Des mots, des notes et des images : partie 2/3
CARLETON-SUR-MER | Il était une fois une poétesse aguerrie qui a senti le besoin de demander à des écoliers de l’aider à compléter une histoire qui, selon elle, n’allait nulle part ou, du moins, pas à l’endroit désiré.
Ada et la sandale de mer
L’HISTOIRE D’UNE CRÉATION INTERGÉNÉRATIONNELLE
Cette poétesse, France Cayouette, visait initialement une lecture publique. Les premiers pas pour concrétiser le projet ont été franchis en novembre 2018, moment du dépôt d’une demande de bourse au programme Partenariat territorial de la Gaspésie du ministère de la Culture, et la première partie de 2019, précisément de février à juin, au cours de laquelle la rédaction et la lecture publique ont eu lieu.
« La genèse du projet, c’est que j’ai trouvé moi-même un jour une petite sandale rouge sur la pointe Tracadigash à Carleton. Ça a fait germer une histoire. J’étais plus en mode poème. Je l’ai terminée, mais je n’étais pas vraiment satisfaite de la trame après l’idée initiale, après le point de départ », aborde l’ex-enseignante de français et de littérature au niveau collégial.
Le manuscrit insatisfaisant a d’abord dormi quelques années dans les tiroirs de France Cayouette, qui était passée à d’autres projets.
« Puis, je me suis mise à penser à cette histoire, et qu’il serait sans doute possible de la compléter si je pouvais avoir la fraîcheur des enfants pour la porter plus loin », dit-elle. Ce regain d’intérêt s’est manifesté en 2018.
Une fois la bourse obtenue au début de 2019, elle prend contact avec les enseignantes Cindy Labillois et Isabelle Richard, de l’école Bourg de Carleton, puis elle entame des rencontres avec 47 enfants de 8 à 11 ans.
« J’ai présenté mon personnage, son caractère aventurier. On a situé Ada dans des lieux de Carleton, où il y a de la place pour la nature, pour la poésie. Les enseignantes leur faisaient faire des exercices d’écriture. Je les rencontrais, je retournais écrire à la maison, et en résidence d’écriture. Il s’agissait de trouver un équilibre entre mes idées, qui étaient les éléments de départ, et leurs idées », explique France Cayouette.
L’autrice France Cayouette, l’illustratrice Catherine Côte, la directrice de production Virginie Turcotte et Paul Lemieux, de l’Écomusée Tracadièche constituent les piliers du projet d’édition d’Ada et la sandale de mer. Photo : Gilles Gagné
Ada est une nouvelle arrivante à Carleton. Après avoir trouvé une sandale au bord de la mer, elle reçoit un message de la lune.
« Elle veut trouver l’autre sandale, et à qui elle appartient. Elle veut en fait se trouver une nouvelle amie. Dans l’histoire, on suit son parcours dans les lieux de Carleton qu’elle va arpenter, ce qui la fera atteindre ses objectifs. Ç’a donné quelque chose de vraiment chouette. Ça marie la poésie et l’action, avec un lieu particulier. Je savais qu’ils [les écoliers] seraient spontanés et inventifs, mais ce qui m’a surpris, c’est leur côté poétique et créatif. C’était un processus émouvant », affirme France Cayouette.
L’objectif initial visait à terminer la rédaction de l’histoire et de tenir une lecture publique qui s’est déroulée à la fin de l’année scolaire en juin 2019. Elle répondait bien à « l’objectif de créer des liens entre les arts et la communauté », assure France Cayouette, qui sentait dès lors que l’histoire d’Ada pouvait aller plus loin.
« Dans ma tête, je me disais que j’aimerais que ça devienne un vrai livre et montrer aux écoliers que c’est possible de rêver grand et de faire un vrai livre », dit-elle.
La pandémie a frappé en mars 2020 et elle a donné un croc-enjambe à énormément d’initiatives artistiques.
« L’été dernier, après le silence imposé par la pandémie à travers ça, l’idée d’un livre ne me lâchait pas. L’histoire était écrite et elle était belle pour mon milieu. Il fallait honorer l’effort des enfants », raconte la poétesse.
C’est là qu’est entré en jeu l’Écomusée Tracadièche, l’organisme de protection et de diffusion du patrimoine à Carleton-sur-Mer.
« Pourquoi l’Écomusée Tracadièche? Parce que c’est un projet qui met en valeur le patrimoine et que c’est un beau chemin pour sensibiliser les jeunes […] Ici, on allie fiction et patrimoine. L’écomusée a fait les démarches nécessaires pour obtenir une subvention de la MRC d’Avignon afin d’obtenir un
appui financier. Nous avons choisi le modèle d’autoproduction, un modèle assez niché, mais c’était le bon chapeau, celui qui lui convenait. Nous aurions eu de la difficulté à convaincre une maison d’édition à rentrer dans les contraintes qu’elles imposent. Par exemple, je voulais des illustrations en bonne quantité, ce qui aurait été difficile dans un modèle conventionnel », explique France Cayouette.
Le montage financier s’établit à une somme de 55 000 $ à 60 000 $ mais les partenaires ont des devoirs à faire pour boucler le budget.
« On doit écouler 1000 exemplaires. Tous les revenus sont essentiels au montage financier. Le livre coûte 30 $. Les gens qui l’achètent d’avance pourront le récupérer à des endroits précis et à des dates fixes. Le marché potentiel, c’est nous, Gaspésiens du public, les familles des enfants, tous les Gaspésiens exilés, c’est-à-dire la diaspora, et les vacanciers qui veulent rapporter un souvenir. Nous pourrons en vendre à la Virée à l’automne », explique France Cayouette, en faisant référence à l’événement de Carleton-sur-Mer mettant en valeur le patrimoine vivant.
L’illustratrice Catherine Côte, de Carleton, la productrice Virginie Turcotte, de New Richmond et Paul Lemieux, de l’Écomusée Tracadièche, ont été les autres piliers du projet. Sébastien Cantin a conçu la page couverture.
Une particularité du livre se trouve à la fin, qui inclut une carte de Carleton, avec les lieux qu’Ada a parcourus, et une description de ces lieux.
« C’est pour sensibiliser la jeunesse à la valeur du patrimoine. Les textes sont de Paul Lemieux. Les gens pourront aussi accéder à des guides pédagogiques téléchargeables. Il suffira d’utiliser un code QR se trouvant dans le livre, qui mène au site de l’Écomusée Tracadièche. Les guides sont faits pour le personnel enseignant de l’école, avec respect des critères d’enseignement et utilisables pour les parents afin d’enrichir le moment de lecture, ce qui permettra d’interpréter des choses plus complexes et d’avoir hâte de découvrir l’histoire », souligne France Cayouette.
« Je sais que les élèves vont sentir la beauté de cet objet. Tous leurs noms sont dedans », conclut-elle, emballée.
Le lancement aura lieu le 14 juin, à 17 h, au Quai des arts de Carleton. Il est préférable de réserver à la billetterie. Les modalités de vente du livre se trouvent sur la page Facebook Ada et la sandale de mer. Il sera aussi disponible dans plusieurs points de vente régionaux.
Des mots, des notes et des images : partie 1/3
Des mots, des notes et des images : partie 3/3