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23 juin 2015 10 h 17

« SÉCESSION », UNE LECTURE ESSENTIELLE

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CARLETON-SUR-MER - S’il y a un ouvrage que les Gaspésiens doivent lire actuellement, c’est «Sécession : Et si la Gaspésie devenait un pays libre?». Que l’on soit d’accord ou pas avec la question de la «souveraineté de la péninsule», il s’agit d’un exercice de réflexion nécessaire, presque obligatoire.

Depuis la fin des années 1940, la Gaspésie est soumise à divers chocs, dont la gravité varie. De toutes ces secousses, celles déclenchées par les actions, et l’inaction, des gouvernements conservateur de Stephen Harper et de libéral de Philippe Couillard sont probablement les plus graves.
 
C’est pour cette raison que le livre écrit par un collectif d’auteurs supervisés par David Bourdages et Philippe Garon arrive à point. C’est un peu comme planter une fourchette dans le grille-pain. Il se passera quelques chose et dans ce cas, ce sera assurément salutaire.
 
Le livre redonne des arguments pour se battre, pour réfléchir et il fournit des solutions pour refaire le plein de courage. Ce courage est sans doute le plus utile des carburants pour les Gaspésiens. Il l’a été dans le passé, il l’est actuellement et il le sera demain.
 
Déjà, les mentions de la parution du livre diffusées en «ville» ont attiré les critiques, du genre «nos taxes vont baisser si les Gaspésiens», et «qu’ils emmènent leurs éoliennes».
 
Ces réactions sont-elles surprenantes? Bien sûr que non, parce que les gueulards qui écoutent les inepties des clowns tristes que sont Jeff Fillion et d’Éric Duhaime seront toujours plus bruyants que les gens réfléchis. Les critiques, peut-on présumer, n’ont pas compris que David Bourdages, Philippe Garon, Roxanne Langlois, Myreille Allard et Roseline Lemire-Cadieux, pour ne nommer que ceux-là, étaient capables, eux, de parler au deuxième degré.
 
Parce que c’est bien sûr du deuxième degré dont il s’agit. «Je ne m’intéresse pas du tout à une sécession de la Gaspésie dans le sens pur et dur (…) Ce que je veux, c’est que nous nous parlions. Comme du monde. Que nous choisissions la bienveillance. Que nous nous tenions. Que nous prenions des risques. Que nous mobilisions notre vaillance, notre efficacité, nos compétences et notre bonne humeur», écrit Philippe Garon.
 
Que répond-on à des gouvernements qui, par aveuglement idéologique, par ignorance ou par simple stupidité, choisissent de déstructurer des régions pour mieux les livrer aux forces du marché, au capitalisme sauvage et à leurs amis? Que répond-on à des gouvernements qui divisent pour régner, qui se sentent menacés par des citoyens, par opposition aux «contribuables» si chers au premier ministre Philippe Couillard, qui avaient pris l’habitude de s’organiser pour mettre fin aux guerres de clocher, pour contrer l’exode des jeunes?
 
Nous avons le choix de nous écraser, ou de regagner nos esprits, de nous relever et d’établir le dialogue avec ceux qui ont une colonne vertébrale. Et ces gens munis d’épine dorsale sont suffisamment nombreux en Gaspésie pour faire une différence, pour générer les emplois qui sont fauchés par les coupes gouvernementales, pour encourager ceux qui ont tendance au découragement, pour montrer par l’exemple que nous devons «prendre soin de nous», notamment par le biais de l’achat local, puisqu’il est possible que personne d’autre ne le fasse. Et si d’autres le font, ce qui est plausible, ce sera tout simplement un boni.
 
Là où nous sommes rendus, après des milliers d’années d’établissement autochtone et plus de 500 ans de présence d’autres peuples, il est clair que l’abdication n’est de toute façon pas une solution.
 
Ce qui frappe le plus chez les jeunes et moins jeunes revenus ou venus s’établir en Gaspésie depuis 10 ou 15 ans, c’est leur détermination. Malgré la bassesse démontrée par le gouvernement Couillard en abolissant la Conférence régionale des élus et la Commission jeunesse, en affaiblissant ou en supprimant les Centres locaux de développement, et en minant ou en modifiant un large groupe d’institutions de santé et d’éducation, ces jeunes instruits, bien qu’ébranlés par les assauts des 15 derniers mois, semblent décidés à rester et à faire croître la région.
 
Ce qui est plus rassurant encore, c’est que de nouveaux arrivants continuent à «débarquer», ou à montrer de l’intérêt pour s’y établir.
 
Les idiots sont minoritaires au Québec, même s’ils jappent souvent fort. Pour rejoindre les gens influençables toutefois, il faut renforcer notre solidarité régionale. Il faut commencer ici, avec le plus de citoyens possible, et sensibiliser les autres régions par la suite. Elles emboiteront le pas si elles ont un exemple à suivre. L’émergence du mouvement Touche pas à ma ou à mes régions est en un bon exemple de Gaspésie évoluée plutôt que suiveuse.
 
Nous avons déjà des meneurs, de divers styles, et d’autres n’attendent qu’une occasion de le devenir. Ils n’ont pas besoin d’être tous d’accord. Il faudra encourager ces meneurs avec des idées progressistes.
 
Comment? Si on les considérait comme de jeunes chanteurs en émergence? Les Kevin Parent, Laurence Jalbert, Patrice Michaud, Marie-Pierre Arthur  et Gilles Bélanger de ce monde ont d’abord cru en eux ici avant de se faire connaître ailleurs.
 
Les Gaspésiens sont forts, contrairement au discours qui nous arrive trop souvent de l’extérieur et, malheureusement, de l’intérieur. Ils doivent le devenir davantage. C’est de cette façon qu’ils attireront d’autres gens courageux, des gens qui n’auront pas peur des frondes venant des gouvernements qui nous «dirigent». C’est un peu ça, le message de «Sécession».