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31 juillet 2014 16 h 30

Pétrole : des résidus de forage au dépotoir de Gaspé

GASPÉ - De juillet 2012 à février 2013, la Ville de Gaspé a enfoui dans son dépotoir des résidus de forage de Pétrolia, dont certains excédaient la norme industrielle pour la concentration en baryum.

Jusqu’à récemment, un certain flou entourait les règles sur l’enfouissement des résidus de forage. Le ministère de l’Environnement a d’ailleurs réprimandé Gaspé pour la façon dont elle en a disposé.

En mai 2013, la municipalité a reçu un avis de non-conformité du ministère pour avoir utilisé des résidus de forage comme matériel de recouvrement sans demander de certificat d’autorisation au préalable. Les résidus ne respectaient pas les normes de granulométrie, c’est-à-dire qu’ils étaient trop fins, note le ministère dans son avis.

Les résidus provenaient des forages Bourque n° 1 et n° 2 (entre Grande-Vallée et Murdochville) et de l’amorce d’Haldimand n° 4, à Gaspé. Le dépotoir a reçu une soixantaine de voyages, pour un total de 1500 tonnes qu’elle a facturées 180 000 $ à Pétrolia. Il s’agissait de déblais secs, et non de boues, précise la Ville. La plupart des résidus ont été enfouis; une partie seulement a servi de matériel de recouvrement.

À la même époque, la Ville préparait et adoptait un règlement sur l’eau potable, notamment parce qu’elle s’inquiétait des fluides de forage utilisés.

Pourquoi avoir accepté les résidus de Pétrolia au dépotoir? « Jusqu’à l’automne 2013, on a toujours pensé qu’il fallait les assimiler à des sols contaminés et que tant qu’ils ne dépassaient pas la norme C [dite industrielle], on n’avait pas le choix de les accepter », explique Jocelyn Villeneuve, directeur par intérim des travaux publics à Gaspé.

Baryum en excès

La Ville a tout de même fini par accepter, avec la bénédiction du ministère de l’Environnement, certains résidus qui excédaient la norme industrielle pour le baryum, un ingrédient des fluides de forage.

Gaspé avait d’abord dit non, rapporte M. Villeneuve. Mais des discussions avec le ministère et Pétrolia l’ont convaincu qu’il fallait assimiler les résidus à des déchets potentiellement dangereux, et non à des sols contaminés. Paradoxalement, cette interprétation permettait à la Ville de les enfouir dans son dépotoir.

Le problème : la Ville n’a pas fait subir aux résidus les tests applicables aux déchets potentiellement dangereux avant de les enfouir. Ces tests auraient permis de vérifier si certains contaminants peuvent s’écouler dans le lixiviat (« jus de poubelle ») et donc se retrouver dans la nature.

Le ministère de l’Environnement passe l’éponge : « Pour nous, le dossier est clos. [Gaspé] s’est conformée. Elle a cessé d’utiliser [les résidus de forage] comme matériel de recouvrement », indique Jules Boulanger, directeur régional du Centre de contrôle environnemental.

En décembre 2013, le ministère a envoyé une lettre à la Ville « pour expliquer quelle était la procédure et être certain que tout est clair », ajoute M. Boulanger.

Gaspé promet de clarifier ses règles

Cet automne, Pétrolia prévoit poursuivre le forage d’Haldimand n° 4 et Junex forera un puits horizontal sur sa propriété de Galt, à 20 kilomètres de Gaspé.

Gaspé promet que les règles seront clarifiées d’ici là. « On va revoir notre procédure, s’asseoir avec le ministère de l’Environnement pour identifier des paramètres. On va vouloir quelque chose de plus précis et de plus sévère », explique M. Villeneuve.

La Ville a « une plus grande latitude » dans le cas de déchets potentiellement dangereux, explique M. Villeneuve. Elle peut décider de les refuser, même les tests révèlent que les résidus répondent aux normes applicables.

Les refuser irait toutefois à l’encontre du Plan de gestion des matières résiduelles de la Côte-de-Gaspé, dont « l’orientation est de gérer les matières résiduelles chez nous », précise M. Villeneuve.

En 2012, Gaspé recevait des résidus de forage pour la première fois, même si d’autres puits ont été forés dans le voisinage de Gaspé avant cette date.