QUELLES SOLUTIONS POUR CONTRER LA PÉNURIE? (texte 4/4)
GRAFFICI a questionné plusieurs intervenants quant aux solutions qui pourraient concrètement faire une différence pour contrer la pénurie actuellement constatée. Si la plupart des acteurs s’entendent pour dire qu’il faudra, pour s’en sortir, compter sur une pléiade de mesures plutôt que sur une seule solution miracle, ils ont accepté de partager quelques pistes.
4. DES BUDGETS BONIFIÉS POUR DES INITIATIVES INNOVANTES
Le centre d’aide et d’hébergement l’Accalmie de Pointe-àla- Croix a déposé à la Société d’habitation du Québec (SHQ), via son programme AccèsLogis, un projet novateur visant à convertir l’école de Saint-Alexis-de-Matapédia, inoccupée depuis 2014. Selon les plans, l’ancien établissement scolaire pourrait accueillir 12 chambres supervisées munies d’une cuisinette, en plus de 4 logements destinés à des personnes âgées autonomes. Une salle commune permettra aux résidents qui le désirent de socialiser.
Après plusieurs années d’attente, les unités nécessaires à la concrétisation de l’ambitieuse initiative ont été débloquées en mai dernier par le gouvernement provincial. Les détails, notamment le budget ainsi que l’échéancier de Québec, n’étaient pas connus au moment d’écrire ces mots. La directrice de l’Accalmie, Dominique Bouchard, a néanmoins accueilli la nouvelle avec beaucoup d’enthousiasme.
Pour elle, la solution à la pénurie de logements passe entre autres par un soutien plus grand à des projets audacieux, surtout dans une région comme la Gaspésie. « On peut récupérer des bâtiments et faire autre chose avec. Il y a des choses innovantes qui pourraient être faites, il faut sortir des sentiers battus », lance celle qui gère l’Accalmie depuis 19 ans.
Le centre Émilie-Gamelin de Chandler, qui vient en aide à des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale, possède d’ailleurs lui aussi un projet hors du commun dans ses cartons : la construction de six maisonnettes dédiées à des personnes souffrant de schizophrénie ou d’une autre maladie mentale sévère et qui peinent à vivre avec d’autres personnes. Les unités qui permettront d’aller de l’avant avec cette initiative ont aussi été approuvées par le gouvernement Legault, en mai dernier.
L’école de Saint-Alexis-de-Matapédia sera complètement convertie pour loger des personnes vivant des difficultés ainsi que des personnes agées. Photo : Offerte par la maison d’aide et d’hébergement l’Accalmie
5. RECONVERTIR DE GRANDES PROPRIÉTÉS
Force est d’admettre que les grandes maisons, qui accueillaient à une certaine époque des familles qui l’étaient tout autant, logent désormais moins d’occupants. « S’il existait des subventions ou des incitatifs financiers pour l’achat ou la conversion de ces grosses maisons-là en appartements, je pense que ce serait une belle option qui pourrait être intéressante », propose Stéphanie Roy, agente Place aux jeunes en région dans la MRC du Rocher-Percé.
Une sensibilisation de la population sera aussi nécessaire, croit Ambroise Henry, afin notamment d’effectuer des jumelages entre chercheurs de logements et propriétaires d’immenses propriétés en mesure d’accueillir davantage de gens. « Ça pourrait beaucoup nous aider dans les difficultés que l’on a. Je rêve du jour où nos personnes âgées pourraient rester chez elles quelques années de plus, grâce à un pairage avec des personnes qui sont capables de donner un coup de main au niveau de l’entretien », confie-t-il.
Plusieurs intervenants rencontrés par GRAFFICI proposent également de développer l’offre en logements dédiée aux étudiants disposant de budgets plus serrés, qui ne peuvent pas, dans la majorité des cas, se payer le luxe des logements neufs, voire récents.
6. DES CAMPAGNES DE RECRUTEMENT TRÈS CIBLÉES
La Stratégie Vivre en Gaspésie (SVEG) a l’habitude des campagnes de promotion à grand déploiement visant à convaincre les citadins d’opter pour la péninsule. Par exemple, une campagne d’environ 125 000 $ intitulée La Gaspésie a changé. Toi? a été propulsée à la télévision et sur le Web en 2019. Les trois publicités produites visaient notamment à faire taire les perceptions négatives reliées à la région.
Le directeur de la SVEG, Danik O’Connor, explique que la pénurie de logements a néanmoins forcé l’organisation à mettre sur pause ses campagnes majeures d’attraction, afin d’éviter d’accentuer le problème actuel que constitue la pénurie de logements. L’instance, qui souhaite prendre part à la solution, en est ainsi à évaluer la possibilité de lancer une initiative de promotion vivant expressément à attirer des constructeurs et des investisseurs en région.
« Ce que l’on veut, dans le fond, c’est utiliser notre expertise en marketing pour aider. On est conscients de la situation et on veut mettre nos forces à profit pour contribuer de notre côté, dans la mesure du possible », explique le gestionnaire. « Si on jumelle ça à d’autres solutions qui sont apportées, ça peut porter ses fruits », croit M. O’Connor. Cette campagne pourrait d’ailleurs voir le jour dès l’automne prochain.
Le directeur de la Stratégie Vivre en Gaspésie, Danik O’Connor. Photo : Offerte par la Stratégie Vivre en Gaspésie
Lire PÉNURIE DE LOGEMENTS : UNE ROCHE DANS LE SOULIER DE LA G ASPÉSIE (texte 1\4)
Lire PÉNURIE DE LOGEMENTS : UNE ROCHE DANS LE SOULIER DE LA G ASPÉSIE (texte 2/4)