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20 décembre 2017 21 h 22

Raymond Caplin, du sous-sol au baccalauréat en cinéma à Concordia

Gilles Gagné

Journaliste

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LISTUGUJ – Ils se distinguent dans leur domaine d’activités, comme cinéaste, anthropologue, politicienne, athlète ou scénariste. Rencontre avec des Micmacs aux racines gaspésiennes. Aujourd’hui, Raymond Caplin, de Listuguj.

Quand Raymond Caplin a été invité à participer à la session de production cinématographique de Wapikoni Mobile, à l’été 2012 dans sa communauté de Listuguj, il venait de passer deux ans chez son frère, « à ne rien faire, sauf dessiner un peu », à Moncton, et il égrenait le plus clair de son temps dans le sous-sol de ses parents, crayons ou ordinateur en mains.

Son père Gordon, électricien chargé d’aider les gens de Wapikoni Mobile à s’installer à Listuguj, avait eu un bref échange avec les membres de l’équipe vouée à l’éclosion du cinéma autochtone. M. Caplin leur avait dit qu’il leur enverrait «Ray» pour le sortir de son sous-sol et leur montrer ses dessins. C’est en plein le genre de candidat que les gens de Wapikoni voulaient voir.

« Légitimement, je dois à mon père ma présence à Wapikoni. Il venait me voir au sous-sol pour me dire d’y aller et je lui répondais « peut-être un autre jour ». Un matin, il m’a dit « non, viens-t-en! ». Je me suis présenté là avec trois ébauches d’histoires, comptant 30 ou 40 dessins chacune, des histoires surtout inspirées par la Gaspésie. Il y avait des dessins sur l’environnement de la région, des massifs de montagne, et une histoire d’horreur », se souvient Ray Caplin.

Son film d’animation, Dans ton cœur, le sujet choisi pour le séjour de Wapikoni, a finalement compté 2 166 dessins! « L’équipe de Wapikoni doutait de ma capacité de le terminer. J’arrivais de nulle part. Je me disais que j’étais capable, mais je n’étais pas certain. »

À partir de cet été 2012, Ray a connu une ascension étourdissante, avec l’aide du cinéaste Marco Luna et d’autres membres de Wapikoni.

« Ils encouragent vraiment les cinéastes. Ils m’ont aidé à me rendre à Concordia. Je n’y serais pas sans Marco Luna. Ils m’ont aidé à me rendre au Gobelins (un stage à cette école réputée de l’image, à Paris) en 2013 et ça m’a fait connaître considérablement », dit-il.

C’est ainsi que ce décrocheur du secondaire a été accepté au rigoureux programme de cinéma de l’Université Concordia en septembre 2013, sans cégep, mais avec un intense bagage amassé entre 22 et 23 ans.

Cette année, Ray Caplin prend un congé d’études. « Je reviendrai pour ma dernière année à Concordia à l’automne 2018 et terminer mon baccalauréat. Je voulais expérimenter la vie de pigiste comme cinéaste d’animation. C’est prometteur. »

Où se voit-il dans 10 ans? « Je me vois toujours là-dedans (le cinéma), probablement comme pigiste. J’aime la liberté que me procure mon statut de concepteur et de producteur de films d’animation. Je suis polyvalent. J’aime mener mes propres projets, les diriger. Je n’exclus pas travailler dans «l’industrie» (pour des compagnies de production) mais je crois que ce sera pour une période définie, pour essayer », explique-t-il.

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