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Éditorial
20 février 2015 10 h 58

GÉOPARC, LE BEAU RISQUE

Thierry Haroun

Libre arbitre

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Le 11 décembre dernier, les élus ont donné le feu vert à une entente à long terme, soit 25 ans, confiant la gestion de ce projet de 7,3 M$ à une coopérative de solidarité. Au départ, 25 gens d’affaires et entreprises ont injecté chacun 10 000 $ comme mise de fonds (BRAVO!), puis Ottawa et Québec ont versé environ 4,5 M$ en plus des aides d’organismes régionaux. Le tout doit être bouclé par du financement privé à hauteur de quelque 1,3 M$.
Le terrain sur lequel la coopérative aura à exploiter un camping et un stationnement, au pied du mont Sainte-Anne, toujours en lien avec le Géoparc (dont l’attrait majeur sera un pavillon d’accueil situé à mi-montagne), a été acheté par la Ville à la SÉPAQ pour 400 000 $ via un prêt sur 10 ans à un taux de 2,48 %. Autre vérification faite par le LIBRE ARBITRE auprès de la municipalité, en 2013, la SÉPAQ avait payé 21 556 $ en taxes pour ce terrain. Des taxes que la Ville ne recevra plus, puisque ce terrain est désormais géré, pour 25 ans, par la coopérative. Donc 21 556 $ multiplié par 25 ans (de manque à gagner en taxes) à quoi s’ajoutent les 400 000 $ plus intérêts, on arrive à environ 1 M$. Et ça ne compte pas la valeur du terrain qui aurait assurément doublé en 25 ans.
Ce million représente la part de Percé, à titre d’entité administrative, et de ses citoyens, dans le Géoparc, ce qui donne 40 000 $ par an pendant 25 ans. Il faut bien faire sa part. Je suis citoyen de Percé et j’estime important de faire ma part. Mais l’entente prévoit le versement de 15 % des revenus nets issus du stationnement à la Ville et rien pour le volet camping. Les bémols du LIBRE ARBITRE sont les suivants. Dire 25 ans ferme, c’est engager une génération ou six mandats de mairie, alors qu’on aurait dû négocier une entente sur 30 ans renouvelable aux 10 ans, histoire de voir venir. La Ville aurait pu serrer la vis un peu plus en exigeant entre 10 % et 15 % des revenus bruts issus de l’exploitation du stationnement et du camping. Un, ça n’aurait pas mis en danger le Géoparc. Et deux, la Ville, comme entité administrative, aurait récupéré sa part d’investissement sur une base annuelle et aurait ainsi pu réinvestir ces sommes dans d’autres projets. Cela s’appelle le développement durable.
Il est vrai, comme le disent les autorités municipales, que le Géoparc va créer des emplois et qu’il va attirer des touristes qui ne seraient pas venus autrement. Mais il semble bien qu’on n’ait pas appris des erreurs de Murdochville. Un Géoparc de 7,3 M$ semble impressionner bien des gens, mais à Murdochville, les deux parcs éoliens ont suscité des investissements de 180 M$, sans redevances à la Ville.
Résultat: Murdochville, l’entité administrative, a augmenté ses taxes cette année encore parce qu’elle crie famine. La faute revient au gouvernement qui, à l’époque, n’avait pas osé serrer la vis au promoteur éolien par crainte de perdre cet investissement. On n’est pas plus avancé.
Le 11 décembre, au milieu de la période de questions, j’ai dû quitter la salle municipale pour respecter mon heure de tombée de reportage. J’ai mis ma tuque, mon foulard, enfilé mon manteau et, en sortant, je me suis dit qu’on venait de confier à un conseil d’administration le projet touristique le plus prometteur de la Gaspésie pour 25 ans ferme.
Seul le temps dira si l’actuel conseil municipal a eu raison d’agir ainsi concernant ce projet auquel on souhaite bon vent!
***
On apprend que le député caquiste André Lamontagne visitera la Gaspésie  dans le cadre d’une tournée visant à élaborer un plan de développement économique pour les régions appelé « Cap sur les régions ». Quand ce n’est pas un New Deal, c’est « Cap sur les régions ». On nous prend pour des valises. La CAQ et les régions sont franchement incompatibles.