Miléna Babin donne quelques conseils aux apprentis écrivains
CARLETON-SUR-MER, octobre 2019 - Après avoir signé deux romans destinés à un public adulte fort bien accueillis par la critique, Miléna Babin a récemment plongé dans la littérature jeunesse; l’auteure de 31 ans de Carleton-sur-Mer a lancé, le 3 septembre dernier, Evelyne, l’enfant-placard, un livre qu’elle qualifie elle-même «d’ovni littéraire».
Après Les fantômes fument en cachette (2014) et Une étrange odeur de safran (2018), voilà que l’écrivaine ajoute une corde à son arc avec un bouquin porté par les illustrations de Charles-Étienne Brochu. Si cette œuvre a bien été conçue pour un jeune public, elle est à mille lieues d’une histoire idyllique rose bonbon.
En ce sens, la principale intéressée estime ne pas complètement avoir changé de registre littéraire. «J’ai l’impression que tout ce que je fais est étrange, qu’il y a toujours un côté un petit peu décalé. C’est peut-être un peu moins vrai dans Les fantômes fument en cachette, mais dans le dernier, certainement. Pour moi, je ne suis pas complètement en dehors de ma zone de confort », fait-elle valoir.
Ce livre, qu’elle admet un peu sombre, est également calqué sur la «vraie vie». Il raconte l’arrivée d’une élève au visage étrangement ridé et à la légère odeur de placard à l’école des Caps-Noirs. Elle sera accueillie par Mezza, qui cherchera à sortir la nouvelle venue du silence dans lequel elle s’est réfugiée.
Comme Miléna Babin est en voie de se tailler une place de choix dans l’univers de la littérature québécoise, GRAFFICI lui a demandé d’adresser trois conseils aux Gaspésiens et Gaspésiennes qui, comme elle, souhaiteraient percer en écriture.
1- Lire pour mieux écrire
Bien avant de s’atteler à la tâche, il faut, selon l’auteure, explorer ce qui se fait déjà. D’ailleurs, celle-ci insiste sur l’importance de parcourir des titres qui s’éloignent du style que vise l’apprenti écrivain. «Je crois que notre propre voix s’affûte à travers celle des autres, tantôt par mimétisme, tantôt par opposition. Je suis persuadée que ce qu’on lit et qui nous plaît, de même que ce qui nous plaît moins, a une influence sur notre façon d’écrire», explique-t-elle. En panne d’inspiration? Voici une courte liste de suggestions dressée par la Gaspésienne.
• Ce qu’on respire sur Tatouine, Jean-Christophe Réhel
• Good Boy, Antoine Charbonneau Demers
• Faunes, Christiane Vadnais
• Le drap blanc, Céline Huyghebaert
• Le mur mitoyen, Catherine Leroux
2- Écrire chaque jour
Oubliez le cliché du néophyte qui s’assoit devant son ordinateur et y pond du jour au lendemain le futur Prix Goncourt. Pour que la magie opère, il faut, selon Miléna Babin, avoir bénéficié d’un certain entraînement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, à son avis, les écrivains s’efforcent d’écrire sur une base quotidienne, même entre deux projets littéraires. « Il faut avoir la discipline d’écrire chaque jour, même très brièvement et accepter que ce n’est pas grave si pendant une semaine complète, rien de ce qu’on a écrit n’a de réel potentiel. Ce travail-là n’est pas vain, il nous assure qu’au prochain vrai bon flash, on ne va pas être rouillé.» Elle ajoute d’ailleurs qu’il importe de trouver le bon moment de la journée et l’endroit idéal pour soi et de s’y tenir. « Moi, c’est vers 6h le matin quand rien ne bouge autour, mais pour d’autres, c’est à 10h le soir au pub du quartier», image-t-elle.
3- Avoir recours aux experts
Avant de mettre le point final à un tout premier manuscrit et de l’acheminer à un éditeur, vaut mieux, selon Miléna Babin, faire appel à un mentor, c’est-à-dire à un auteur déjà établi. « Bien sûr, c’est un investissement financier, mais ça peut faire toute la différence entre être publié ou ne pas l’être. Dans certains cas, deux ou trois rencontres peuvent suffire à nous mettre sur la bonne voie et cela peut même se faire à distance», fait valoir celle qui a opté pour Stéphane Dompierre et Véronique Marcotte. Selon elle, échanger quant à la psychologie des personnages, sur la structure narrative ou sur la façon d’officiellement présenter le fruit de votre travail peut éviter bon nombre de détours inutiles.