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6 juillet 2012 10 h 31

Marjorie Raymond: l’intimidation n’était pas l’unique facteur

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Alors que la mère de Marjorie Raymond affirmait que l’intimidation que subissait sa fille était responsable de son suicide survenu le 28 novembre, le coroner Jean-François Dorval conclut qu’il nes’agit pas de l’unique facteur.

Dans son rapport d’investigation, le Dr Dorval conclut que la jeune fille, inscrite en 3e secondaire à l’école Gabriel-Le Courtois de Sainte-Anne-des-Monts, avait des difficultés d’intégration à la vie scolaire. Même si cela lui avait été offert, elle ne participait à aucune activité parascolaire, ni sportive. Son rendement scolaire était faible et les échecs prévisibles. Ses absences aux cours se répétaient, surtout après sa rupture amoureuse avec le garçon qu’elle fréquentait
depuis deux ans.

Le récit

Trois ans plus tôt, après être déménagée avec sa famille à
Sainte-Anne-des-Monts, Marjorie est rencontrée par le psychologue de
l’école pour des idées suicidaires et des problèmes familiaux. Elle
mentionne avoir fait une tentative de suicide quelques mois auparavant
par noyade et automutilation. Elle se dit victime de violence de la part
d’un proche. La Direction de la protection de la jeunesse est avisée et
un plan d’action est instauré avec sa mère. Un an et demi avant son
décès, elle rencontre le psychologue pour la dernière fois, relativement
à des conflits qu’elle vivait avec une fille.

De 2009 à 2010, Marjorie Raymond porte plainte trois fois à la Sûreté du
Québec pour agression et menaces de la part d’une élève de son école.
Les deux premières fois, elle retire sa déposition. Mais suite à la
dernière plainte, le dossier est présenté au Tribunal pour adolescents.
Des conditions, dont une période de probation, sont émises par la Cour
pour l’élève qui lui a proféré des menaces.

Sur 180 jours d’école dans l’année, Marjorie rencontre l’intervenant
social de l’école une centaine de fois. L’intervenant aborde la question
du suicide avec elle, mais elle affirme que jamais, elle ne passerait à
l’acte.

Le rapport mentionne aussi que Marjorie n’a jamais fait part d’idées
suicidaires à sa tutrice de l’école, qui était aussi l’une de ses
enseignantes.

Les mois précédant le drame

Onze mois avant son décès, la jeune fille commence à travailler dans un
restaurant. Elle se lie d’amitié avec une employée. Huit mois plus tard,
Marjorie entre au travail, mais elle ne semble pas très bien. L’amie la
questionne. Marjorie lui répond qu’elle a avalé toutes les pilules qui
se trouvaient dans une armoire de la maison. L’amie la fait vomir et
appelle sa mère.

Un mois avant de commettre l’irréparable, Marjorie créé des liens avec
l’amoureux de l’une de ses amies. Elle le fréquente environ deux
semaines. L’amie en question réagit. Marjorie se bagarre avec elle. Des
coups sont échangés. Suite à cet événement, les deux filles sont
rencontrées par la direction de l’école. Marjorie est alors suspendue
pour une journée, alors que l’autre fille l’est pour cinq jours.

Les jours suivants, Marjorie est souvent absente de l’école. Pour cette
raison, la direction communique plusieurs fois avec sa mère.

Les jours précédant son suicide

Une semaine avant son suicide, la directrice de l’école rencontre
l’adolescente de 15 ans. Elle lui propose de l’aide psychologique, mais
elle refuse. Par contre, elle accepte de continuer de rencontrer
l’intervenant social.

Cinq jours avant qu’elle mette fin à ses jours, la jeune fille fait part
à une amie qu’elle n’est pas bien là où elle est et qu’elle serait mieux
ailleurs, en pointant le ciel.

Trois jours avant qu’elle se donne la mort, Marjorie rencontre
l’intervenant. Elle l’informe qu’elle doit s’absenter de l’école pour
subir une interruption de grossesse à Rimouski. Elle affirme avoir passé
un test de grossesse avec l’infirmière de l’école et qu’il s’est avéré
positif. Rencontrée par le coroner, l’infirmière nie lui avoir fait
passer un test de grossesse.

Deux jours avant le moment fatal, Marjorie indique à un ami que, dans un
but suicidaire, elle prendra du jus de pamplemousse avec des
médicaments. Elle dit avoir lu ce procédé sur Internet. L’ami est alors
persuadé qu’elle ne le fera pas.

La veille de sa mort, Marjorie communique par messages textes avec une
amie. Elle lui mentionne qu’elle n’y serait pas le lendemain parce
qu’elle aurait quitté ce monde. Elle ajoute que si elle est encore là,
c’est parce qu’elle aura échoué. Son amie l’appelle immédiatement et
elles se parlent pendant trois heures et demie au téléphone.

La journée fatale

Le matin du 28 novembre, Marjorie est réveillée par sa mère afin qu’elle
se prépare pour l’école. Sa mère quitte la résidence pour aller
travailler. Pendant la journée, elle reçoit un appel de la direction de
l’école afin de l’informer que sa fille n’est pas présente à ses cours.

Lorsque la mère entre à la maison avec sa plus jeune fille, elle
découvre, sur la table de la cuisine, une lettre manuscrite de trois
pages signée par Marjorie. Le message s’adresse à sa famille et fait
état de son geste.

Dès qu’elle commence à lire la lettre, la maman entreprend de chercher
sa fille dans la maison, mais ne la trouve pas. Elle se rend au garage
attenant à la maison et la découvre pendue à l’aide d’un câble
électrique attaché à une poutre. Un petit escabeau se trouve à ses
côtés. La mère appelle les services d’urgence. Avant qu’ils n’arrivent,
elle réussit à décrocher sa fille pour l’allonger au sol.

Les ambulanciers constatent que la victime n’a plus de pouls, de tension
artérielle et de rythme cardiaque. Des manœuvres de réanimation sont
pratiquées. Le décès est confirmé par le Dr Omid Aram à l’urgence de
l’Hôpital de Sainte-Anne-des-Monts. La Sûreté du Québec est avisée. Elle
fait son enquête.

Les conclusions du rapport

Les analyses révèlent que Marjorie Raymond avait consommé de la
marijuana peu de temps avant son décès. Selon le médecin, les
circonstances précédant son suicide pourraient correspondre aux
symptômes d’une dépression.

«Il y avait eu plusieurs altercations au cours des dernières années
entre Marjorie Raymond et d’autres étudiantes, mais ce point en est un
parmi d’autres facteurs présents dans la vie de Mme Raymond», peut-on
lire dans le rapport du coroner. Celui-ci rappelle qu’un suicide n’est
jamais causé par un seul facteur ou événement.

Jean-François Dorval ne fait aucune recommandation. Selon lui, de l’aide
a été offerte par l’école à la jeune et à son milieu. Les
personnes-ressources n’ont pas identifié de risque suicidaire chez
l’adolescente. Le médecin confirme l’efficacité du programme de
résolution de conflits mis de l’avant par l’école Gabriel-Le Courtois.

La conclusion de son rapport se lit comme suit: «Il s’agit d’une mort
violente par autodestruction volontaire.»