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11 septembre 2025 16 h 31

En Gaspésie avec Joanie : quand l’appartenance territoriale devient balado

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BONAVENTURE | Depuis bientôt un an, la série En Gaspésie avec Joanie met de l’avant les liens authentiques que tissent diverses personnalités avec la péninsule gaspésienne. Par ses balados, Joanie Robichaud réussit son pari de changer le regard des autres sur sa région, une conversation à la fois.

Lorsque Joanie Robichaud écoutait des balados et entendait mentionner brièvement les origines gaspésiennes d’un invité, elle restait sur sa faim. « Chaque fois qu’il y avait un invité qui était natif de la Gaspésie, on lui posait une petite question relative à la Gaspésie, puis on parlait de sa carrière, explique celle qui est originaire de Caplan et qui vit maintenant à Bonaventure. Mais moi, c’est de son lien avec la Gaspésie dont je voulais entendre parler! »

C’est à partir de ce besoin inassouvi que l’idée de créer sa propre série de balados a germé. Ainsi est née la série En Gaspésie avec Joanie, lancée à l’automne 2024 après un an de préparation minutieuse. Un projet 100 % indépendant qu’elle gère de A à Z : de la recherche d’invités au montage final, en passant par les préentrevues et les entrevues.

Un territoire qui fascine

La force du concept réside dans sa simplicité : explorer l’appartenance territoriale des gens ayant un lien avec la Gaspésie, qu’ils y soient nés, qu’ils y aient vécu ou qu’ils aient choisi de s’y établir. « Je ne fais pas la promotion de la Gaspésie, précise-t-elle. Je cherche plutôt le filon de l’appartenance territoriale. Je veux comprendre comment les gens sont attachés à ce territoire. »

Cette approche authentique porte ses fruits. En 20 épisodes diffusés, Joanie Robichaud n’a essuyé pratiquement aucun refus. « Ce qui est beau, avec la Gaspésie, c’est que tout le monde veut en parler. C’est un sujet qui est facile et
intéressant. » L’humoriste P-A Méthot et la comédienne Viviane Audet, entre autres, ont accepté avec enthousiasme de partager leur vision de la région.

Des sujets variés et sans tabous

Les conversations abordent des thèmes diversifiés, souvent relatifs à l’art, à la culture et à l’environnement, mais sans se limiter à ces domaines. Joanie Robichaud a notamment discuté des changements climatiques avec la scientifique Alexandra Gellé, de l’identité autochtone avec Emily Roberts, conseillère élue de la Nation Mi’gmac de Gespeg et de l’homosexualité en Gaspésie avec deux invités qui ont partagé leur réalité d’hommes gais dans la région.

« Des fois, les souvenirs relatifs au territoire ne sont pas nécessairement positifs, nuance toutefois la créatrice de contenu. Je pense que c’est correct qu’on n’ait pas seulement des trucs positifs à dire sur la Gaspésie. » Cette honnêteté transparaît dans les échanges, comme avec Marc-Antoine Dufresne du Festival en chanson de Petite-Vallée, qui lui a confié les défis qu’il a vécus en grandissant dans l’Estran, en tant qu’homosexuel dans les années 1990 et 2000.

Briser les préjugés

Au-delà du divertissement, les balados de Joanie Robichaud s’inscrivent dans une démarche plus large qui tente d’abattre certains préjugés. Journaliste de formation, elle observe encore aujourd’hui la persistance de clichés tenaces sur sa région. « En faisant des vidéos sur les réseaux sociaux depuis quelques années, je me rends compte que des gens pensent encore qu’il n’y a pas d’emplois en Gaspésie, que ce n’est pas dynamique, qu’il n’y a pas une belle vie culturelle », constate-t-elle.

Cette mission de démystification s’étend à sa pratique professionnelle. Travailleuse autonome en communication, elle collabore notamment avec l’équipe de Vivre en Gaspésie et développe un volet marketing d’influence appelé Joanie Gaspésie. Son objectif est clair : « Je veux que, si on pense à la Gaspésie, on pense à moi. »

Un succès qui dépasse les statistiques Avec environ 200 écoutes par épisode, Joanie Robichaud mesure le succès de sa série de balados davantage sur le plan qualitatif que quantitatif. « Je me souviens d’une fille qui m’a dit qu’elle avait pleuré en écoutant mon premier épisode où j’expliquais mon retour en région et qu’elle se rendait compte qu’il fallait qu’elle revienne en Gaspésie », raconte la consultante en communication et en développement régional.

Un enseignant de Grande-Vallée lui a aussi écrit pour lui dire qu’après avoir écouté l’épisode avec Marc-Antoine Dufresne, il réalisait qu’on ne parlait pas assez de l’Estran à l’école et qu’il inviterait ce dernier à venir rencontrer ses élèves.

Diffusés toutes les deux semaines sur différentes plateformes, dont principalement Spotify et Apple Podcast, les balados peuvent aussi être visionnés sur YouTube. « Les réseaux sociaux laissent bien peu de traces, tient-elle à préciser. Mais, sur YouTube, mes balados laissent des traces sur la Gaspésie. »

Avec une liste d’au moins 150 personnes qu’elle trouve intéressantes, Joanie Robichaud n’est pas près de manquer de matière. Elle continuera à faire des balados tant qu’elle aura « l’énergie et l’envie de parler de la Gaspésie » et que ce projet continuera à la nourrir.


Joanie Robichaud veut comprendre l’attachement de ses invités au territoire. Photo : Genevieve Smith


Par ses balados, Joanie Robichaud réussit son pari de changer le regard des autres sur la Gaspésie, une conversation à la fois. Photo : Genevieve Smith