Résidus marins : les usines prêtes à les valoriser
GASPÉ – Les usines de transformation de produits marins sont conscientes qu’elles doivent valoriser davantage leurs résidus, mais manquent de l’expertise nécessaire pour y arriver.
Cinq usines de l’axe Cap-d’Espoir – Grande-Rivière épandent leurs résidus de crabe, de homard et de poisson dans les champs, comme fertilisant. Cette solution coûte entre 20 $ et 40 $ la tonne, comparativement à 125 $ la tonne pour enfouir des résidus marins au dépotoir de Gaspé.
«La valorisation agricole nous évite de payer pour enfouir les déchets, même si il y a certains coûts, dit Michael Cloutier, technicien de procédés et de qualité pour les Fumoirs Gaspé Cured, Poisson salé gaspésien et Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan. Mais s’il y a moyen, avec les biotechnologies, de faire un produit lucratif, ce serait mieux.»
M. Cloutier est au fait de certaines possibilités : ces dernières années, son employeur a expédié un conteneur de carapaces de homard séchées en Chine. Le client voulait en faire de la glucosamine. Des résidus de turbot sont aussi envoyés en Chine, «où les méthodes d’extraction sont différentes».
La valorisation agricole a ses limites : quand les usines transforment en hiver, ce qui est de plus en plus fréquent, elles doivent entreposer les résidus en attendant de pouvoir les épandre.
Un guichet unique?
«Ça nous prend un plan B» admet aussi Henri Clapperton, d’E. Gagnon et Fils et Dégust-Mer à Sainte-Thérèse, deux usines qui épandent leurs résidus de crabe et de homard dans les champs.
«Mais dans nos activités habituelles de transformation, on n’a pas toujours l’expertise pour trouver une solution, ajoute M. Clapperton. Ça prendrait un guichet unique, avec toute l’information, pour nous guider et nous appuyer.»
«On commence à l’envisager [ce guichet unique] avec un outil qu’on a déjà, le créneau ACCORD», déclare Pierre Blier, professeur à l’Université du Québec à Rimouski et conseiller scientifique chez Ocean Nutrasciences.
Le créneau d’excellence «Ressources, sciences et technologies marines», partagé entre la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord, dispose d’employés et d’un programme de subvention, notamment pour des activités de recherche.