FESTIVALS EN GASPÉSIE : LES LEÇONS DE LA PANDÉMIE – partie 1/8
Certains ont été forcés d’hiverner pendant les deux dernières années. D’autres ont dû modifier en profondeur leur façon de fonctionner pour offrir une version de leur événement remaniée. Sont alors nées des propositions qui parfois sont restées. L’onde de choc a permis tantôt de se recentrer, tantôt de voir émerger de nouvelles idées. Dans l’ensemble, la tempête est chose du passé et tous anticipent un avenir plus ensoleillé. GRAFFICI est allé à la rencontre des festivals de la Gaspésie pour savoir comment la pandémie les avaient touchés.
Les Percéides en mode action pour l’amour du septième art
PERCÉ | Le Festival international de cinéma et d’art de Percé a été grandement bouleversé pendant les deux dernières années en raison des mesures sanitaires, se voyant même dans l’obligation en 2020 de fermer sa seule salle de cinéma située dans l’ancienne grange Charles- Robin, où les projections ont lieu. Ainsi, une formule intime et restreinte a été proposée au public au ciné-parc Paradiso à Grande-Rivière, à une vingtaine de minutes de Percé. Environ 2500 visiteurs ont visionné des films dans le confort de leur voiture. Habituellement, le festival accueille 5000 personnes.
Ce revirement de situation a donc suscité un grand questionnement jamais éprouvé au sein du comité organisateur. « Nous étions très inquiets de voir une programmation, sur laquelle on travaillait depuis un an, être complètement chamboulée et surtout de devoir faire des choix déchirants sur les films qu’on conserverait ou non », se remémore François Cormier, le directeur général et artistique.
Néanmoins, la 13e édition de l’événement en 2021, bouclée par un budget de 350 000 $, a vécu un succès retentissant avec ses 80 films issus de 15 pays différents bien qu’elle proposait une formule différente. En effet, pour la première fois, le Festival se déclinait en deux volets, soit quelques jours en août ainsi que du 21 au 26 septembre.
Ainsi, l’assistance était bien plus locale que touristique. François Cormier remarque qu’étant donné la tenue habituelle de l’événement en août, le public est composé principalement de touristes internationaux. « Une étude d’achalandage que nous avions réalisée il y a deux ans montrait que 65 % du public était composé de visiteurs tandis que 35 % étaient des locaux et régionaux », explique-t-il. Or, ce rayonnement régional a été très bénéfique pour le festival afin de le faire connaitre auprès des Gaspésiens.
En 2022, il se déroulera du 16 au 21 août à pleine capacité, c’est-à-dire en pouvant recevoir jusqu’à 110 cinéphiles par film dans la salle de cinéma alors que l’édition précédente était limitée à 65 personnes, soit une assistance réduite de 40 %. « Nous allons pouvoir tenir toutes nos activités ainsi que nos rencontres en présentiel avec les artisans du septième art, chose qui nous avait terriblement manqué », se réjouit François Cormier. « Ce qui nous comble surtout de bonheur est le retour des cinéastes internationaux qui pourront se déplacer pour présenter leurs oeuvres », renchérit-il.
De plus, le festival récidive avec des projections à l’extérieur sur la façade du Géoparc de Percé à la suite du succès obtenu lors de la précédente édition. Une belle solution du cinéma en plein air qui a porté ses fruits, selon les dires de François Cormier. « On n’y avait jamais pensé. La projection de film dehors reste toujours magique », illustre-t-il. Or, les étoiles sont actuellement alignées pour que les Percéides puissent vivre un merveilleux événement afin de mettre en lumière le jeune cinéma d’auteur grâce au travail de 40 personnes, incluant les bénévoles.
« Notre mandat demeure le partage auprès du public de films réalisés de manière indépendante et personnelle. On priorise les cinéastes qui en sont à leurs premières oeuvres autant du côté des courts que des longs métrages », rappelle François Cormier. Il arrive parfois aussi au Festival de présenter des films de cinéastes confirmés d’outre-mer qui ont déjà gagné des prix de grands festivals tels que Cannes ou Venise, nuance-t-il.
Transformer Percé en nouveau lieu culturel de cinéma
Les deux dernières années pandémiques ont légèrement freiné l’éducation cinématographique en Gaspésie, déplore le responsable de l’événement. « Le cinéma d’auteur reste très peu présenté et accessible auprès des Gaspésiens », se désole-t-il. En effet, François Cormier caresse le rêve de rendre accessibles dans la région davantage de productions typiquement gaspésiennes.
Par ailleurs, grâce à son amour pour le septième art, l’organisation ouvrira une seconde salle de cinéma « d’arts et d’essais » à Percé qui projettera des films du 25 juin jusqu’au 15 octobre dans l’ancienne grange Charles-Robin. « Ainsi, on pourra diffuser des films au quotidien, ce qui nous permettra de créer une habitude de revenir en salle auprès des locaux et des visiteurs. Nous désirons ni plus ni moins que Percé devienne un nouveau lieu culturel de cinéma », s’exclame François Cormier. Selon lui, il s’agit d’une façon de se venger de la pandémie qui a trop longtemps étouffé le besoin viscéral des cinéphiles de se retrouver dans les cinémas et non devant des petits écrans chez eux. « Les films doivent être vécus en salle », lance-t-il.
En raison des nombreux projets sur lesquels le Festival travaille, il n’a jamais été question de voir Les Percéides s’éteindre définitivement. En effet, le comité organisateur offre entre autres des résidences à des cinéastes et même des formations telles que celle en cinéma documentaire avec le réalisateur Hugo Latulippe du 15 au 22 août. « Au final, nous nous sommes simplement ancrés encore plus dans la communauté. Puisque le Festival demeurait trop vulnérable aux aléas de la pandémie, nous devions trouver des alternatives pour assurer sa permanence », conclut fièrement François Cormier.
Le directeur général et artistique des Percéides, François Cormier. Photo : Gilles Gagné
Pour lire la suite du dossier festivals :
Partie 2/8 Le festival en chanson de Petite-Vallée
Partie 3/8 Festival de musique du bout-de-monde
Partie 4/8 BleuBleu
Partie 5/8 Foire agricole et festival de musique de Shigawake
Partie 6/8 La fête du bois flotté
Partie 7/8 Le Festival country de Grande-Vallée
Partie 8/8 Le festi-plage