Normandeau ferme la porte à un retour en politique
NEW CARLISLE - Au lendemain de son témoignage à la commission Charbonneau, l'ex-ministre Nathalie Normandeau a confirmé qu'elle fermait la porte à un retour en politique.
Mme Normandeau évalue que le prix qu’elle a payé pour sortir de la politique est trop élevé pour envisager un retour. L’ex-députée estime que sa réputation a été entachée sur la place publique « de façon gratuite et sans fondement » au cours des deux dernières années.
Elle se dit satisfaite de son témoignage à la commission Charbonneau, une tribune qui lui a permis de livrer sa version. « J’avais ce besoin-là de rétablir les faits, d’expliquer ma réalité de ministre, d’expliquer dans quel contexte mes décisions comme ministre ont été prises », a-t-elle déclaré en entrevue téléphonique.
Mme Normandeau considère qu’un préjudice a été porté à son intégrité sur la base d’allégations et d’associations, mais ne regrette en rien son passage en politique. « Ça fait deux ans que ça dure. Il y a des gens qui, en affirmant des choses gratuitement, ne pensent pas aux impacts que ça peut avoir dans la vie d’une personne. J’ai toujours fait mon travail dans la droiture, je me suis battue pour faire avancer la cause de la Gaspésie, la cause des régions, celle des municipalités. J’ai permis à la Gaspésie d’être plus prospère, de permettre aux gens d’avoir plus d’espoir. Et ça, il n’y a personne qui va pouvoir m’enlever ça », a mentionné Mme Normandeau.
Retour sur le témoignage
Visiblement bien préparée, Mme Normandeau a livré son témoignage avec beaucoup d’ardeur et de confiance. Elle s’est d’entrée de jeu défendue d’avoir abusé de son pouvoir discrétionnaire au moment où elle était ministre des Affaires municipales.
Cette dernière estime ne pas avoir exagéré en haussant à 32 reprises le montant des subventions accordées pour des projets d’infrastructures municipales, indiquant que ce nombre représente 4,5 % des dossiers soutenus sous son règne. Son action, a-t-elle répété plusieurs fois, était animée par un souci de venir en aide aux municipalités les plus dévitalisées, dont celles de la Gaspésie, et de respecter la capacité de payer des citoyens.
Selon elle, le pouvoir discrétionnaire des ministres permet de faire contrepoids au pouvoir des fonctionnaires en privilégiant le « sur mesure » plutôt que « le mur à mur » dans l’application des programmes gouvernementaux.
L’ex-ministre a par ailleurs déclaré n’avoir jamais autorisé de contrats en échange de financement politique. Elle a reconnu que les allégations au sujet des méthodes son ex-chef de cabinet, Bruno Lortie, sont condamnables, si jamais elles s’avèrent fondées.
L’ex-ministre a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’elle érigeait un mur entre ses fonctions de ministre et de militante du Parti libéral du Québec, ajoutant qu’elle s’attendait à ce que son chef de cabinet, M. Lortie, agisse de la même façon, lui qui a organisé des cocktails de financement, notamment avec « son ami » Marc-Yvan Côté, de la firme Roche.
Mme Normandeau s’est également dite surprise d’apprendre à la commission que M. Lortie aurait donné de l’information privilégiée à M. Côté et qu’il aurait rencontré derrière des portes closes des dirigeants de firmes d’ingénierie. Si ces allégations s’avèrent fondées et qu’elle les avait sues, Mme Normandeau a déclaré qu’elle n’aurait pas hésité à congédier son chef de cabinet.
Recommandations
L’ancienne vice-première ministre du Québec s’est par ailleurs permise de déposer des recommandations à la commission Charbonneau.
Selon elle, une culture de transparence doit être développée au sein de l’appareil gouvernemental pour éviter des dérives. Mme Normandeau propose notamment d’adopter une nouvelle Loi sur le lobbyisme, la transparence et l’éthique, de mettre sur pied une formation obligatoire en éthique pour les élus de l’Assemblée nationale, les ministres et le personnel politique, d’introduire un mécanisme de révision triennal de la loi sur le financement des partis politiques et de publiciser et poursuivre l’implantation du concept du gouvernement ouvert.
« Plus les citoyennes et les citoyens auront accès facilement à une information de qualité de la part des ministères et des organismes du gouvernement, plus ils reprendront confiance envers nos institutions », a-t-elle mentionné dans un communiqué publié ce matin.
Réaction régionale
Les élus de la région ont sans surprise suivi de près le témoignage de leur ex-ministre. Le préfet de la MRC Bonaventure, Jean-Guy Poirier, a réagi en saluant son « courage » d’avoir défendu le pouvoir discrétionnaire des ministres pour venir en aide aux municipalités de la région. « Mme Normandeau comprenait nos réalités et faisait un très bon travail de députée et de ministre responsable. Souvent, les fonctionnaires sont très sévères dans l’application des programmes disponibles », a-t-il mentionné en entrevue téléphonique.