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Pandémie
2 avril 2021 9 h 09

Résilience, ingéniosité et créativité; partie 2/3

La pandémie de COVID-19 a bouleversé de façon significative nos quotidiens respectifs. Venue à la rescousse, la technologie s’est rapidement imposée comme la solution première afin de maintenir les liens sociaux, organiser des événements et poursuivre des activités professionnelles de la maison. La sphère virtuelle a toutefois pris le relais à de nombreux autres niveaux, parfois même de façon plutôt inusitée. Afin de souligner le premier anniversaire de la crise sanitaire, GRAFFICI vous présente des exemples de résilience, d’ingéniosité et de créativité. Vous découvrirez, dans cette série de textes, des Gaspésiens et Gaspésiennes qui ont choisi de se tourner, au cours de la dernière année, vers la technologie afin de ne pas laisser le virus gâcher leurs plans.

Jouer virtuellement les marieuses

GASPÉ | Trouver l’amour en Gaspésie, qui plus est en pleine pandémie de COVID-19, peut s’avérer ardu. Une jeune femme de Gaspé, Émilie Gagné, a tenté de jouer les Cupidon; c’est par le biais de Zoom qu’elle est parvenue à réunir des dizaines de célibataires le 5 février dernier. Son but? Forcer la main du destin.

Activités annulées, couvre-feu en vigueur, lieux de rassemblements fermés : la Gaspésienne d’adoption a rapidement compris que ses amies célibataires peinaient à rencontrer de nouvelles personnes. « Je me suis dit qu’elles n’étaient probablement pas les seules », relate celle qui avait déjà animé virtuellement des fêtes corporatives par le passé.

À l’approche de la Saint-Valentin, l’animatrice et directrice de la programmation pour Radio-Gaspésie a décidé de s’improviser marieuse. C’est par le biais d’une activité de rencontres intitulée « Blind date Gaspésie » et ouverte à tous les Gaspésiens et Gaspésiennes majeurs qu’elle a choisi d’agir.

L’instigatrice a volontairement opté pour un déroulement à l’aveugle; dissimulés derrière un pseudonyme, les participants se connectaient ainsi à la séance Zoom au moment convenu, et ce, sans caméra ni photo. « Je trouve que les gens recherchent beaucoup l’amour en regardant seulement le physique. Souvent, on peut passer à côté de personnes fantastiques avec qui on pourrait avoir beaucoup d’affinités simplement parce que leur apparence nous plaît un peu moins », explique-t-elle.

Après avoir débuté la promotion de son événement sur les médias sociaux, l’organisatrice a profité d’un rayonnement significatif dans les différents médias de la région et d’ailleurs. Mme Gagné a d’ailleurs été fort étonnée de l’engouement suscité par son projet et croit que la population avait en quelque sorte besoin, en pleine crise sanitaire, d’un peu de positif. « J’ai eu de la demande en Outaouais et au Bas-Saint-Laurent », se réjouit par ailleurs l’organisatrice.

Et finalement?

Au total, 86 personnes, des hommes et des femmes âgés d‘environ 20 à 60 ans, étaient inscrites en vue de cette première en région. Les participants ont au préalable rempli un formulaire contenant plusieurs questions. Des jumelages prenant en compte les affinités potentielles entre les différents candidats ont ainsi pu être effectués par Mme Gagné.

Plusieurs désistements ont eu lieu, compliquant à la dernière minute la logistique de l’activité; Émilie Gagné ne cache d’ailleurs pas sa déception à ce chapitre. Néanmoins, 72 personnes étaient du rendez-vous virtuel. Alors que des activités de groupe conçues pour briser la glace ont d’abord été proposées, les duos formés par l’animatrice ont pu se retrouver dans des salons privés virtuels et échanger.

Si des ajustements ont dû être apportés à la dernière minute en raison des absences, la responsable se dit fort satisfaite de l’expérience. Selon Mme Gagné, plusieurs participants ont mutuellement demandé à être mis en contact à la suite de l’activité, signe qu’elle pourrait bien avoir atteint son objectif : former au moins un couple. « Il y a quelques duos pour lesquels j’ai de l’espoir […]. J’ai l’impression, à tout le moins, que des gens voudront garder contact pour conserver une relation d’amitié », lance-t-elle.

Un grand potentiel

Cette toute première tentative démontre clairement, selon la principale intéressée, tout le potentiel d’une plateforme telle que Zoom. Selon Émilie Gagné, cette technologie, notamment utilisée à des fins professionnelles par de nombreux télétravailleurs, propose quelques options moins connues du grand public. Par exemple, Zoom offre la possibilité d’envoyer des sondages.

« J’imagine que ça va aussi être appelé à évoluer au fil du temps et que la plateforme n’a pas atteint son plein potentiel de développement. On devrait encore avoir droit à des innovations intéressantes », croit celle qui s’était entourée, lors de la soirée, de deux assistants chargés de gérer les différents enjeux technologiques.

Ayant récemment acquis un nom de domaine [identifiant d’un site Internet], Émilie Gagné compte bien récidiver, cette fois à l’aide d’un site Web spécialement dédié à son nouveau passe-temps. Elle compte d’ailleurs agrémenter cette page de contenu rédactionnel portant sur la réalité du célibat et destiné « au vrai monde ».

Roxanne Langlois


Émilie Gagné, l’instigatrice de « Blind date Gaspésie ». Photo : Offerte par Émilie Gagné

 

Se marier… avec l’aide de Zoom

BONAVENTURE | Marie-Pascale Larocque et Marc-Antoine Bujold se sont dit oui en pleine pandémie de COVID-19, le 20 juin 2020, entourés de quelque-uns de leurs proches. Sur Zoom, une centaine d’invités des quatre coins du Québec, dont plusieurs vêtus de leurs plus beaux apparats, suivent alors avec attention la cérémonie.

Les deux tourtereaux se rencontrent en décembre 2015 lors d’un covoiturage entre Sherbrooke – où ils étudient tous les deux à cette époque – et la Gaspésie, d’où ils sont natifs. « On n’a jamais douté. Ça a toujours été clair, à partir du moment où l’on a commencé à se fréquenter, que c’était sérieux », confie le jeune homme de 26 ans.

À l’été 2018, fébrile, Marc-Antoine fait la grande demande à celle avec qui il souhaite passer sa vie. Il complète alors une randonnée de 36 jours le long du Sentier international des Appalaches; il pose la grande question à sa copine à son arrivée. Le Gaspésien reçoit, dans le magnifique décor de Forillon, la réponse tant espérée. « C’était un vrai oui, mais je suis restée bête. Il a dû me reposer la question une deuxième fois », relate Marie-Pascale en riant.

L’année 2020 est rapidement dans la mire des amoureux, qui comptent rassembler environ 230 invités à l’église de Bonaventure, puis au centre Bonne Aventure pour la réception. Les préparatifs vont déjà bon train en vue de cette journée fort importante lorsque la pandémie vient ruiner les plans, causant une certaine déception.

« On a commencé par se dire qu’on allait reporter le mariage et le faire en 2021. Après coup, on s’est dit que ça ne nous ressemblait pas, qu’on était plus du genre à profiter du moment présent. Et ça ne nous tentait pas d’attendre encore un an de plus », explique M. Bujold.

Un mois pour tout prévoir

Dès que la décision d’aller de l’avant en dépit des circonstances est prise, les futurs mariés disposent de seulement un mois pour repenser une myriade d’éléments, du lieu de la célébration en passant par le gâteau.

La quête d’un célébrant constitue notamment une course contre la montre en raison des délais administratifs qui doivent être respectés pour cet aspect formel de la cérémonie. C’est finalement le maire de Bonaventure, Roch Audet, déjà habilité à célébrer des mariages qui vient à leur rescousse. « Il a sauvé la situation », admet Mme Larocque en riant.

Or, on réalise rapidement que l’élu ne peut officialiser leur mariage en dehors de sa municipalité alors que celui-ci est plutôt prévu à Carleton-sur-Mer. « Il nous a offert de nous marier deux fois, une fois officieuse et une fois officielle », explique Marc-Antoine en s’esclaffant. C’est effectivement le plan qui sera retenu.

Alors que les grands-parents des mariés sont présents à la cérémonie de Bonaventure en fin d’après-midi le 20 juin 2020, les parents et la fratrie assistent quant à eux à celle de Carleton-sur-Mer, sur l’heure du souper. Afin de respecter la limite maximale de personnes présentes au rassemblement extérieur, tous les autres invités sont connectés à Zoom et suivent à distance, grâce à une caméra, ce moment marquant. « Le monde était content qu’on fasse ça comme ça », mentionne le nouveau marié.

Heureux de leur choix

En bout de course, le couple dans la vingtaine n’a pas regretté son choix, bien au contraire. « C’est un mariage qui nous ressemblait. Notre vie de couple a toujours été spontanée, simple », lance Marie-Pascale. « Finalement, on a préféré cette formule-là », renchérit son conjoint des cinq dernières années.

Le couple qui demeure à Bonaventure a pu réécouter l’enregistrement Zoom capté pendant la cérémonie afin de voir les réactions de leurs proches; ils confirment que les émotions étaient au rendez-vous, et ce, en dépit de la barrière technologique. Questionnés par GRAFFICI, les jeunes époux se disent heureux d’avoir fait preuve de créativité et de ne pas avoir laissé la pandémie miner le plus beau jour de leur vie.

Roxanne Langlois


Voici l’envers du décor du mariage de Marie-Pascale Larocque et Marc-Antoine Bujold. Photo : Geneviève Smith

 

Garder la forme, à distance

GASPÉ | Dernières à rouvrir à la suite des confinements mis en place par le gouvernement du Québec, les salles d’entraînement ont dû faire preuve d’ingéniosité afin de garder la tête hors de l’eau… et de permettre à leurs membres de conserver la forme, loin des haltères, ballons lestés et modules d’entraînement. Dans l’attente de la réouverture, certains de ces établissements, dont le GYM LeGarage, se sont tournés vers leurs plateformes en ligne.

« Ça n’a pas été long, ça a pris une journée, raconte Marie-Helen Chouinard, fondatrice et propriétaire du GYM LeGarage, une salle d’entraînement multifonction établie à Gaspé. Dès qu’on a annoncé qu’on allait peut-être devoir fermer, on s’est dit tout de suite,“va falloir qu’on fasse quelque chose si on veut continuer à offrir le même service”. On a finalement décidé qu’on allait continuer à faire les WODs, mais en virtuel ».

Pour le non-initié, les WODs (acronyme de Workout Of the Day) sont ces entraînements quotidiens éphémères souvent associés au CrossFit, méthode basée sur le couplage d’exercices cardio-vasculaires et de mouvements d’haltérophilie et de gymnastique.

Normalement dispensés sur place, huit athlètes à la fois, les entraînements se sont donc transportés à domicile, par l’entremise des réseaux sociaux de l’entreprise. À tous les matins, une nouvelle liste d’exercices s’offrait aux abonnées de l’application Instagram du GYM LeGarage. Au total, Marie-Helen Chouinard et son partenaire, Jean-Philippe Hogan, créeront un peu plus de 80 entraînements.

Un arrêt plus long que prévu

Le prolongement du premier confinement [les salles d’entraînement n’ont pu rouvrir, et ce de manière partielle, qu’à la fin du mois de juin] forcera la main du couple d’entraîneurs. « Quand ils ont annoncé que ça allait être plus long, là c’est sûr qu’on s’est dit qu’il y allait avoir un côté financier là-dedans, qu’on aurait des pertes, souligne la femme de 26 ans. Donc pour essayer de combler ce manque-là, au moins minimalement, on a fait une compétition en ligne », expose-t-elle.

Sur une période de six semaines, une quarantaine de membres [l’entreprise en compte un peu plus de 80 réguliers à l’année] se sont livrés à un concours amical. « Les gens formaient des équipes, et chaque semaine, elles devaient envoyer un de leurs coéquipiers faire un workout maison, se filmer et envoyer ça au jury, Jean-Philippe et moi », raconte celle qui, en parallèle, complète une maîtrise en architecture.

Ultimement, la jeune entrepreneure croit que l’initiative aura été bénéfique. « Je pense que ça a gardé le monde motivé, que ça a gardé le côté esprit de communauté, mais virtuellement ».

Depuis le 8 février dernier, l’entreprise a repris ses activités régulières, lesquelles sont toujours modulées aux règlements de la santé publique en vigueur.

Olivier Béland-Côté


Marie-Helen Chouinard, fondatrice et propriétaire du GYM LeGarage, à Gaspé. Photo : Offerte par Marie-Helen Chouinard

 

Lire Résilience, ingéniosité et créativité; partie 1/3

Lire Résilience, ingéniosité et créativité; partie 3/3