Dossier rêver de 2040 : partie 1/7 Culture
C’est le temps des vacances et en cette période estivale, GRAFFICI s’est permis de rêver en imaginant ce que pourrait être la Gaspésie de 2040. Des collaborateurs de tous les horizons partagent leur point de vue sur une foule d’enjeux qui, espérons-le, pourraient se concrétiser dans les prochaines années. Bonne lecture et bon été!
QUE L’HISTOIRE DE PERCÉ INSPIRE SON AVENIR
Patrice Dansereau et Nathalie Clément, mari et femme, ont séjourné à Percé plusieurs fois chaque année pendant 40 ans avant de s’y installer à temps complet depuis l’ouverture en 2021 de leur librairie-papeterie-café, Nath & Compagnie. Un texte écrit à quatre mains.
Photo : Jean-Philippe Thibault
Nous nous souhaitons que les décisions et les actions qui auront été prises dans le passé profiteront à conserver l’authenticité et la vitalité culturelle qui existe aujourd’hui à Percé. Également, que la riche tradition culturelle qui s’est étiolée au fil du temps, pour laisser place au consumérisme, fasse renaître ce haut lieu de beauté, d’inspiration et d’oxygène culturel.
Y aura-t-il moins de touristes en raison de la conscientisation de l’impact écologique de nos déplacements? Probablement.
Alors, souhaitons que le petit village grandisse véritablement en évitant la tentation de devenir un produit au décor « walt-disneyen » destiné aux gens de passage: plein l’été et vide l’hiver.
Y aura-t-il plus de résidents permanents, en raison de l’exode citadine? Probablement. Alors que renaissent des écoles, des garderies, des lieux de travail stimulants, des maisons, des logements et des commerces de proximité intégrés aux besoins de la communauté.
Il y a déjà plein de choses en marche : création d’une école de permaculture, projet de recyclage de bâtiments historiques vétustes en centre de congrès (le Pratto et l’église), existence d’un festival de cinéma, d’une salle de spectacles, d’organismes communautaires dynamiques, voués à la santé, à l’éducation et aux arts visuels.
Il y a abondance de citoyens écrivains, vidéastes, artisans, architectes, peintres, sculpteurs, tourneurs de bois, bijoutiers, artistes en arts visuels, photographes, musiciens, historiens, muséologues et designers de toutes sortes.
Cette culture se poursuit à travers les arts gourmands : chefs cuisiniers, boulangers, cultivateurs, brasseurs, distillateurs, apiculteurs, artisans-fumeurs et on en passe!
Ici, la culture se poursuit dans la nature : aménagement et protection du territoire et des espèces.
En l’an 2040, nous serons des êtres encore plus dépendants de l’intelligence artificielle. Nous vivrons plus longtemps, serons plus en forme et mangerons mieux. Le travail comme nous le connaissons actuellement est déjà en mutation et cela s’accentuera davantage. Nous habiterons des maisons conçues par des architectes en vogue et construites en une journée par des imprimantes 3D. Il y aura moins de voitures.
Nous limiterons nos déplacements, because les changements climatiques. En guise de voyage, nous vivrons de plus en plus d’expériences sensorielles/artificielles qui nous projetterons ailleurs dans le monde. Nos quartiers et nos régions deviendront nos terres nourricières, nos univers. Nos communautés seront plus ouvertes à l’autre et nous partagerons davantage le bien commun. Nous aurons basculé de la culture du « je » à la culture du « nous ».
Nous nous souhaitons une meilleure cohabitation des cultures francophone, anglophone et amérindienne en Gaspésie.
Le passé est garant de l’avenir. En 1888, le peintre américain Frederick James a fait construire une villa qui n’a cessé d’accueillir des artistes en résidence. En 1944, le poète français, André Breton, s’est arrêté à Percé et son recueil Arcane 17 témoigne encore de l’inspiration du lieu. Nombre d’écrivains, peintres et artistes en tout genre se sont succédé à Percé depuis ces dates. Cette histoire devrait inspirer l’avenir.
Dès maintenant, nous sommes habités par la conscience du passé, du présent et du futur et c’est ce qui nous permet de poser de petits gestes en étant conscients des leçons du passé. Il importe de vivre aujourd’hui avec la conscience du passé-présent, pour aller vers demain.
Nous sentons que la communauté de Percé s’investit dans sa destinée et n’aura pas à regretter les gestes d’hier. Cette chanson des Beatles résonne en nous :
Yesterday came suddenly
I believe in yesterday
Hier, c’est aujourd’hui et aujourd’hui c’est demain.
LA CULTURE SURPREND, ÉMEUT, ÉBLOUIT… LA CULTURE NOURRIT!
Céline Breton, de Bonaventure, originaire de Pointe-à-la-Croix, directrice générale du Conseil de la culture de la Gaspésie.
Photo : Fournie par Céline Breton
Les enfants arrivent à l’école et ils sont heureux de prendre part à leur nouveau projet de groupe : « la sculpture défiant le temps ». Non, nous ne sommes pas dans un film de science-fiction, nous sommes en 2040. L’école a bien changé, la créativité est une compétence recherchée et tous les efforts sont consentis pour permettre aux jeunes d’explorer afin de développer des humains collaboratifs et créatifs, qui seront capables de s’adapter à leur environnement et de relever les défis de demain.
Le théâtre, l’histoire, la musique, les sciences, la littérature, les mathématiques, la danse, l’alimentation, le slam, l’éducation physique, la culture biologique, la peinture et le cinéma font partie intégrante du cursus scolaire. Le tout est intégré à des projets collaboratifs où les jeunes doivent trouver ensemble des solutions. Le numérique est utilisé au service du savoir.
En 2028, lors de la grande réforme scolaire, un tournant marquant a été réalisé, redonnant aux arts et à la culture une place de choix dans les écoles. Les arts n’auraient dorénavant plus besoin d’être économiquement rentables, car ils sont la base d’une santé globale équilibrée. Ils font du bien à l’essence même de l’humain; ils répondent à ce besoin de réfléchir sur son humanité, à la questionner et à la faire évoluer.
Il aura fallu une pandémie pour comprendre que l’humain avait besoin de contacts humains, besoin de se rassembler pour mieux se regarder, mieux s’aider à progresser. Un déclic ou le bruit d’une fureur… plus rien ne pourrait plus jamais être comme avant.
Les années qui suivirent auront fait ressurgir une explosion de problématiques en santé mentale dévoilant toute la fragilité de l’humain et ses limites. On ne pouvait plus poursuivre vers cette course effrénée à la consommation. Si l’argent ne fait pas le bonheur, l’achat est un plaisir éphémère, une drogue qui engourdit, une dépendance aliénante du syndrome du voisin gonflable, mais qui ne nourrit pas le vide intérieur, ce grand trou noir qui finit par nous avaler. Un virage était nécessaire, un virage ayant pour base la santé globale de l’humain.
La Gaspésie, forte de ses créateurs et de ses travailleurs culturels, est rapidement devenue à l’avant-garde de ce nouveau virage. Nous étions habitués à faire face aux intempéries, à ajuster nos voiles pour nous ramener à bon port et à survivre au sous-financement en culture.
Inspirés des « porte-courage » de Jako, ce céramiste qui visite les écoles et qui donne des ailes aux enfants manquant de confiance, nous avons pris la vague pour construire l’avenir que nous voulions pour nos enfants, un territoire fort de toutes ses richesses vives où l’humain est au centre du bien-être collectif. Notre identité, imprégnée de nos paysages façonnés par la mer et faisant chanter nos parlures, est notre plus grande richesse. La culture est ici!
Pour lire la suite du dossier :
DOSSIER RÊVER DE 2040 : PARTIE 2/7 ÉDUCATION
DOSSIER RÊVER DE 2040 : PARTIE 3/7 ENVIRONNEMENT
DOSSIER RÊVER DE 2040 : PARTIE 4/7 SPORT ET LOISIRS
DOSSIER RÊVER DE 2040 : PARTIE 5/7 SOCIÉTÉ