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23 novembre 2020 14 h 36

Œuvres littéraires 2020 ; partie 1

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CARLETON-SUR-MER | Annulations de lancements, tenue d’événements exclusivement virtuels et pandémie de COVID-19 prenant d’assaut l’attention des médias : les auteurs et autrices présentant au public une nouvelle œuvre en 2020 ne l’ont pas eu facile. Force est de constater que ces créateurs n’ont pas, règle générale, eu droit à la visibilité sur laquelle ils auraient pu fort probablement compter dans un autre contexte. GRAFFICI a ainsi choisi de leur offrir une occasion supplémentaire de vous parler de ce qui constitue, pour plusieurs d’entre eux, le fruit de plusieurs années de travail. Voici quelques-unes des nombreuses œuvres parues ou à paraître plus tard cette année et conçues par des Gaspésiens d’origine ou d’adoption

Parole de mousse! mon ABC-mer du québec
Émilie Devoe (abécédaire/jeunesse)

32 pages, paru aux éditions Bayard Canada

L’auteure jeunesse Émilie Devoe est en voyage sur la côte est américaine lorsqu’elle tombe sur de magnifiques abécédaires illustrés et dédiés aux espèces locales. De retour chez elle à Gaspé, elle cherche un équivalent, sans succès. C’est ainsi que débute le voyage à destination de Parole de mousse! Mon ABC-Mer du Québec.

Établie en Gaspésie depuis 14 ans, la dame originaire de Sept-Îles collectionne et note depuis fort longtemps les expressions gaspésiennes qu’elle considère comme de petits trésors. «Se haler» une chaise, élever une «trâlée» d’enfants ou encore cuisiner une «barge» de crêpes: beaucoup d’entre elles sont reliées à l’univers maritime. C’est donc naturellement que celle qui a publié l’album Charlot Tempo en 2016 a choisi de les intégrer à sa nouvelle œuvre. Ces expressions, présentées aux petits et grands par un mousse, cohabiteront ainsi avec différents éléments reliés à la mer. Les poissons qui l’habitent autant que les bateaux qui la naviguent sont répertoriés dans les pages illustrées par l’aquarelliste Marie-Ève Arpin.

Cet ouvrage destiné aux trois à huit ans, déjà disponible en librairie, offre, pour chaque lettre de l’alphabet, un lot de découvertes dont se délecteront aussi leurs parents. Celle qui dit avoir réalisé des recherches aussi amusantes que fascinantes tenait absolument à en partager les résultats avec les tout-petits de chez nous. « Il fallait que ça existe et que ça prenne vie quelque part. Je trouvais ça illogique que nos enfants apprennent à nommer leur milieu de vie avec des mots et des phrases de l’étranger. Je voulais qu’ils se reconnaissent, qu’on leur parle de « barachois », « d’échouerie » et de « barlicoco ». Ce ne sont pas des mots que l’on retrouve dans des dictionnaires français ou belges!», lance l’auteure en riant.


Émilie Devoe, photographiée avec son œuvre alors qu’elle venait tout juste de la recevoir.
Photo : Offerte par Émilie Devoe

D’autres ouvrages parus en 2020 à ne pas manquer (en ordre chronologique)
1. Sylvain Rivière, L’Acadie de A à Z(jeunesse), Éditions La Grande Marée, février 2020
2.Nadine Poirier, Amour interdit(jeunesse), Éditions de Mortagne, juin 2020
3.Sylvain Rivière, Les joueries du vent sur la mer(roman), Éditions La Grande Marée, juillet 2020
4.Orbie et Guylaine Guay, Clovis a peur des nuages(jeunesse), Éditions de la Bagnole, août 2020
5.Rhéa Dufresne et Thierry Manes, Le petit problème de Victor(jeunesse), Éditions Les 400 coups, août 2020
6.Marie-André Fallu, Cœur policier(biographie), Éditions de l’homme, septembre 2020
7.Anik Jean et François Thisdale, Nathan au pays des pirates(jeunesse), Éditions Édito, octobre 202

 

Les jardins de linge sale
Laurence Gagné (poésie)

72 pages, paru aux éditions Le lézard amoureux

Bien qu’il soit assez bref, trois lieux fort différents sont parvenus à se faire une place dans Les jardins de linge sale, ce petit recueil de poésie signé Laurence Gagné: la ville, la banlieue et la campagne. Les thèmes de l’exil, de l’éviction et du départ traversent ainsi ce recueil coup de poing lancé en septembre dernier à Québec.

«Les poèmes sont surtout composés d’un « je » et d’un « tu », représentant une conversation que l’on aurait avec soi-même. C’est comme si celle qui parle se demandait toujours si elle devait rester ou partir de là où elle se trouve. C’est une question qui hante le livre », explique la poétesse originaire de Carleton-sur-Mer. La Gaspésienne désormais expatriée à Montréal admet avoir elle-même mené une réflexion personnelle sur le sujet.

Avec son tout premier ouvrage, l’auteure de 25 ans dévoile au public le fruit de plusieurs années de travail: de la poésie complètement libre et inspirée de sa réalité présentée avec des textes concis. Son envie d’écrire de la poésie s’est imposée, explique-t-elle, au fil de ses nombreuses lectures. « C’est aussi devenu un peu naturel pour moi de noter des trucs entendus dans la vie de tous les jours, des choses que les gens disent. J’ai commencé à assembler ça en vers », résume celle qui œuvre notamment pour le compte des éditions Omri, à Montréal.

Selon la jeune femme, Les jardins de linge sale, qui frôle de près l’oralité, se veut « à la fois accessible et exigeant ». « Il y a quand même des trous à boucher pour le lecteur, je pense, sauf que linguistiquement, c’est super simple », mentionne-t-elle.


Laurence Gagné, photographiée lors du lancement de son recueil Les jardins de linge sale.
Photo : Gilles Gagné

La conquête du béluga
Maryse Goudreau (hybride)

100 pages, paru aux Éditions Escuminac

Examiner environ 17000 entrées d’archives, c’est le travail de moine qu’a effectué l’artiste multidisciplinaire Maryse Goudreau pour en arriver à La conquête du béluga, une œuvre hors du commun et inclassable se penchant sur 150 ans de discours parlementaires reliés à ce mammifère marin emblématique.

Pendant deux ans, la jeune femme résidant à Escuminac a littéralement «débroussaillé» tout ce qui s’est dit à la Chambre des communes relativement à la baleine blanche, devenue à la fois un emblème social, politique et écologique. «C’est tellement théâtral que je n’ai pas eu beaucoup de travail à faire. Ce sont déjà des acteurs nés, les gens qui prennent la parole en chambre!», commente l’artiste en riant.

Celle qui dit ressentir une sorte de magnétisme pour le a ainsi imbriqué les extraits choisis pour en faire une pièce de théâtre politique. Certains commentaires, lus en 2020, dépassent littéralement la fiction et témoignent d’une réelle évolution quant au sort réservé à ce spécimen. Les répliques sont entrecoupées de clichés d’allaitement de bélugas; la créatrice voulait ainsi faire un clin d’œil à la pouponnière de bélugas menacée par un projet de port industriel à Cacouna.

Maryse Goudreau, qui crée une archive dédiée au mammifère depuis2012, admet que son livre, lancé en juin dernier, peut créer une sorte de «choc culturel» en raison de sa singularité. Elle croit néanmoins que l’histoire du béluga, fort symbole pour elle de la cohabitation et du vivre ensemble, saura toucher la corde sensible de plusieurs.


Maryse Goudreau a récemment été sacrée artiste de l’année par le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ).
Photo : Anne-Marie Proulx

Lire la partie 2 de l’article par Roxanne Langlois

Lire la partie 3 de l’article par Olivier Béland-Côté