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2 avril 2021 9 h 15

Le retour aux sources d’une « famille de ville » – Dossier famille 3

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La Gaspésie présente un bilan migratoire interrégional de plus en plus intéressant. Dans l'imaginaire collectif, il est souvent question du retour des jeunes ou moins jeunes pour alimenter ce solde migratoire de plus en plus prometteur. Il y a aussi des arrivées. De ce nombre, il y a des personnes qui entraînent dans leur sillage des parents ou des amis, pour gonfler le nombre de nouveaux arrivants. GRAFFICI présente ici trois exemples d'arrivants ayant battu le sentier pour des proches, qui deviennent à leur tour des ambassadeurs pour la région.

CHANDLER | « Nadia, on vient de s’acheter un terrain à Newport. » Ces quelques mots, inattendus, ont changé le destin des Minassian. Désormais bien installée à Chandler, la famille en partie d’origine arménienne ne regarde plus en arrière.

« On était une famille de ville ! », lance d’emblée Monique Minassian, la dernière arrivée en Gaspésie. Habitués des grands centres urbains, de Marseille à Rosemont, les Minassian sont désormais de fiers Gaspésiens, bien présents dans leur communauté.

« On est toujours venus en Gaspésie pendant les étés. C’est là où je suis tombée en amour », se rappelle l’entrepreneure et préfète de la MRC du Rocher-Percé, Nadia Minassian, la première à avoir migré pour de bon dans la péninsule au début des années 2000. À 17 ans, sa mère, Peggy Valery Hunt, avait quitté Chandler pour s’installer à Montréal, où elle a rencontré son mari, Alain Minassian. Même si elle n’y habitait plus, la petite ville gaspésienne n’a jamais quitté Mme Hunt. « Ça ne m’était jamais sorti de la tête. Je m’ennuyais de la mer, de la forêt », résume-t-elle.

Même si elle est née dans la métropole, Nadia Minassian connait bien la Gaspésie. Curieuse de vivre « l’expérience gaspésienne », elle a complété son secondaire cinq à Chandler, alors que sa famille était à Montréal. Après ses études universitaires, le choix de revenir dans la péninsule s’est imposé. « J’aimais beaucoup ce milieu. J’en voulais plus !», résume-t-elle. « J’étais un peu découragé, je me demandais pourquoi elle ne voulait pas aller au Mexique à la place ! », plaisante son père, qu’on surnomme « M. Alain ».

À ce moment-là, ce dernier ne savait pas que, quelques années plus tard, lui aussi allait choisir le littoral gaspésien plutôt que le soleil mexicain.

Suivre la famille

En 2008, en visite dans la péninsule, le couple est tombé en amour avec un terrain en bordure de mer, à Newport. Une courte marche aura suffi : c’est là où ils s’installeraient pour leur retraite, tout juste entamée. « Il s’est trouvé un projet. Il ne peut pas rien faire ! », résume Mme Hunt. Infatigable, celui qui travaillait dans l’immobilier a entrepris de construire sa maison.

« Je ne m’y attendais pas du tout. Je le souhaitais depuis longtemps, mais j’ai été très étonnée », se rappelle Nadia Minassian. « Je me questionnais beaucoup sur mon futur à ce moment-là, sur mes projets. On a toujours été une famille très proche, tissée serrée. Oui, j’étais à un endroit que j’aimais, avec quelqu’un que j’aime, mais j’étais loin de ma famille.C’était difficile », admet-elle.

La décision de ses parents de s’établir dans la péninsule fut « un véritable cadeau » pour Nadia Minassian. « En une phrase, à peu près tous les problèmes de ma vie venaient de se régler. Un gros dilemme venait de disparaître. »

Même s’ils étaient habitués à un milieu bien différent, l’intégration des Minassian s’est faite rapidement. « C’est papa qui s’est le mieux intégré de la gang », juge Nadia Minassian.« Il parlait à tout le monde, se trouvait des choses à faire, des défis. Il n’a jamais regardé en arrière. » Depuis son déménagement en Gaspésie, M. Alain n’est retourné qu’une fois dans « la grande ville ». « Je n’ai plus d’affaires là-bas, je me suis détaché, et je suis bien ici », tranche l’homme.

Quelques années plus tard, en 2014, un dernier morceau de la courtepointe familiale est venu rejoindre le clan à Chandler. Si la transition a été plus ardue pour la soeur de M. Alain, Monique Minassian ne regrette pas sa migration dans la péninsule. « Je trouvais ça difficile d’être seule à Montréal. Toute la famille était déménagée, et on a toujours été très proches », rapporte-t-elle. « C’est sûr qu’il y a moins de services qu’à Montréal, mais on s’y habitue et ma qualité de vie est bien meilleure. »

Sans se limiter à s’établir dans la péninsule, les Minassian s’y sont lancés en affaires. En 2010, Nadia Minassian, son conjoint et ses parents se sont portés acquéreurs du Motel Fraser de Chandler. Une règle était bien claire avant de se lancer dans cet important projet : le plaisir avant tout. « Si ce n’est plus le fun, ça ne fonctionne plus », résume sobrement M. Alain.

À savoir quel est le prochain projet des Minassian, M. Alain et Mme Hunt sont très clairs : « On ne fait plus rien ! On profite de notre nature, de la mer, mais maintenant, on se repose ! »


Monique Minassian, Alain Minassian, Peggy Valery Hunt et Nadia Minassian, photographiés dans la salle à manger du Motel Fraser. Photo : Simoin Carmichael

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