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20 juillet 2020 16 h 00

Petit guide de l’équilibre mental post-confinement

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Tous n’étaient pas dans le même état sur la ligne de départ; sans surprise, les nombreuses perturbations entraînées par ce long marathon psychologique qu’a constitué la pandémie de la COVID-19 sont vécues fort différemment d’une personne à l’autre. GRAFFICI vous présente ce petit guide à l’usage de ceux et celles qui, en fin de course, sont en quête d’équilibre.

Inquiétude et incertitude quant à l’avenir, peur de la contamination, sentiment de recevoir des instructions contradictoires et « effet d’usure » relevant de la continuelle adaptation requise par cette situation exceptionnelle : voilà quelques effets néfastes qui ont été engendrés au sein de la population, énumère la psychologue Ève Préfontaine. Fatigue et anxiété ont ainsi concrètement fait leur nid dans le quotidien de bon nombre de personnes; ce sont les personnes déjà vulnérables qui ont été les plus fragilisées.

Certains travailleurs qui ont dû poursuivre leur parcours professionnel à la maison ont également eu à faire face à une angoisse supplémentaire reliée à une baisse de productivité. Un sentiment de culpabilité découlant de la difficulté à répondre de façon optimale à l’ensemble de leurs obligations s’est aussi fait sentir chez plusieurs.

Ceux qui ont bénéficié de certains bienfaits découlant de la crise ont aussi eu droit à leur part de culpabilité; c’est ce qu’a constaté la psychologue de formation Karène Larocque, qui offre des formations et des conférences afin d’aider les travailleurs de différentes sphères professionnelles à « garder l’équilibre malgré la tempête ». « Dans mes rencontres, je l’ai vu. Ceux qui parlaient de certains effets positifs avaient tendance à s’excuser et vivaient un malaise », résume celle qui se consacre depuis 2017 à son entreprise, Simplement Humain.

Un inconfort s’est également installé dans les rapports amicaux et sociaux en écho aux mesures de distanciation sociale en vigueur et à la soudaine interdiction de se serrer la main, de s’embrasser ou de se faire une accolade. Or, le toucher constitue « une source naturelle de réconfort » dont certains ont malheureusement été privés, note Ève Préfontaine : « Quand on est touché ou qu’on touche quelqu’un d’autre, les hormones liées au stress vont avoir tendance à diminuer ».

Le déconfinement, à ne pas prendre à la légère
Au moment d’écrire ces lignes, la vie normale reprenait son cours en Gaspésie, comme ailleurs en province, et les touristes commençaient à affluer vers la péninsule. Pour certains, le déconfinement peut néanmoins avoir des conséquences aussi grandes, voire plus importantes, que le confinement. Alors que cette nouvelle réalité tend à raviver la peur et l’inquiétude ressentie lors du début de la crise, elle peut également aller jusqu’à créer deux camps diamétralement opposés entre lesquels les échanges peuvent s’avérer musclés.

« On voit des tensions sociales entre ceux qui ont peur, qui ont besoin de règles et de repères et ceux qui sont tannés, qui se déconfinent trop rapidement aux yeux des autres et parfois en transgressant les règles », explique Mme Préfontaine, qui a vu un climat « de jugement social » s’installer. « Il y a beaucoup de mépris pour la différence actuellement et je pense que ce sera un gros défi au sein des entreprises et des équipes pour l’ambiance de travail », avance pour sa part Karène Larocque.

Quelle que soit votre situation personnelle, il est fort possible que les derniers mois aient eu un effet négatif sur votre santé mentale. Si c’est le cas, voici les trois conseils que les experts que nous avons consultés vous promulguent.

1. Prenez soin de vous
« Prendre soin de soi » : c’est cliché ? Pas du tout, assurent les experts. Opter pour une bonne hygiène de vie vous aidera à recouvrir une meilleure stabilité. « On parle, entre autres, d’avoir une routine, de faire de l’exercice tous les jours, de bien s’alimenter, de bien dormir, de garder contact avec nos proches », énumère Nancy Gédéon, agente de planification, de programmation et de recherche à la Direction régionale de la santé publique. Celle-ci ajoute d’ailleurs que la surconsommation de médicaments, d’alcool ou de drogues est à éviter.

Trouver des stratégies qui vous permettront de vous détendre et de gérer votre stress, que l’on parle de méditation, d’exercices de pleine conscience, de respiration ou de relaxation est aussi suggéré. « L’idée, c’est de se ramener dans l’instant présent, dans nos sensations, dans notre corps », précise Ève Préfontaine. De plus, on vous propose de pratiquer des activités qui vous font plaisir. Jouer et vous amuser sont effectivement des moyens efficaces de recharger vos batteries lorsque la fatigue psychologique vous pèse.

Tous s’entendent également pour dire que le moment est mal choisi pour s’exposer à des facteurs de stress supplémentaires. « Je pense qu’il faudrait éviter la surexposition aux médias. Ce que j’ai pu constater, c’est que quand les gens les écoutent de façon continue, ça peut devenir anxiogène », fait valoir Mme Gédéon.


Selon la psychologue Ève Préfontaine, se promener dans un lieu fréquenté par d’autres marcheurs constitue une excellente première étape afin d’apprivoiser la peur qui peut vous tenailler en cette période de déconfinement.
Photo : Roxanne Langlois

2. Apprivoisez graduellement votre peur
Si le déconfinement est synonyme de peur pour vous, Ève Préfontaine vous conseille de l’apprivoiser graduellement. « Pour se désensibiliser, il faut s’exposer. Il faut se confronter au monde extérieur. […] Plus on évite une situation par peur, plus elle augmente », estime-t-elle. « Donnez-vous des petits objectifs à réaliser chaque jour et sur lesquels mettre votre énergie au lieu de voir juste la grosse pandémie à surmonter », ajoute quant à elle Mme Gédéon.

Avant de vous lancer en plein cœur d’une épicerie bondée, il serait fort judicieux, par exemple, de dompter votre peur en visitant des commerces moins fréquentés. Les mesures de protection prises par les commerçants et suivies par la grande majorité des clients contribueront sans doute à vous rassurer.

Si vous éprouvez un malaise avec le déconfinement, Mme Préfontaine vous rappelle qu’il est impératif de vous entourer de personnes qui seront respectueuses de votre situation et qui la prendront au sérieux. « Il faut avoir accès à des gens et à des lieux qui vous permettent de verbaliser ce que vous vivez, vos préoccupations et vos peurs. Soyez attentifs à vos sentiments et exprimez-les », conseille la psychologue.

Nancy Gédéon vous suggère également d’identifier clairement votre peur afin de pouvoir la mettre à mal, à l’aide des bonnes informations et des bonnes mesures de protection. « La peur, c’est une émotion et c’est moins contrôlable. Ce que l’on peut contrôler, par exemple, c’est ce qu’on se dit. On peut se parler, s’envoyer des messages positifs et s’entourer de gens qui le sont », rappelle-t-elle.

3. Soyez indulgent avec vous-même
L’humain peut être, pour soi-même, le plus sévère des juges  : évitez de vous accabler outre mesure. Quelle que soit votre situation, investissez vos efforts et votre énergie sur des éléments sur lesquels vous avez le contrôle. S’il pouvait s’avérer tentant, pour certains, d’essayer de récupérer le temps perdu pendant le confinement, Mme Préfontaine vous le déconseille. « Il faut apprendre à reconnaître et à respecter nos limites. Ce n’est peut-être pas le temps de s’en rajouter, mais plutôt, au contraire, de s’alléger, de déléguer, de demander de l’aide ou de
dire non à certaines choses », souligne la psychologue.

Celle-ci ajoute d’ailleurs que le télétravail peut s’avérer pernicieux. Certains tenteront en effet d’être infaillibles à tous points de vue. « Dans une situation d’adaptation comme celle que l’on vit depuis quelques mois, on ne peut pas se demander le même niveau de performance que dans une situation dite normale. On ne peut pas non plus se demander de devenir un expert de tout », explique Mme Préfontaine.

Si cela peut être bien plus ardu à faire qu’à dire, il importe de revoir ses attentes, et ce, même dans les petites tâches du quotidien. « Il faut être bienveillants envers les autres et envers soi. Il faut accepter que les choses aillent un peu moins vite », renchérit Mme Gédéon. Si l’être humain n’est en rien une machine, Karen Larocque rappelle, de façon on ne peut plus imagée, qu’il importe de « faire le plein », « d’arrêter le moteur » et de « garder un œil sur le tableau de bord » afin d’écarter les risques d’épuisement. « C’est possible qu’avant, une personne avait besoin de ne rien faire trois fois par semaine, mais que là, le besoin se fasse sentir deux fois par jour. C’est normal et légitime parce qu’on utilise notre moteur psychologique plus souvent que d’habitude », vulgarise la conférencière.

Si vous en ressentez le besoin, il importe de demander de l’aide. « Il y a beaucoup d’organismes communautaires qui sont ouverts, même si les bureaux sont fermés. N’hésitez pas, appelez. […] il suffit de faire le premier pas », souligne Dominique Bouchard, directrice générale du Centre Accalmie, une maison d’aide et d’hébergement située à Pointe-à-la-Croix.


Selon les intervenants qui ont accepté de répondre aux questions de GRAFFICI, les conséquences psychologiques découlant de la pandémie de la COVID-19 peuvent sans contredit s’apparenter à celles engendrées par un sinistre majeur.
Photo : Magali Deslauriers

 

Vous devriez demander de l’aide si :

  1. Vous n’allez pas bien et vous ne savez pas pourquoi
  2. Vous n’allez pas bien, vous savez pourquoi, mais vous ne savez pas quoi faire
  3. Vous n’allez pas bien, vous savez pourquoi, vous savez quoi faire, mais vous n’arrivez pas à le faire
  4. Vous n’allez pas bien, vous savez pourquoi, vous savez quoi faire, vous le faites, mais vous n’allez pas mieux
    Source : Karène Larocque, Simplement Humain

 

Le contexte actuel affecte-t-il votre capacité
à prendre soin de vous ou de votre famille ?

Éprouvez-vous des difficultés à exécuter vos tâches professionnelles ?
Une personne de votre entourage montre-t-elle des signes de détresse ?

DES RESSOURCES SONT DISPONIBLES POUR VOUS AIDER :

SERVICE DE CONSULTATION TÉLÉPHONIQUE PSYCHOSOCIALE
Info-social 811

LA LIGNE DE PRÉVENTION DU SUICIDE
1 866 APPELLE (277-3553)

LIGNE DE SANTÉ AU TRAVAIL DE LA GASPÉSIE ET DES ÎLES-DE-LA-MADELEINE
1 833 354-0009

PROTECTION DE LA JEUNESSE
1 866 463-0629

S.O.S VIOLENCE CONJUGALE
1 800 363-9010

RÉPERTOIRE DES SERVICES ESSENTIELS
www.ressortgim.ca/covid-19

FICHES D’INFORMATION
www.cisss-gaspesie.gouv. qc.ca/covid-19/ sante-mentale/

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