Albums lancés au courant de 2020 : partie 2/3
Les artistes du domaine de la chanson, qu’ils soient amateurs ou professionnels, sont parmi ceux qui ont directement subi les contrecoups de la pandémie de COVID-19. Pour plusieurs d’entre eux, l’annulation de spectacles, de festivals et de lancements a significativement réduit leurs possibilités d’aller à la rencontre du public et de partager avec lui le fruit de leurs élans créatifs. GRAFFICI a ainsi tenu à souligner de façon particulière leur travail et vous présente, dans ce dossier, des albums lancés au courant de 2020 ou à paraître au courant des prochaines semaines. Si les styles varient, ils sont tous l’oeuvre de Gaspésiens et Gaspésiennes passionnés qui espèrent de tout coeur pouvoir regagner sous peu les différentes scènes de la région et d’ailleurs.
Deuxième album (nom à venir)
Alex et Caro
N’eut été de la pandémie, Alex et Caro auraient lancé leur second album en janvier. Cet album aurait un nom, un choix qui vient juste avant l’impression, étape à laquelle Carolanne Poirier et Alexandre Henry ne sont pas arrivés.
« Il reste les voix finales à enregistrer. L’enregistrement des instruments et le mixage sont faits depuis le début de septembre. On choisit le nom à la fin de la production », explique Alex, au sujet de l’album de huit chansons.
Le couple a connu un fort succès sur la scène country francophone depuis la sortie de son premier album en 2017, Saisir le temps. Il a remporté le titre du groupe de l’année en 2017 et en 2018 lors du Gala culture country, qui récompense les artistes de tout le Canada. Le groupe enregistre au Studio Melotone. « En Gaspésie, on travaille beaucoup avec Richard Dunn », souligne Alex. De quoi s’inspirent-ils pour composer leurs chansons? « On ne réinvente pas la roue. On choisit les situations
personnelles de la vie. Comme on compose les chansons dans des proportions assez égales de 50-50, on a deux regards, la femme et l’homme. Dans une chanson d’amour, on se répond. On ne choisit pas des thèmes de couple, mais les émotions de la vie, la jalousie, l’éloignement, la richesse du temps. Je pense que c’est la chose qu’on échangerait, sur notre lit de mort, si on pouvait ravoir quelque chose qu’on a perdu, le temps », explique Alex.
Gilles Gagné
Sera disponible, probablement dès mai, dans les commerces de la Gaspésie, sur le site www.alexetcaro.ca et auprès de la maison Select.
« On a trouvé notre son au Studio Melotone », disent Carolanne Poirier et Alexandre Henry à propos des installations de Kemptville. Photo : Dominic Trudeau
A Place Where No One Will Find Us
FLORAA
Assise au piano de l’église de Pabos jusqu’aux petites heures du matin, FLORAA était à la recherche d’un son plus organique, loin de l’électro. Dans ce qu’elle qualifie de safe space, l’artiste s’est permis d’aller dans des zones inconnues, avec sa voix comme avec son art, jumelant même un court métrage à son dernier projet, A Place Where No One Will Find Us, paru le 18 décembre dernier.
« Il y a un aspect très live à cet album-là. La création a été très naturelle et le processus, très différent de ce à quoi je suis habituée », lance d’emblée l’artiste. Enregistrées avec Martin Hogan, les quatre pistes ont été composées au piano dans une église gaspésienne. Jumelant le folk à une petite touche country, l’artiste de Chandler s’offre un son plus doux et chaleureux. « J’ai toujours beaucoup aimé la musique cinématique et je voulais créer quelque chose de mélodique. En même temps, j’ai voulu m’approprier quelque chose de plus organique », explique Flora Gionest-Roussy, autrefois nommée Silver Catalano.
En plus de cet opus, un court métrage complétera le projet artistique qu’est A Place Where No One Will Find Us. « Quand je crée, j’ai toujours des images, des scénarios et des scènes en tête. Ça fait partie de mon processus de création et je voulais le partager », explique-t-elle. Retardé en raison de la pandémie, le court film devrait être présenté l’automne prochain.
« Pour l’instant, j’ai l’impression d’avoir partagé 20 % de qui je suis. L’année 2021 va me permettre de montrer encore plus ce qu’est FLORAA en tant qu’artiste », conclut-elle.
Simon Carmichael
Disponible via la plateforme Bandcamp.
Pochette du EP A Place Where No One Will Find Us. Photo : Kevin Champagne-Lessard et Flora Gionest-Roussy
Hécatombe
Bilbo Cyr
Bilbo Cyr écrit depuis 2002, alors qu’il avait présenté un texte à Cégeps en spectacle à Gaspé, où il étudiait. Il s’est attelé à l’écriture avec plus d’intensité peu après, en prenant la parole sur diverses tribunes généralement liées à l’environnement. Son slam s’est affûté en rédigeant mémoires et réquisitoires écologiques.
Hécatombe, son album de neuf pièces sorti en août, vient majoritairement d’autres facettes de ses réflexions. « J’ai longtemps écrit à partir de mon indignation. J’ai décidé de m’orienter autrement. […] J’avais personnellement à traiter les départs de personnes importantes et ça résonne chez d’autres, cette idée de départ. Ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise en exprimant ce genre de propos. En exprimant les miens, je pense que des gens seront moins isolés », précise Bilbo Cyr.
L’auteur cherchait un thème directeur pour un disque, mais pas nécessairement un thème exclusif. Le sujet de la mort ne s’est pas imposé d’emblée. « J’ai consulté ce que j’avais écrit et j’ai vu que j’avais assez de textes sur ce thème pour en faire un album, même si je déborde un peu, avec ma chanson sur le traversier F.A.-Gauthier, [FAGOT] », dit-il.
Hécatombe a été enregistré au Studio Tracadièche de Carleton-sur-Mer, avec le musicien Richard Dunn, de qui Bilbo Cyr dit le plus grand bien. « C’est un vrai professionnel. Si ça marmonne sur un album, ce n’est pas de sa faute; ce qu’il fait est impeccable! », insiste-t-il.
Gilles Gagné
Disponible auprès de l’auteur, à l’adresse gaspesiedebout@gmail.com et dans les points de vente suivants : Librairie Liber (New Richmond), Atelier-Boutique Zunik (Bonaventure) et Librairie Alpha (Gaspé).
Avec Hécatombe, Bilbo Cyr explore surtout le thème des départs définitifs, mais il a aussi inclus des pièces légères, comme la chanson FAGOT, portant sur les déboires du traversier F.A.-Gauthier. Photo : Offerte par Bilbo Cyr.
Les filles montagnes
Viviane Audet
Lors de l’été 2019, la chanteuse, musicienne et actrice Viviane Audet reçoit un appel de Judith Plamondon, réalisatrice du documentaire Polytechnique : ce qu’il reste du 6 décembre afin que la Gaspésienne de Maria compose la musique de ce film portant sur le drame de 1989.
« Ayant déjà un engagement, je voyais que je n’aurais pas le temps de le faire à l’automne; il fallait que je le fasse maintenant, à l’été. Je me suis basée sur le verbatim d’entrevues avec 15 intervenants. J’ai lu ça comme on lit un livre et j’ai été portée par cette émotion. J’ai passé deux semaines dans mon studio. Puis, je suis allée jouer cette musique sur un piano à queue que j’adore, à Montréal. Ç’a donné 40 minutes de musique, et le documentaire est sorti bien à temps pour décembre 2019, 30 ans après le drame de Polytechnique », raconte Viviane Audet.
Va pour la mèche ayant allumé le projet Les filles montagnes. Il y a plus. « J’ai eu notre bébé [son compagnon de vie est le comédien acadien Robin-Joël Cool] en mars 2020. Lors de l’été, un an après l’appel de Judith Plamondon, j’ai décidé de prendre les musiques et de donner une autre vie au projet initial, de ne pas juste prendre les paroles du documentaire, mais de rendre hommage aux filles. Je n’ai pas changé la musique. Le documentaire durait 27 minutes. Il restait 13 minutes de matériel. J’en ai pris pour l’album, de l’exclusif. L’album dure 22 minutes. Il fallait ajouter des titres, une trame narrative », souligne Viviane Audet.
Gilles Gagné
Disponible via Bandcamp ainsi que dans les magasins Archambault et Renaud-Bray.
L’album de Viviane Audet, son septième en comptant les musiques de film, compte 11 pièces de longueurs diverses, totalisant 22 minutes. Photo: Studio La Luz Portraits
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