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13 septembre 2023 13 h 08

Des mots, des notes et des images – André Lemieux

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Plonger dans l’histoire du Frederika Lensen

GRANDE-VALLÉE | Depuis juin, le Camping au Soleil couchant de Grande-Vallée propose une incursion dans l’histoire méconnue du Frederika Lensen, torpillé le 20 juillet 1942 au large du village. Un site d’interprétation et, en surplomb du golfe, la réplique du navire offre un observatoire exceptionnel sur le décor où s’est jouée cette tragédie au coeur de la Bataille du Saint-Laurent.

Une fois l’heure, un car électrique conduit les visiteurs vers l’Espace Frederika Lensen. Un documentaire d’une vingtaine de minutes, intitulé Au coeur de la Bataille et produit par Gaspa Vidéo de Carleton-sur-Mer, est projeté au sein d’un bâtiment qui fait office de cabine du navire. Le film raconte la tragédie lors de laquelle quatre marins ont trouvé la mort et donne la parole à des habitants de Grande-Vallée qui se souviennent de l’événement.

Construite à l’échelle 1/3, la pointe du navire britannique est d’une longueur de 38,1 mètres (125 pieds). S’avançant au sommet de la falaise, elle permet d’admirer le fleuve et devient régulièrement le théâtre de spectacles de musique. L’attrait a requis un investissement de 300 000 $.

C’est le gestionnaire du Camping, André Lemieux, qui a proposé l’idée au propriétaire de l’entreprise, Guillaume Côté. Il faut cependant dire que M. Lemieux caressait ce rêve depuis 2015, à l’époque où il était consultant en développement pour la Municipalité de Grande-Vallée. Mais le concept était trop coûteux pour le village de moins de 1100 habitants. « C’est resté sur la tablette jusqu’à ce que, l’été passé, je mette l’idée dans l’oreille de Guillaume », raconte le gestionnaire du Camping depuis cinq ans.

Seul navire torpillé demeuré à flot

Parmi les 23 navires torpillés entre Rimouski et Gaspé, le seul qui est demeuré à flot est le Frederika Lensen, et ce, pendant une vingtaine d’années. Après avoir été attaqué par le sous-marin allemand U-132, il a été remorqué dans la baie de Grande-Vallée. Le navire avait été acheté par une compagnie de ferraille de Cap-Chat pour le démanteler. « Mais cette compagnie de ferraille a fait faillite un an plus tard, relate M. Lemieux. Jusqu’au début des années 1960, on le voyait en entier. Avec le temps, il s’est ensablé. Déjà blessé, les marées, les glaces et les vents ont fini par le casser en deux et il a calé. »

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la population de Grande-Vallée étant pauvre, le navire a été pillé. « Les habitants ont récupéré tout ce qui était utile : le système de chauffage, les assiettes, les fers à repasser, une toilette », confirme le titulaire d’un doctorat en développement régional.

À son avis, ce qui rend cette épave unique, c’est qu’elle est le seul témoin de la Bataille du Saint-Laurent qui est facilement accessible. « En bateau, à marée basse, on peut même le voir. On peut faire de la plongée dessus. » Cependant, comme le Frederika Lensen et son histoire sont très peu connus, peu de plongeurs s’y intéressent, se désole-t-il.


André Lemieux avait imaginé ce projet en 2015. Photo : Johanne Fournier

Un projet de village

Pour André Lemieux, cette initiative n’est qu’un début. « Je souhaite que ça devienne un projet de village. Il y a plein de pièces [du Frederika Lensen] dans les maisons. Il pourrait y avoir des panneaux d’interprétation pour que, quand les touristes entrent à Grande-Vallée, ils entrent dans une atmosphère, un lieu de mémoire. »

Selon lui, l’entreprise projette éventuellement d’acheter un bateau pneumatique doté d’un plancher vitré pour aller au-dessus de l’épave. Le gestionnaire du Camping va jusqu’à imaginer un circuit disposant d’une navette qui conduirait les visiteurs vers Madeleine, où le Leto a été torpillé, vers Pointe-Frégate, où le Nicoya a été coulé et vers Saint-Yvon pour voir une torpille oubliée. « On pourrait faire un black-out en chemin », suggère le passionné d’histoire, en faisant référence à la consigne voulant que, lors de la Bataille du Saint-Laurent, aucune lumière ne devait être vue du fleuve.

Brève histoire du Frederika Lensen

Le Frederika Lensen, d’abord connu sous le nom de Trevaylor, est un cargo à vapeur de commerce et de transport construit par John Readhead and Compagny à South Shields, au Royaume-Uni. De fabrication semi-industrielle, le navire marchand, bâti en métal et en acier, faisait 8 mètres (de coque) de hauteur sur 15,5 mètres de largeur sur 112,7 mètres de longueur.

Le Trevaylor a été la propriété de Hain Steamship Company jusqu’en 1934, où il a été vendu à Lensen Transport Limited, qui l’a rebaptisé Frederika Lensen. Il a été revendu en 1940 à la Galbraith Pembroke and Company. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le cargo est affrété par le ministère britannique des Transports de guerre et participe au ravitaillement du Royaume-Uni. Il est affecté aux convois sur le Saint-Laurent.

Pour lire le dossier complet :
DES MOTS, DES NOTES ET DES IMAGES – Pour un féminisme à jour
DES MOTS, DES NOTES ET DES IMAGES – FRANÇOIS MIVILLE-DESCHÊNES
DES MOTS, DES NOTES ET DES IMAGES – YVAN LANDRY
DES MOTS, DES NOTES ET DES IMAGES – FRANÇOIS-ALEXANDRE BOURBEAU
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