LES CRABIÈRES
Voilà plus d’une décennie que j’ai traité longuement des dures conditions de travail des travailleuses dans les usines de crabe de la région pour le compte du Devoir. L’une d’elles s’était alors confiée à moi sous le couvert de l’anonymat «pour la cause». «Je travaille sept jours sur sept en ce moment. Je commence à 6h du matin et je finis un peu avant 10h du soir. Il y a des filles, dans mon usine, qui font des tendinites et plusieurs ont mal aux jointures et aux bras. Maintenant, on nous fournit des bancs pour qu’on puisse s’asseoir en travaillant, mais avant on travaillait debout sur le ciment. Assis, c’est moins pire.» Moins pire, avait-elle dit. Or, voilà que dans la livraison de février du journal Le Fou de Bassan, une travailleuse, une certaine Nancy B., se confiait dans le cadre d’un dossier étoffé. «À mon avis, un travailleur d’usine, quel que soit son poste, devrait être mieux connu et respecté. Sans sécurité d’emploi, il lui arrive de travailler de 6 heures le matin à 6 heures du soir […]. Debout sur une surface en ciment, dans l’eau, la chaleur, le froid et le bruit[…]. C’est à peine si on lui verse le salaire minimum.» Mais ce n’est pas tout. S’ajoute désormais la traque des inspecteurs de Service Canada en fouillant dans leurs feuilles de temps gonflées pour réclamer leurs prestations de chômage. Résultat: des vies qui basculent.
La pratique du cumul d’heures pour s’assurer d’avoir des prestations digne de ce nom est bien connue. Même si elle ne cadre pas avec le Loi sur l’assurance-emploi, elle était tolérée depuis des lustres par les autorités. Elle faisait l’affaire des employeurs et des employés. Et c’était bien ainsi parce que les gens ont bien le droit de mettre du beurre sur la table. Mais c’était sans compter sur la voracité des ultraconservateurs au pouvoir qui ont mis à leurs bottes tous les fonctionnaires en leur faisant faire ce qu’ils veulent quitte à faire une chasse aux sorcières auprès des travailleurs d’usine de poisson. Oui, parce que ce qu’on sait maintenant, c’est que la plupart des usines de la région recevront une visite des inspecteurs de Service Canada dans un proche avenir. Ces inspecteurs ont des quotas à remplir et Ottawa entend bien s’assurer qu’ils les remplissent. Un message du Libre arbitre à Ottawa: foutez-leur la paix et laissez les gens vivre dignement.
Marche ou crève
En parlant d’ultraconservateurs. Les déclarations propres à la droite hargneuse sortie tout droit de la bouche de l’animateur Jeff Fillion selon lesquelles «La Gaspésie, s’ils n’ont pas de jobs, soit qu’ils déménagent ou ben ils crèveront, c’est-tu assez clair?» dépassent tout entendement. Ses excuses ne suffisent pas, c’est le retrait de son micro qui s’impose parce que, à travers lui, la dignité des Gaspésiens a été sacrifiée sur l’autel des cotes d’écoute à Québec. Et dire que c’est à ces animateurs de la Vieille Capitale que le premier ministre Stephen Harper accorde des entrevues quand il y est de passage. Au fond, c’est logique, qui se ressemble s’assemble. Et dire aussi qu’au moment où Jeff Fillion a été embauché par NRJ l’an dernier, il avait déclaré au Soleil «avoir changé». «Je ne suis plus le même gars qu’il y a 15 ans.» À quand le prochain dérapage, M. Fillion, vous qui avez été si méchant envers nous, les Gaspésiens?
Hommage à Georges Mamelonet
Le Libre arbitre demande à la Ville de Percé de nommer le quai, la promenade, une rue ou un lieu public en l’honneur de l’ex-maire de Percé, Georges Mamelonet. On lui doit bien ça.