CTQ à Gaspé : mur d’oppositions face aux demandes d’Orléans Express
GASPÉ – Orléans Express souhaite laisser à la région le soin d'organiser le transport de passagers par autocar et se concentrer sur l'axe Montréal-Québec-Rimouski. L'entreprise propose une période de transition en réduisant passablement son service dans la région, mais se heurte à un mur d'oppositions.
« On veut se concentrer sur le corridor Montréal-Québec-Rimouski et le restant du réseau, c’est de passer sur un modèle sous la responsabilité des régions », indique le porte-parole de Keolis Canada, maison mère d’Orléans Express, Marc-André Varin, devant la Commission des transports du Québec (CTQ) qui a amorcé les audiences publiques à Gaspé mardi sur la refonte en profondeur de sa desserte à travers plusieurs régions du Québec, dont la Gaspésie.
En point de presse, M. Varin est allé plus loin : « C’est de regarder la possibilité de cesser nos opérations à Rimouski et que toute la péninsule serait reprise en charge par la RéGÎM, soit opéré par des plus petits bus ou donné à contrat sous un concept de délégation de services publics ».
Orléans Express a perdu 3,57 M$ en 2013 sur la desserte Rimouski-Gaspésie. L’entreprise calcule perdre ainsi 10 000 $ par jour en Gaspésie, soit la perte globale sur l’ensemble du réseau.
L’entreprise souhaite réduire de quatre à deux le nombre d’aller-retour entre Gaspé et Rimouski et elle veut éliminer les circuits entre Rimouski et Sainte-Anne-des-Monts du côté nord et Carleton-sur-Mer du côté sud. La desserte de Percé serait abandonnée. Elle estime que les revenus générés sur la ligne Montréal-Québec ne peuvent plus compenser les pertes subies notamment en Gaspésie. La concurrence, notamment du covoiturage, fait mal à l’entreprise.
« On ne peut pas faire le statu quo. Il y a des demandes à court terme pour 12 mois, le temps de s’organiser avec les régions et avec Québec pour trouver une solution durable pour un nouveau service qui serait offert en 2016 », dit M. Varin en guise de conclusion.
Le plan de réduction de service fait partie d’un plan global de redressement de l’entreprise dans un contexte où c’est l’ensemble de l’industrie du transport de passagers par autocar vit une crise. Orléans Express souligne ne toucher aucune subvention de la part de l’État – étant une entreprise privée -, contrairement aux autres modes de transports collectifs que sont le transport en commun ou Via Rail.
Demandes mal accueillies
« C’est une belle présentation pour les actionnaires, réagit à chaud le maire de Percé, André Boudreau, qui voit sa ville ne plus être desservie par Orléans Express. On demande de mettre ça de côté et regarder quelque chose qui a du bon sens, qui est plus acceptable. »
« On a l’impression qu’on garde le filet mignon et on donne le steak haché à la Gaspésie. Je pense qu’on aurait dû organiser un exercice de réflexion pour trouver qu’est-ce qu’on pourrait proposer. On peut pas dire voici ce qu’on veut et ce qui va arriver. C’est pas comme ça que ça marche », commente le préfet de la MRC de la Haute-Gaspésie qui a demandé un moratoire à la CTQ, le temps de trouver une solution. Une solution que ne peuvent imposer les commissaires de la CTQ ont-ils pris soin de préciser.
« On pense qu’il serait peut-être lieu d’envisager des scénarios viables avant d’accorder une diminution de service de l’envergure demandée par Orléans », précise le directeur général de la RéGÎM, Antoine Audet.
Au total, une dizaine de mémoires et plusieurs individus ont fait entendre leur mécontentement à Gaspé aujourd’hui. Les audiences se poursuivent mercredi après-midi à Carleton-sur-Mer. La CTQ a reçu 110 interventions de partout à travers la province concernant cette demande de Kéolis.