Rencontre avec Yvan Whittom : artiste du changement, créateur d’avenir…
CAP-D’ESPOIR | Peut-être que son nom ne vous dit rien. L’homme est plutôt discret et ne cherche pas les honneurs. De son propre aveu, il n’apprécie d’ailleurs pas beaucoup les projecteurs. Pourtant, Yvan Whittom a marqué le visage culturel de la Baie-des-Chaleurs au tournant des années 1990. Puis, après plus d’une décennie passée « ailleurs », il est revenu au bercail et, par ses idées et sa créativité, a complètement révolutionné l’offre touristique dans la MRC du Rocher-Percé. Rencontre avec un artiste du changement, un créateur d’avenir.
«Le projet dont je suis le plus fier, c’est toujours le prochain que je vais faire. Ce qui m’allume, c’est d’inventer des choses nouvelles qui seront porteuses d’avenir. C’est ça qui est le plus stimulant pour moi», explique l’homme interpellé sur ce qui le motive et le passionne.
Passage marquant dans la Baie-des-Chaleurs
En venant ouvrir sa clinique dentaire à Carleton en 1985, Yvan Whittom s’engage rapidement dans sa communauté. De 1985 à 1990, il est président fondateur du Centre d’artistes Vaste et Vague. « Il y avait beaucoup d’artistes émergents qui avaient besoin de se regrouper », se souvient-il.
Il fonde, préside et coordonne, de 1989 à 1995, le diffuseur de spectacle Maximum ’90 ainsi que le célèbre Maximum Blues qui prendra son envol en 1993. Comme on le sait, le festival fera vibrer Carleton pendant 20 ans. Mais ce sera ensuite sans Yvan Whittom, qui quitte toujours quand tout est en place, pour de nouveaux défis.
Pendant son passage dans la Baie-des- Chaleurs, il aura aussi notamment été président fondateur du Conseil de la culture de la Gaspésie. Il est également de ceux qui ont jeté les bases du projet du Quai des arts, qui sera construit en 2002-2003 à Carleton- sur-Mer.
«Mais, c’était toujours avec d’autres. Je n’étais jamais tout seul. Il y a bien des idées qui ont émergé avant que j’arrive, précise humblement Yvan Whittom. Le Conseil des arts, c’était bien plus l’idée d’Aurélien Bisson et de Daniel Galarneau», tient-il à souligner. Tout de même, il a plaisir à se rappeler le temps où sa demeure était à la fois le siège social du Conseil des arts, de Maximum ’90 et du Maximum Blues.
L’envers du décor
En délaissant sa profession de dentiste en 1994, puis en quittant la Baie-des-Chaleurs en 1995, Yvan Whittom a envie de voir l’envers du décor. Il prend alors la route avec Kevin Parent pour sa première tournée : Pigeon d’argile , de 1995 à 1997. Puis, il repart avec le groupe Okoumé en 1997-1998.
L’artiste dans l’âme se fait ensuite producteur d’albums : Franchir la nuit de Pierre Robichaud (1755) et Hymne au fleuve de Gilles Bélanger, puis producteur délégué des Films Gilles Carle pour Je pleure, tu pleures , de Chloé Sainte-Marie.
Puis il contribue à la rédaction et à la diffusion des nouveaux programmes de la Fondation Musicaction à travers tout le Canada.
Retour remarquable dans sa ville natale
«Tout d’un coup, je décide de tout laisser, de tout vendre, et de revenir chez ma mère à Chandler.» C’était en 2007. Depuis, Yvan Whittom calcule que ses projets ont suscité des investissements dépassant les 20 millions de dollars. Ainsi, il reconnaît qu’il a carrément révolutionné l’offre récréotouristique dans Rocher-Percé
« Je ne suis pas un artiste, mais j’aime être un artisan du changement». Et la tombée officielle de la vocation industrielle pour Chandler lui donnait toute la place pour du gros changement. « Ils m’ont laissé une très, très grande liberté pour créer. »
D’abord à titre de consultant en développement d’événements, de 2009 à 2011, il donne vie au Chandler Challenge, à Exploration Quad et à Motoneige en musique
« Mais tu ne développes pas une économie juste sur de l’événementiel. Il fallait faire plus que ça», opine celui qui devient, à partir de 2011, agent de développement récréotouristique pour la Ville de Chandler, où l’on souhaite miser énormément sur le développement de l’offre touristique. S’ensuivent le Circuit des bâtisseurs, l’Atelier d’art, la passerelle pour piétons et cyclistes et la rénovation de la salle de spectacle Thomas- Morrissey.
« Pendant que les projets avançaient, les gens disaient qu’il y aurait de moins en moins de monde malade à l’hôpital. Ils étaient convaincus que tout ça allait améliorer la santé des gens. En tout cas, ça leur a redonné le sourire, c’est certain. Pour moi, ç’a été le premier impact. Le plus important, améliorer la qualité de vie et l’estime des gens de la place. »
Selon lui, le Circuit des bâtisseurs fut le point culminant. De faire un élément muséal de la vocation industrielle de Chandler, c’était à son avis affirmer que tout Chandler acceptait de passer à autre chose, de mettre l’industriel bel et bien derrière eux.
«Et de relier Chandler au Parc du Bourg de Pabos et la Base de plein air de Bellefeuille par le chenal a définitivement été l’élément fondateur de la renaissance post-Gaspésia, opine Yvan Whittom. C’est d’ailleurs après ça qu’est apparu, sans surprise, Nova Lumina de Moment Factory », fait-il remarquer. Mais à ce moment, le créateur planchait déjà sur un autre projet.
Pilier du Géoparc mondial de l’UNESCO de Percé
De 2014 à 2017, il est coordonnateur et chargé de la construction et de la mise en opération du Géoparc Mondial de l’UNESCO à Percé. «Le projet ne datait pas d’hier. D’autres y avaient travaillé avant moi», précise encore M. Whittom. Il aura tout de même trimé dur pendant trois ans pour formater, boucler le financement et concrétiser ce projet de 7,5 millions $, devenu le premier Géoparc mondial de l’UNESCO au Québec.
« Le label de l’UNESCO, c’est très important. C’est un gage d’un achalandage mondial pour Percé », se réjouit Yvan Whittom qui, depuis, a déjà deux autres accomplissements à son actif, soit la fusion de Nova Lumina avec le Bourg de Pabos l’an dernier et la réalisation du projet URA, un circuit multimédia qui raconte aux visiteurs dans de petites salles de cinéma installées au bord de la mer, tout plein d’histoires en lien avec l’eau et les naufrages.
URA sera en activité cet été. Évidemment, Yvan Whittom a déjà la tête ailleurs… une histoire de piste cyclable pas comme les autres pour Chandler…
«J’en suis à ma huitième version du projet. C’est parce que je travaille dans l’ouverture et qu’une idée en amène toujours une autre. Mon trip, c’est de prendre toutes ces petites pièces de puzzle imaginées par plein de monde et d’en faire quelque chose de concret, de réalisable. De faire d’une pizza, une marguerite. C’est ça que j’aime faire ! », conclut le créateur d’avenir.
Prix et distinctions
2017 – TEKTONIK (Géoparc de Percé) remporte le Prix NUMIX et le prix Excellence de la Société des musées du Québec.
2014 – Le Circuit des bâtisseurs (Chandler) remporte le prix Attraction touristique aux Grands prix du tourisme gaspésien et obtient une nomination aux Grands prix nationaux.
1995 – Yvan Whittom reçoit le prix Hommage ROSEQ
1995 – Maximum Blues reçoit le Prix gaspésien de l’événement aux Grands prix du Tourisme
1992 – Maximum ‘90 remporte le Félix dans la catégorie «Diffuseur de spectacles de l’année» au gala de l’ADISQ ainsi que le prix RIDEAU catégorie «Diffusion» pour le Réseau d’été de l’Est du Québec.