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24 septembre 2020 9 h 46

S’élever dans la pandémie (texte 1/3)

Si nul ne peut douter des conséquences néfastes qu’a eues la pandémie dans le quotidien de nombreux Gaspésiens et Gaspésiennes, certains d’entre eux ont, au contraire, profité de cette période inédite et exceptionnelle. Qu’ils aient mené à bien de nouveaux projets, apporté des améliorations dans leur entreprise ou opéré des changements dans leur vie personnelle, GRAFFICI vous présente une série de textes portant sur ces citoyens et entrepreneurs qui sont, contre vents et marées, parvenus à faire de la limonade avec les citrons de la COVID-19.

GASPÉ | Certes source de souffrances à la fois psychologiques et physiques, la pandémie a aussi été porteuse d’introspections salutaires. Le confinement, de par le holà qu’il a mis sur les quotidiens effrénés, a offert l’occasion de prendre un pas de recul et de réfléchir à la suite. Alors que l’arrêt forcé aurait pu réfréner ses ambitions, Elsa Houde a su en tirer profit. Son projet de boulangerie, perturbé par la crise, se concrétisera au courant des prochains jours.

«Ça a aidé à prendre le temps de faire les choses, répond Elsa Houde lorsque questionnée sur l’impact de la pandémie sur le démarrage de sa boulangerie, Oh les pains, au centre-ville de Gaspé. Ça m’a aussi permis de réfléchir, d’être créative. » Bien qu’elle bénéficie d’un bel appui de la communauté, l’entrepreneure est seule dans le projet. La pause lui aura permis de souffler. «(L’arrêt) m’a mis dans un état d’esprit dans lequel j’avais envie d’être, expose-t-elle, manifestement rassérénée. Le fait que toute la planète ait ralenti le rythme, ça m’a plu.»

Pourtant, d’aucuns auraient pu baisser les bras. Au moment où le projet avançait rondement, la boulangère en devenir a dû interrompre les travaux effectués dans le grand local commercial de la rue de la Reine où logera l’entreprise. En parallèle, l’usine alsacienne qui fabriquait ses four et pétrin a cessé ses activités, pandémie oblige. L’équipement sera livré avec des mois de retards. Mais au-delà des obstacles, Elsa Houde voit l’opportunité de se redéfinir.

Proactive, son premier réflexe sera de se tourner vers le commerce en ligne. «J’ai fait les démarches pour que ce soit là quand je vais être prête (à aller de l’avant)», expose-t-elle. D’ici là, la jeune femme compte privilégier la vente sur place. Ambiance, odeurs et goûts: l’expérience de la boulangerie est certainement physique.

Pourquoi pas !

Le trajet qui mènera ultimement à la vente de pains, de pâtisseries et de lunchs pour emporter s’est amorcé de façon bien singulière. Rentrée au bercail il y a deux ans, la Gaspésienne d’origine souhaite alors se réorienter, après avoir travaillé près de 25 ans en montage pour la télé. Elle cherche de même à contribuer à l’économie de la région.

Des amis boulangers lui suggèrent de lancer sa propre boulangerie à Gaspé. D’abord hésitante, elle fera finalement le saut. « Je me suis dit, pourquoi pas!, dévoile-t-elle. Il y avait un besoin à combler et avec les nouveaux arrivants et le retour des jeunes, c’était super propice à ça. » Néophyte au départ, Elsa Houde a multiplié au fil des mois les occasions de se former aux rudiments du métier. Et pour mener le projet à bon port, celle qui a su rebondir à la suite de la pandémie s’est entourée d’un pâtissier et d’une boulangère expérimentés.


Elsa Houde étrenne ses équipements dans la cuisine de la boulangerie Oh les pains.  Photo : Camille Roy-Houde

 

Quand la pandémie donne lieu à une nouvelle passion sportive

GASPÉ | L’élan, et le coup qui en résulte, laissent peu de place au doute. La frappe atteint les 300 verges, tout près des standards des meilleures de la profession. «Tu le sens à l’impact si t’as réussi ton coup ou non! », lance Jeannot Poirier. Mais alors que l’élite golfique cumule certainement des milliers d’heures sur le terrain, le jeune homme de 35 ans en est à ses premiers pas dans ce sport devenu rapidement passion.

« Je suis complètement accroché, c’est incroyable. Le soir après mes rondes, je pense à ça. J’ai hâte d’aller jouer », enchaîne-t-il. Au revers des désagréments, voire des misères dont elle est la source, la pandémie du coronavirus a ouvert la porte à ces projets toujours remis à plus tard et à ces talents ensevelis sous la charge du quotidien.

Jeannot Poirier est un sportif invétéré. Au fil des saisons virevoltent tour à tour volants de badminton, disques d’ultimate frisbee et balles en cuir de softball. «Moi le sport, c’est la chose sur laquelle je fais mon horaire, dévoile celui qui travaille comme cuisinier au bistro-bar le Brise-Bise, à Gaspé. Ça veut dire que si j’ai des journées de congé à prendre, si j’ai des journées off à placer dans ma semaine, ça va être en fonction de mon sport », poursuit-il.

Au printemps, l’homme originaire de Petit-Cap commence habituellement sa préparation en vue des deux ligues de balle-molle auxquelles il participe. Mais, dès mars, l’interdiction de tout rassemblement édictée par le gouvernement du Québec coupe court aux activités sportives, forçant la suspension des ligues estivales.

Le 20 mai, la première phase du plan de déconfinement permet la reprise de certains sports pour lesquels la distanciation physique ne pose pas problème. C’est le cas du golf. «Vu que les activités des ligues de balle ont été annulées, je me suis dit que le golf serait peut-être possible cette année, expose Jeannot Poirier. À la fin mai, je suis allé essayer une ronde. Au 10e trou, j’ai fait un birdie. Ça m’a coûté 1000 $ (le coût d’une carte de membre). »

Défi sur le terrain… et à l’extérieur

Si les élans de balle-molle et de golf présentent des similitudes, l’inertie de la balle alvéolée impose une mécanique différente. «Au niveau du jeu, je trouve difficile d’apprendre le mouvement de l’élan», admet le nouveau golfeur. Celui-ci nourrit donc des objectifs humbles: d’abord, « casser » la marque de 90 (c’est-à-dire le nombre de coups total sur 18 trous), puis jouer des tertres de départ les plus éloignés. Outre les défis techniques inhérents à l’élan, insérer le sport dans sa vie conjugale, puis dans son horaire de travail, constitue un challenge.

Questionné à savoir si cet intérêt sera l’affaire d’un été, Jeannot Poirier est sans équivoque : «Pas du tout! C’est sûr que je joue l’année prochaine, contexte de pandémie ou pas, laisse-t-il tomber. Je pense même arrêter la balle et juste jouer au golf. » Au moment de publier ces lignes, le jeune homme précise à GRAFFICI qu’il vient tout juste d’inscrire la marque de 89. Ce premier objectif atteint, on a toutes les raisons de croire que cette nouvelle passion persistera, et ce bien au-delà de la pandémie.

Jeannot Poirier est membre au Club de golf Fort-Prével, près de Gaspé. Photo : Olivier Béland-Côté

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