Un parc éolien de «premières» à l’Ascension-de-Patapédia
Le parc éolien du Plateau, inauguré lundi par la direction d’Invenergy Wind, présente plusieurs aspects singuliers, quand on le compare aux autres complexes éoliens présentement en exploitation au Québec.
Il est pour le moment le plus puissant, avec 138,6 mégawatts installés, et celui ayant requis le plus grand investissement, 330 millions de dollars.
Il perdra ces deux titres avant longtemps, puisque d’autres parcs éoliens québécois dépasseront ces chiffres sous peu. En attendant, il présente d’autres caractéristiques qui lui confèrent, du moins temporairement, des têtes de classement en matière statistique.
Les 60 éoliennes du Plateau mesurent 85 mètres de hauteur sous la nacelle, la pièce d’équipement qui abrite le cœur de l’éolienne, la turbine. Ces tours n’ont pas d’égal pour le moment dans la province. Les turbines d’Enercon installées à l’Ascension-de-Patapédia sont les plus puissantes en fonction au Québec, avec une capacité de 2,31 mégawatts.
Elles sont les premières tours livrées par l’usine d’Enercon à Matane et elles ont la particularité d’être en béton, du moins pour les 18 premières sections, en partant de la base. Les deux sections d’acier supportant la nacelle ont été livrées par Fabrication Delta, de New Richmond.
«C’est le premier parc du deuxième appel d’offres d’Hydro-Québec à entrer en exploitation», précise Frits de Kiewit, chargé du développement des affaires chez Invenergy à Montréal. La société a son siège social à Chicago. L’appel d’offres auquel il fait référence s’est conclu avec l’annonce des promoteurs retenus en mai 2008, pour l’érection de parcs totalisant 2000 mégawatts.
M. de Kiewit assure de plus que c’est le premier parc éolien québécois à avoir été exempté du processus d’audiences publiques en environnement. Il vante l’approche proactive adopté par sa compagnie.
«Deux ans avant la construction du parc, nous avons formé un comité de suivi pour prendre connaissance de toutes les préoccupations de gens, et répondre à leurs questions», dit-il.
Le parc éolien est en outre éloigné de près de 20 kilomètres de l’Ascension-de-Patapédia, un facteur qui peut avoir influencé l’acceptabilité sociale, puisqu’il n’est ni visible, ni audible.
Les redevances payées à la communauté sont en outre significativement plus élevées que celles versées par les promoteurs des parcs éoliens du premier appel d’offres, celui de 2004, totalisant 1 000 mégawatts.
Invenergy versera ainsi 2 400 $ par mégawatts installés, par an, pendant les 20 ans que durera l’entente, auxquels il faut ajouter annuellement 300 $ par mégawatts installés pour un fonds d’initiatives communautaires. Le total de 2 700 $ par mégawatts est significativement plus élevé que les 1 200 $ du parc éolien de Cartier Énergie à Carleton, mais le coût par kilowatts vendus à Hydro-Québec est aussi plus élevé dans le cas du projet Le Plateau.
Lors de la période de pointe de la construction, jusqu’à 450 personnes ont été mobilisées par l’aménagement du parc de l’Ascension. Invenergy emploie maintenant neuf personnes à son entretien et à son exploitation. Quelques emplois supplémentaires s’ajoutent, notamment des gens travaillant pour le turbinier Enercon, pour la surveillance des équipements lors de la période de rodage.
Lors de l’inauguration officielle du parc le 11 juin, le président et chef de la direction d’Invenergy, Michael Polsky, s’est dit «heureux de cette première initiative de notre compagnie au Québec, une province qui se distingue par son potentiel de production d’énergie de sources renouvelables».
Invenergy développe présentement un parc éolien tout près de Thetford Mines et entamera un second projet en Gaspésie en 2013, le Plateau 2, une initiative menée en collaboration avec la Régie inter-municipale de l’énergie de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Il s’agira d’un parc d’une capacité de 23 mégawatts, adjacent aux tours actuelles, «et il nécessitera un investissement de 70 millions à 75 millions de dollars», souligne Frits de Kiewit.
Le parc de l’Ascension-de-Patapédia devait être entièrement en exploitation en décembre 2011, mais la firme Enercon a dû adapter certains de ses équipements aux conditions climatiques du Québec, d’où un retard de quelques semaines dans la livraison du projet.