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23 novembre 2020 14 h 36

Œuvres littéraires 2020 ; partie 2

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CARLETON-SUR-MER | Annulations de lancements, tenue d’événements exclusivement virtuels et pandémie de COVID-19 prenant d’assaut l’attention des médias : les auteurs et autrices présentant au public une nouvelle œuvre en 2020 ne l’ont pas eu facile. Force est de constater que ces créateurs n’ont pas, règle générale, eu droit à la visibilité sur laquelle ils auraient pu fort probablement compter dans un autre contexte. GRAFFICI a ainsi choisi de leur offrir une occasion supplémentaire de vous parler de ce qui constitue, pour plusieurs d’entre eux, le fruit de plusieurs années de travail. Voici quelques-unes des nombreuses œuvres parues ou à paraître plus tard cette année et conçues par des Gaspésiens d’origine ou d’adoption

Mon corps, mes droitS!
Espace Gaspésie-Les Îles (jeunesse)

Mauvais secrets, touchers indésirables, surnoms ou gestes inappropriés: il peut s’avérer fort délicat et complexe pour un enseignant ou un parent d’aborder la question de la violence sexuelle avec un enfant. C’est pour répondre à ce besoin précis que l’équipe d’Espace Gaspésie-Les Îles a conçu et tout récemment lancé Mon corps, mes droits!

Le bouquin est autoédité par l’organisme communautaire, qui œuvre notamment en sensibilisation dans les établissements scolaires francophones et anglophones du territoire. Bien qu’il soit destiné aux trois à neuf ans, il se veut aussi un outil pour ceux appelés à devenir leurs alliés.

Espace Gaspésie-Les Îles espère d’ailleurs que l’œuvre rédigée à l’interne encouragera le jeune lecteur à s’affirmer en réponse à une situation qui le rend triste, mêlé ou en colère. « Si ça peut faire la différence dans la vie d’un seul enfant qui décide d’aller chercher de l’aide parce qu’il en entend parler pour la première fois et qu’il voit que ça peut arriver à d’autres enfants, ce serait déjà merveilleux », fait valoir Gabrielle Neveu, animatrice et intervenante pour l’organisme. Dans l’œuvre illustrée par Valérie Desrochers, quatre élèves bénéficient d’une activité spéciale portant sur leurs corps et leurs droits; ils sont ensuite confrontés à diverses situations fort différentes. Alors que Matéo est gêné par le fait que sa sœur tente de lui retirer sa serviette à la sortie du bain, Evelyn est affublée d’un surnom qu’elle n’apprécie pas. Kim, quant à elle, est confrontée à de l’exhibitionnisme dans un lieu public. Enfin, Charlie est agressée sexuellement par son grand-père. Chacun d’eux parviendra à appliquer les trucs appris et démontre au passage que la violence sexuelle peut prendre diverses formes.

Pour savoir comment vous procurer Mon corps, mes droits! ou en télécharger une version numérique gratuite, visitez le site www.espacesansviolence.org/gaspesielesile


Mon corps, mes droits! est destiné aux enfants de trois à neuf ans.
50 pages, autoédité
Photo : Roxanne Langlois

Cours, Ben, cours!
Philippe Garon (livre dont vous êtes le héros/jeunesse)

284 pages, paru aux Éditions Bouton d’or Acadie

Après avoir signé plusieurs œuvres destinées à un public adulte, voilà que Philippe Garon fait son entrée en littérature jeunesse. Cours, Ben, cours!, un livre dont vous êtes le héros, est déjà disponible en librairie.

Jeune, l’auteur résidant à Bonaventure ne lisait aucune œuvre de fiction jusqu’à ce qu’il découvre, vers 11 ou 12 ans, ces livres où les choix du lecteur ont une incidence sur le déroulement des péripéties. Une trentaine d’années plus tard, l’idée de revenir à ses premières lectures fait son chemin.

Boursier du Conseil des arts du Canada pour ce projet, le Gaspésien organise alors des ateliers d’improvisation en milieu scolaire et s’inspire de l’imaginaire des jeunes. Il jette ensuite les bases de Cours, Ben, cours!, l’histoire d’un petit garçon dont la ville est prise d’assaut par un énorme incendie et à qui les lecteurs devront prêter main-forte. De nombreux personnages étranges seront rencontrés au cours de ses aventures, relatées par une corneille albinos. Il n’y a là aucun hasard, puisque le thème de la différence en est un que l’auteur voulait précisément aborder dans cette œuvre où la fantaisie et le merveilleux prennent leurs aises.

Or, en cours de rédaction, celui qui se considère comme un «généraliste des arts littéraires» manque de carburant; il contacte alors son amie Sonia Cotten, rencontrée au Festival de poésie de Caraquet il y a de nombreuses années. Ils termineront ensemble, à quatre mains, d’écrire ce roman interactif dans lequel plusieurs chemins différents mènent à une même fin. «Sur le plan artistique, ça a été très stimulant pour l’imaginaire. D’un point de vue technique, c’est ce que j’ai eu de plus complexe à écrire jusqu’à maintenant», admet l’auteur.


L’auteur Philippe Garon s’était jusqu’ici exclusivement adressé à un public adulte dans ses œuvres.
Photo : Gracieuseté  de Leonard Jordan

 

Journal de Charles Robin: Son emploi du temps jour après jour 1767-1774
Sylvain Rivière (Essai)


292 pages, publié aux Éditions GID

Charles Robin a laissé sa marque dans l’histoire gaspésienne, voire canadienne, en raison du quasi-monopole qu’il a érigé autour du lucratif commerce de la morue séchée et dont il a installé le cœur des opérations à Paspébiac. On l’a souvent dépeint comme un homme d’affaires rusé et cupide qui n’a pas hésité, pour parvenir à ses fins, à exploiter des générations de pêcheurs.

Si le prolifique auteur Sylvain Rivière a notamment exploré cette vision du Jersiais dans La belle embarquée(2018),c’est une autre facette du personnage qu’il offre cette fois au lecteur avec Journal de Charles Robin: Son emploi du temps jour après jour 1767-1774. En fait, avec cette traduction des réels écrits de l’homme d’affaires, il laisse le soin à celui qui deviendra le dirigeant de la Charles Robin and Company de lui-même se raconter. Le lecteur qui entreprendra un voyage dans le temps aux côtés de Charles Robin aura ainsi l’occasion de découvrir l’homme autrement. « Qu’on le veuille ou non, on se rend compte qu’il était un aventurier », lance l’écrivain qui cumule à ce jour 40 ans de métier.

Ce journal, véritable pièce d’ethnologie consignée avec précision, se veut en quelque sorte le témoin d’un segment de l’histoire moins connu, c’est-à-dire la genèse de ce qui sera ensuite surnommé l’Empire Robin. L’œuvre, qui a été traduite de façon épisodique, «au hasard des ans», a été lancée en septembre dernier et est déjà disponible en librairie.


Après avoir longtemps vécu aux Îles-de-la-Madeleine, Sylvain Rivière réside désormais à Maria.
Photo : Gracieuseté de Réal Bergeron

Lire la partie 1 de l’article par Roxanne Langlois

Lire la partie 3 de l’article par Olivier Béland-Côté