FESTIVALS EN GASPÉSIE : LES LEÇONS DE LA PANDÉMIE – partie 3/8
Certains ont été forcés d’hiverner pendant les deux dernières années. D’autres ont dû modifier en profondeur leur façon de fonctionner pour offrir une version de leur événement remaniée. Sont alors nées des propositions qui parfois sont restées. L’onde de choc a permis tantôt de se recentrer, tantôt de voir émerger de nouvelles idées. Dans l’ensemble, la tempête est chose du passé et tous anticipent un avenir plus ensoleillé. GRAFFICI est allé à la rencontre des festivals de la Gaspésie pour savoir comment la pandémie les avaient touchés.
Le meilleur des deux mondes pour le Festival Musique du Bout du Monde
GASPÉ | D’emblée, Steve Pontbriand, le directeur général du 18e Festival Musique du Bout du Monde (FMBM) accueille avec bonheur et soulagement l’événement de cet été puisqu’il n’y aura plus aucune limite de festivaliers en lien avec les mesures sanitaires, qui ont pratiquement toutes disparu. L’impact avait été considérable sur l’achalandage. « En 2021, nous avons enregistré 7000 entrées alors qu’habituellement nous en comptons 15 000 », affirme l’organisateur. Or, il constate que les gens se sont énormément ennuyés de pouvoir pleinement vivre le FMBM. « Déjà les 500 premiers billets du concert du virtuose malien, Vieux Farka Touré, au lever du soleil au Cap-Bon-Ami, ont tous été vendus. Nous en avons donc ajouté 200 et je suis persuadé que le spectacle affichera complet », illustre-t-il, comblé.
Au cours des deux dernières années, le comité organisateur a dû faire preuve de créativité. Les spectacles au sommet du mont Béchervaise en demeurent un bon exemple. « Cette idée a concédé des rencontres spectaculaires devant un des paysages les plus majestueux de la pointe gaspésienne, tout en marquant les esprits des artistes et des festivaliers », évoque Steve Pontbriand. Par conséquent, le Centre de ski du Mont Béchervaise brillera à nouveau en 2022 avec davantage de ressources à la suite de subventions reçues pour y assurer une scène permanente.
La station de ski du Mont-Béchervaise brillera à nouveau en 2022 pour y assurer une scène permanente. Photo : Offerte par le FMBM
De plus, concernant le grand chapiteau érigé sur le site de l’Arche de l’éveil collectif à deux pas de la marina de Gaspé – une autre idée gracieuseté de la COVID-19 – il s’enflammera de nouveau, comme en 2021, en accueillant deux spectacles par soirée pendant trois jours.
Or, Steve Pontbriand résume ainsi la 18e édition du festival qui se déroulera du 11 au 14 août prochains : « nous avons gardé le meilleur de ce qu’on offrait avant la pandémie puis aussi le meilleur de ce que nous avons expérimenté en 2021. » Le FMBM se déploiera sur une quinzaine de plateaux, dont celui de la rue de la Reine qui avait disparu lors des deux dernières années. Rappelons que le mandat du festival demeure d’allier les cultures musicales du monde avec la nature majestueuse du territoire gaspésien.
Environ 250 bénévoles et près de 50 travailleurs culturels sont sollicités chaque année. Le budget total de l’évènement tourne autour de 1,1 million de dollars, dont plus de 50 % sont assurés par les gouvernements fédéral et provincial. « Il y a eu de nombreuses mesures financières gouvernementales pour compenser les pertes de profit dues à un achalandage réduit en 2020 et 2021 », mentionne, reconnaissant, le responsable.
Environ 250 bénévoles et près de 50 travailleurs culturels sont sollicités chaque année. Photo : Jacques Gratton Photographe
2020 : une éclipse maîtrisée au-dessus du FMBM
Durant l’été 2020 toutefois, c’était une autre histoire, expose Steve Pontbriand. La tenue de l’évènement était devenue un véritable casse-tête puisque le Québec apprenait à peine à vivre avec les soubresauts du virus.
« Nous avons réussi à rendre la rue de la Reine piétonne pendant cinq fins de semaine pour animer les terrasses du bout du monde dans lesquelles il y avait des DJ [discjockeys] qui égayaient Gaspé. C’était interdit d’annoncer des événements à l’avance; alors, notre programmation a été très spontanée », explique Steve Pontbriand, tout de même heureux d’avoir éteint partiellement la morosité de la pandémie auprès des touristes et des Gaspésiens.
L’organisateur mentionne avoir été constamment sur le qui-vive cette année-là en raison de l’imprévisibilité des mesures sanitaires qui évoluaient rapidement. Le comité du festival a, malgré tout, monté un spectacle limité à 50 personnes au Berceau du Canada. « Nous étions forcés de refuser des
gens qui désiraient avoir accès au site. C’était définitivement contre-instinctif d’agir ainsi », se désole-t-il, affligé de voir la déception des gens qui désiraient oublier le confinement strict éprouvé pendant les mois précédents.
Heureusement, le 1er août 2020, le gouvernement a permis des rassemblements de 250 personnes, insufflant un semblant de court festival au FMBM. Par conséquent, le comité organisateur a monté une scène nommée la Clairière à deux kilomètres de la marina seulement, accessible à la marche via la piste cyclable. Le succès a été au rendez-vous avec un concert spécial de Clay and Friends, si bien que le festival a renouvelé l’expérience en 2021.
L’aube arrive toujours après une longue nuit sombre
Malgré l’épée de Damoclès au-dessus de leur tête, les responsables de l’événement n’ont jamais craint pour sa survie. « Nous avons toujours conservé notre optimisme quant à un retour à la normale, que le futur était plus rose que notre quotidien guidé par un virus », illustre Steve Pontbriand.
Si jamais la réalité demeurait semblable à celle de 2020, le festival garde en poche de belles solutions pour promouvoir la culture gaspésienne et la beauté du territoire. Steve Pontbriand mentionne notamment la mise sur pied d’installations sonores au phare de Pointe-à-la-Renommée ou une autre à Fort- Péninsule à Forillon où on y retrouve d’anciens bunkers de la Seconde Guerre mondiale. « Étrangement, sans toutefois affirmer être heureux de l’effet de la COVID-19 dans nos vies, c’est souvent avec des contraintes qui nous forcent à être créatifs qu’on réussit à avancer et à créer. Grâce à elles, on peut imaginer de nouvelles avenues à explorer », conclut Steve Pontbriand.
Pour lire la suite du dossier festivals :
Partie 1/8 Les Percéides
Partie 2/8 Le festival en chanson de Petite-Vallée
Partie 4/8 BleuBleu
Partie 5/8 Foire agricole et festival de musique de Shigawake
Partie 6/8 La fête du bois flotté
Partie 7/8 Le Festival country de Grande-Vallée
Partie 8/8 Le festi-plage