de la machinerie et du bruit. Mais on essaie d’éviter de faire des travaux pendant la période de chasse.»

Pétrolia

Du côté de Pétrolia, le porte-parole a dressé un bilan de la dernière saison de chasse, pendant laquelle la compagnie a continué ses travaux de forage, plus précisément aux puits Bourque 1 et 2, situés dans le secteur du lac Patch, près de Murdochville.

«Entre le 29 septembre et le 21 octobre, on a permis la cohabitation avec les chasseurs, explique le conseiller technique et ingénieur géologue, Jean-Yves Laliberté. C’est un endroit où il y a beaucoup de caches. Selon plusieurs chasseurs, il n’y a eu aucun effet sur leur chasse.» M. Laliberté, qui a été engagé en octobre par Pétrolia, a été conseiller technique au bureau des hydrocarbures du ministère des Ressources naturelles et de la Faune pendant 25 ans.

Mundiregina Resources Canada

Venus de l’Ontario, les deux porte-parole de Mundiregina, unilingues anglais, ont délégué le président de l’Association québécoise des fournisseurs de services pétroliers et gaziers pour parler en leur nom. Les travaux de l’entreprise, qui possède des permis d’exploration en Gaspésie, sur des propriétés situées au sud des puits de Pétrolia, sont plutôt timides jusqu’à ce jour. Par contre, selon Mario Lévesque, du forage est prévu cet été. «Jusqu’à maintenant, le carottage nous donne de bons signes qu’il y a des hydrocarbures», a-t-il précisé.

Le président de l’Association québécoise des fournisseurs de services pétroliers et gaziers a profité de la tribune qui lui était offerte pour convaincre son auditoire des avantages économiques du développement pétrolier pour la Gaspésie, tout en rappelant que Mundiregina engagera des Gaspésiens, en les formant surtout à devenir foreurs. «Le pétrole en Gaspésie, c’est 6 000 emplois très bien rémunérés, a indiqué Mario Lévesque, originaire de Carleton. Pour les 25 prochaines années, c’est plus de 18 000 emplois indirects.»

Il a poursuivi son plaidoyer en disant: «Je suis Gaspésien et moi aussi, je suis chasseur. Je suis pour le développement économique de la Gaspésie. Je suis triste de toutes les faussetés qui se disent et quand on empêche le développement économique.»

«Il y a deux millions de puits en Amérique du Nord, continue M. Lévesque. J’invite les environnementalistes à trouver des cas de contamination. Il ne faut pas démoniser les pétrolières. Il y a une peur et la peur, c’est viscéral et émotionnelle, pas rationnelle. Ce n’est pas une industrie parfaite. S’il y a un déversement de pétrole, c’est grave, mais ça se décontamine. Ce n’est pas pire qu’une station-service qui a un déversement de diesel. C’est une des industries les plus sécuritaires.»

Mario Lévesque admet, cependant, que le Québec aurait avantage à améliorer ses lois régissant l’industrie pétrolière. «En Alberta, la loi fait 12 000 pages, indique-t-il. Au Québec, elle fait 40 pages.»

«Je suis père de famille et je n’ai pas envie que, plus tard, mes enfants me disent que j’ai «scrapé» le Québec, termine-t-il. Je suis Gaspésien et je serais fier que la Gaspésie devienne un joueur important dans le développement pétrolier. C’est une énergie dont on a besoin.»

En entrevue avec le chargé de projet de Junex, GRAFFICI.CA a cherché à savoir s’il existait des garanties qu’il ne puisse arriver une catastrophe comme celle causée par la compagnie BP dans le golfe du Mexique en 2010. «On met en place des barrières de protection de la nappe phréatique, mais aucune compagnie ne peut garantir qu’il n’y aura jamais de contamination», a répondu Jérémie Lavoie.

Les porte-parole des compagnies pétrolières ont terminé leurs allocutions sur des applaudissements nourris de la part des 125 congressistes.

Le commanditaire principal de l’événement était Mundiregina, qui offrait notamment le banquet de clôture. «Je ne me sens pas mal avec ça, justifie le président, Alain Poitras. Il y a des gens qui peuvent dire que les compagnies de pétrole veulent nous acheter. Comme commanditaire, ce n’est pas pire que les compagnies éoliennes ou le CLD. Ce n’est pas parce qu’ils sont dans le pétrole que ce sont des méchants! Moi, je ne suis pas là pour savoir s’ils ont dit des menteries ou pas!»