Dossier rêver de 2040 : partie 2/7 éducation
C’est le temps des vacances et en cette période estivale, GRAFFICI s’est permis de rêver en imaginant ce que pourrait être la Gaspésie de 2040. Des collaborateurs de tous les horizons partagent leur point de vue sur une foule d’enjeux qui, espérons-le, pourraient se concrétiser dans les prochaines années. Bonne lecture et bon été!
UNE ÉDUCATION AXÉE SUR LE MONDE MOINS QUE SUR LES ÉVALUATIONS
Léane Leblanc, 16 ans, étudiante de Chandler venant de terminer sa quatrième année du secondaire et gagnante en mai du concours oratoire organisé par l’Espace René-Lévesque.
Photo : Karine Berger
Qui dit futur, dit changement et amélioration. C’est pourquoi ma première vision de l’éducation en Gaspésie dans quelques années se décrirait par un système scolaire qui voit au-delà des résultats académiques et qui est ouvert sur le monde ainsi que sur sa communauté.
Aujourd’hui, je trouve que l’école est trop centrée sur les évaluations. Les jeunes ont donc parfois tendance à les prioriser plutôt que de s’intéresser aux apprentissages.
En raison de la façon dont le découpage disciplinaire et les évaluations sont présentement organisés, le vrai objectif de l’école, qui est l’apprentissage, est souvent oublié. Après tout, la mission de l’école ne devrait-elle pas être de nous préparer à la vie? Le milieu scolaire ne devrait pas seulement être axé sur les résultats académiques, mais sur l’instruction, l’éducation et la sociabilité.
Bref, en 2040, l’école sera un endroit qui nous permettra, grâce à tout ce qu’elle renferme, de comprendre le monde dans lequel nous vivons, d’apprendre à vivre en société et également, d’apprendre à penser par soi-même. C’est pourquoi les modes d’évaluation et les programmes scolaires seront revus afin d’être davantage reliés aux besoins des futurs citoyens.
D’une part, des débats entre les étudiants et les enseignants seront organisés sur les grands enjeux de société, mais aussi sur des sujets actuels afin qu’ils partagent leurs connaissances et leurs expériences. Ces prises de parole apprendront aux élèves à se forger une opinion et à l’exprimer clairement et avec éloquence. Ils développeront ainsi leur esprit critique.
D’autre part, les apprentissages seront mis en relation avec la communauté. Les élèves effectueront plusieurs sorties scolaires pour visiter des monuments et des installations, ils réaliseront des partenariats avec les entreprises et diverses organisations, ils feront des classes vertes et participeront même aux tâches de l’école.
Finalement, avec la technologie à notre portée, pourquoi ne pas utiliser le téléenseignement pour échanger avec d’autres étudiants et enseignants provenant de différentes écoles en Gaspésie et ailleurs dans le monde? Ceci, non seulement afin de partager des méthodes de travail et d’enseignement, mais aussi pour en apprendre davantage sur d’autres réalités scolaires et d’autres modes de vie.
Par exemple, dans un cours d’éthique et culture religieuse, les étudiants d’une école auront la chance de communiquer avec un élève pratiquant une autre religion et qui fréquente un autre établissement scolaire. Cette situation sera beaucoup plus intéressante que de seulement lire ou visionner un documentaire sur le sujet.
De plus, certains cours non offerts dans nos écoles à cause de l’éloignement et d’un manque d’élèves ou d’enseignants pourront maintenant l’être grâce au téléenseignement. En résumé, en 2040, je rêve que l’éducation offerte en Gaspésie soit ouverte sur le monde et axée surtout sur l’expérience et le savoir humain.
ÉTUDIER À L’UNIVERSITÉ EN GASPÉSIE
Par Jean-Claude Plourde, membre du regroupement citoyen Solidarité Gaspésie, conseiller en management certifié et consultant en gestion et développement des organisations chez Gestio Nove.
Photo : fournie par Jean-Claude Plourde
Via l’Internet, les savoirs sont devenus de plus en plus accessibles et le monde est devenu plus transparent, rapide, interconnecté. Depuis 2022, l’université s’est adaptée aux mutations techniques, sociales et économiques portées par le numérique.
Actuellement en 2040, les experts du monde du travail, les décideurs politiques, les universitaires et les gestionnaires d’entreprises ont compris que le capital humain représente la principale richesse d’une région. Il s’est développé un immense marché de la formation en ligne (e-learning), qui a généré une grande concurrence entre les différents pourvoyeurs de services de formation, tant privés que publics. L’université a dû s’adapter.
Le passage d’une université traditionnelle à une université virtuelle s’est manifesté en Gaspésie par la création d’une agence universitaire qui a négocié, pour les étudiants potentiels auprès des institutions universitaires, des microprogrammes adaptés aux besoins des apprenants, des organisations civiles et des entreprises de la région. Cette agence dotée d’un conseil d’administration – comprenant des représentants du milieu des affaires, de jeunes diplômés, des syndicats, des citoyens, des enseignants et des organisations parapubliques – s’est entendue avec les universités traditionnelles sur des contenus permettant aux apprenants de maintenir les connaissances acquises lors de leur séjour en milieu institutionnel et, encore plus important, d’acquérir de nouvelles connaissances sur les nouveaux processus technologiques, d’affaires, politiques ou encore d’organisation sociale. En région, la formation continue est devenue un incontournable.
Cette université virtuelle offre des cours donnant accès à des évaluations et à des crédits, sans la nécessité de rencontre physique entre le professeur et les étudiants. À la base des programmes, une formation individualisée qui se fonde sur un parcours personnalisé adapté aux besoins et aux attentes de chaque apprenant. De cette manière, finies les formations longues, linéaires, ennuyeuses et rébarbatives. Les formations individualisées proposent des parcours ciblés sur les besoins personnels et professionnels qui permettent à l’apprenant d’être engagé et motivé tout au long du parcours d’apprentissage. Le défi relatif aux importants taux d’abandon qui avaient cours dans les années 2020 a été ainsi résolu.
Dans ce nouveau cadre, le formateur ne se définit pas seulement comme détenteur d’un savoir à transmettre; c’est davantage un facilitateur qui s’efforce de mettre en place et d’impulser un processus d’apprentissage. Le rôle de l’enseignant n’est pas de transmettre un savoir académique, un savoir pré-pensé, mais de proposer des possibles, d’organiser des scénarios d’apprentissage toujours renouvelés.
Pour l’agence universitaire gaspésienne, la recherche, composante constitutive d’une université, repose sur un modèle développé au cours de la dernière décennie. Elle se fonde sur un système de courtage de connaissances. Ce modèle particulier fait appel à des « courtiers mineurs » qui identifient les différents besoins de recherche tant sociaux qu’économiques pour la région. Ils invitent ensuite des chercheurs à postuler pour réaliser une recherche-action régionale avant de vulgariser et transformer ces connaissances en action de développement pour la région.
En Gaspésie, l’université est devenue un milieu ouvert. Elle possède beaucoup plus de fenêtres ouvertes que de portes fermées pour des raisons économiques ou encore de sécurité.
Pour lire la suite du dossier :
DOSSIER RÊVER DE 2040 : PARTIE 1/7 CULTURE
DOSSIER RÊVER DE 2040 : PARTIE 3/7 ENVIRONNEMENT
DOSSIER RÊVER DE 2040 : PARTIE 4/7 SPORT ET LOISIRS
DOSSIER RÊVER DE 2040 : PARTIE 5/7 SOCIÉTÉ