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19 juillet 2013 16 h 52

Algue Didymo : une densité record près de la Bonaventure

BONAVENTURE – Une algue proliférant dans les cours d’eau limpides a envahi un affluent de la rivière Bonaventure de façon anormale et inquiète le Conseil de l’eau Gaspésie Sud.

La couche d’algue Didymo trouvée il y a quelques jours, forme un tapis de 45 millimètres d’épaisseur et s’étend sur plus de 200 mètres. C’est deux fois plus que la moyenne au Québec.

Le Conseil de l’eau Gaspésie Sud et la spécialiste reconnue de cette algue, Carole-Anne Gillis ont constaté cette invasion à Saint-Elzéar, d’une rive à l’autre de la rivière Duval. Selon le constat de la chercheure, cette prolifération de l’algue Didymo serait la plus sévère jamais enregistrée dans l’Est du Canada. « C’est même plus qu’en Nouvelle-Zélande où la moyenne de 40 millimètres d’épaisseur est jugée extrême », déplore la jeune femme originaire de Matapédia.

La Didymo est la seule qui se développe dans des cours d’eau très peu pollués, froids et bien oxygénés. Elle était au 19e siècle un signe d’excellente qualité de l’eau. Selon l’étudiante au doctorat à l’INRS de Québec, elle ne produit pas de toxine comme les algues vertes et bleues.

Sa présence influence en revanche l’alimentation des saumons et des truites. « Les proies des saumons juvéniles, des larves d’insectes aquatiques, diminuent, mais est-ce que la présence de ces tapis d’algues influencent la croissance et la survie de ces poissons? », cherche-t-elle à comprendre.

Des conséquences sur les saumons

Le directeur du Conseil de l’eau Gaspésie Sud, Michel Chouinard, s’inquiète de la propagation de l’algue dans la rivière Bonaventure, où elle avait été décelée en faible quantité, en 2009. « On se rend compte que cela peut dépasser le niveau connu de petites nuisances. Ce n’est pas seulement des algues prises dans les lignes de pêcheurs, cela implique des changements pour les truites et les saumons. C’est aussi moins attractif visuellement pour les gens qui descendent la rivière en canot. Les activités de loisirs représentent cinq millions de dollars de retombées économiques par an », rappelle M. Chouinard. 

Contrer la propagation

Les scientifiques ont deux sortes d’explications. Ces algues auraient toujours été présentes et se développeraient anormalement à cause des changements environnementaux. Elles auraient aussi pu être rapportées par du matériel de pêche mal nettoyé des États-Unis ou de l’Ouest canadien.

M. Chouinard souhaite trouver des solutions et pour cela demande de renforcer les fonds alloués à la recherche. Les recommandations pour éviter sa propagation sont de nettoyer le matériel utilisé dans un cours d’eau avant de s’en servir dans un autre.

Rappelons que l’algue Didymo a été décelée pour la première fois dans la rivière Matapédia en 2006. Elle est présente dans presque toutes les rivières gaspésiennes.