Suicide de Marjorie Raymond : l’école brise le silence
Cinq mois après la tragédie qui a frappé l’école Gabriel-Le Courtois de Sainte-Anne-des-Monts, la directrice de l’établissement a fait sa première apparition publique.
Avec flegme, Line Miville a dressé, jeudi en point de presse, un bilan de la crise provoquée par le suicide de l’une de ses élèves qui se disait victime d’intimidation à l’école. Marjorie Raymond s’est enlevé la vie le 28 novembre.
Période difficile
La directrice a rappelé que le drame n’a pas seulement touché la clientèle de l’école, mais aussi toute la communauté annemontoise, créant également une véritable onde de choc dans tout le Québec. «Le décès d’une adolescente est un drame qui nous choque et qui nous interpelle tous, a-t-elle laissé tomber. Et plus encore lorsqu’il s’agit de notre enfant, d’un membre de notre famille, d’une amie, d’une collègue ou d’une élève.»
Si Mme Miville a gardé le silence depuis ce temps, c’était, selon elle, pour protéger ses élèves et leur assurer un climat sécuritaire. «Ce fut une période extrêmement difficile, a-t-elle admis. Nous avions le devoir, malgré tout, d’accompagner nos élèves à traverser cette épreuve, tout en poursuivant notre mission d’enseignement.»
La principale de l’institution d’enseignement s’est faite rassurante: «Grâce à nos efforts conjugués, nous constatons, à ce jour, que le taux de réussite dans l’ensemble de l’école est égal ou supérieur aux années antérieures, a-t-elle souligné. Nous croyons que ces résultats ne sont pas étrangers à la rapidité avec laquelle nous sommes intervenus auprès de nos élèves.»
Cellule de crise
La cellule de crise mise sur pied au lendemain du suicide de l’adolescente de 15 ans est toujours opérationnelle et le demeurera jusqu’à la fin de l’année scolaire. La brigade est composée de deux membres de la direction, deux enseignants, un psychologue, une psychoéducatrice, un technicien en travail social et un conseiller en orientation. Le Centre de santé et de services sociaux de la Haute-Gaspésie a dépêché deux de ses ressources pour s’intégrer à la stratégie d’intervention. Un protocole en situation de crise a guidé leur démarche.
«Dès l’instant que nous avons appris le décès de notre élève, le comité de postvention a débuté son travail, a raconté Mme Miville. Nous avons organisé des rencontres avec les enseignants et le personnel, de même qu’avec les élèves touchés et leurs parents pour les informer et leur permettre de bénéficier de l’aide nécessaire s’ils en ressentaient le besoin. Nous avons fait le point périodiquement avec les parents pour les informer des services disponibles pour leurs enfants et pour les conseiller en matière de prévention du suicide.»
À ce sujet, la directrice de l’école a refusé de confirmer une information communiquée par le père d’une élève qui alléguait que de trois à quatre tentatives de suicide avaient été commises après le suicide de Marjorie Raymond. Elle a invoqué le principe de confidentialité.
Objectifs poursuivis par la sortie publique
Line Miville a profité de l’événement pour remercier les nombreux intervenants qui ont apporté leur soutien. Parmi eux, des policiers de la Sûreté du Québec ont rencontré les élèves de façon régulière. La directrice de l’école a également mentionné que les élèves ont été invités à participer à plusieurs activités de sensibilisation à la violence et à l’intimidation.
Si la Commission scolaire des Chic-Chocs a organisé cette sortie publique, plusieurs mois après les tristes événements, ce n’était pas uniquement pour remercier les partenaires, les élèves, les enseignants et les parents, mais aussi pour livrer un message d’espoir.
«Nous voulons transmettre à nos enfants l’espoir que nous pouvons traverser des périodes difficiles en allant chercher de l’aide», a déclaré le directeur général de l’organisme, Jean Letarte. Selon lui, la vie a repris son cours normal. C’est également l’avis du responsable de la vie étudiante, Dominic Leblanc.
La direction de l’école Gabriel-Le Courtois et de la Commission scolaire des Chic-Chocs sont encadrés dans leurs stratégies de communication par un spécialiste en gestion de crise. Il s’agit du consultant privé Steve Flanagan, qui s’est fait connaître lors de la crise du verglas de 1998 comme porte-parole d’Hydro-Québec.